Que ce soit au bureau ou dans les champs, chaque jour, les femmes du monde entier se lèvent pour aller travailler. Leur point commun ? Beaucoup d’entre elles sont exposées à des formes de violences sexuelles sur leur lieu de travail. Dans 5 exemples de pays parmi tant d’autres, des mouvements de femmes, des associations et des syndicats se mobilisent pour lutter contre ces abus.

CARE France est une association de solidarité internationale.
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Japon – Coupables d’être enceintes

Au Japon, une femme sur cinq est victime de matahara, c’est-à-dire de « harcèlement lié à la maternité ». Parce qu’elles sont enceintes, ces salariées sont accusées par leurs employeurs de causer du tort à leur entreprise. Les conséquences sont dramatiques : 20% des femmes se font licencier au cours de leur grossesse et celles qui préservent leur emploi peuvent subir un harcèlement quotidien et des cadences de travail si intenses que cela donne parfois lieu à des fausses couches. Certaines entreprises vont même jusqu’à imposer des « calendriers des grossesses » ou même interdisent à leurs salariées de tomber enceinte avant 35 ans. Pour lutter contre le matahara, la Confédération japonaise des syndicats appelle l’État japonais à adopter une loi pour lutter contre le harcèlement sexuel au travail. 

Kenya – Des fleurs au parfum d’abus

Au Kenya, dans les usines de l’industrie de la fleur, le harcèlement sexuel est endémique. 90% des ouvrières affirment que ces abus sont le problème majeur sur leur lieu de travail. Le plus souvent, ce sont leurs superviseurs qui leur imposent des actes sexuels en échange d’un renouvellement de contrat ou d’une promotion. Si elles refusent, beaucoup sont forcées à quitter leur travail. Mais les choses commencent à changer : les initiatives des ONG et syndicats se multiplient. Dans certaines usines, des comités se créent pour lutter contre ces abus. Par ailleurs, des certifications sont attribuées aux entreprises qui ont mis en place des mesures de prévention et de sanction du harcèlement sexuel afin d’inciter les autres à s’engager également.

Équateur – Abus et violences à l’abri des regards

En Amérique latine, les travailleuses domestiques, parce qu’elles travaillent dans des lieux privés, au domicile de leur employeur, sont particulièrement vulnérables aux violences sexuelles. Face à ces abus, la société civile équatorienne se mobilise. CARE apporte son soutien aux organisations de travailleuses domestiques pour sensibiliser les femmes à leurs droits et interpeller les pouvoirs publics. Grâce à ces mobilisations, une première étape a été franchie : l’Équateur a ratifié en 2013 la convention internationale pour garantir un travail décent aux travailleurs et travailleuses domestiques. 

France – La double peine de la précarité et de la vulnérabilité

En France, une femme sur cinq déclare avoir été victime de harcèlement sexuel au travail. Si les abus concernent l’ensemble des secteurs d’activité, les femmes travaillant dans les secteurs précaires comme l’hôtellerie, la restauration ou l’entretien y sont davantage confrontées. 95% des cas de harcèlement sexuel ne sont jamais portés devant la justice. La loi actuelle ne suffit pas pour atteindre l’égalité réelle et s’assurer que l’ensemble du monde du travail soit mobilisé pour lutter contre ces abus. Plusieurs associations militent pour un changement des mentalités et une meilleure condamnation des cas de violences et de harcèlement mais aussi pour l’adoption d’une convention internationale à l’OIT pour lutter plus précisément et à une échelle globale contre ces violences. 

Cambodge – Derrière les vêtements, le harcèlement

Au Cambodge, dans le secteur de l’industrie textile, près d’une femme sur trois a subi du harcèlement sexuel sur son lieu de travail. Ces entreprises emploient 600 000 personnes à travers le pays, dont 85% de femmes, souvent issues de zones rurales défavorisées. Pour garantir l’accès à un travail digne pour toutes et tous, CARE travaille avec les entreprises textiles pour mettre en œuvre des politiques de lutte contre le harcèlement sexuel. Avec les organisations de la société civile, nous menons également des campagnes de sensibilisation sur le harcèlement et formons les femmes au respect de leurs droits.

Mobilisez-vous !

Les abus sexuels au travail n’ont pas de frontières. Ils sont présents dans tous les pays et tous les secteurs d’activité. Il faut que ces violences cessent. 

CARE mène un travail de plaidoyer auprès des gouvernements et des entreprises pour qu’ils votent massivement en faveur de la toute première convention mondiale contre la violence et le harcèlement au travail. Pour que la violence ne soit plus dans aucune fiche de poste, mobilisons-nous ! 

Au boulot #ViolenceZero !