Dans la région du Maharashtra en Inde, où l’économie repose principalement sur la culture du coton, le changement climatique affecte déjà les petits producteurs et productrices. C’est pourquoi CARE les accompagne vers des pratiques plus durables, basées sur l’agroécologie et encourage le changement. Pradip Kumar Mohapatra, chef du projet, nous en explique les enjeux.
À quelles problématiques sont confrontés les producteurs et productrices de coton en Inde ?
La région du Maharashtra se heurte aux conséquences changement climatique et de la dégradation environnementale : raréfaction de l’eau, perte de fertilité des sols, etc. En cause notamment : le coton produit, qui est le fruit de semences génétiquement modifiées, et requiert l’utilisation de pesticides, très couteux et polluants. Ce type de culture nécessite également d’importantes quantités d’eau, dans une région où les périodes de sécheresses se multiplient.
La dégradation de la qualité des sols et la pollution ont ainsi entrainé une baisse de la productivité et une perte de revenus pour les familles productrices, ainsi que la multiplication des maladies respiratoires parmi les agriculteurs.
Quelles sont les actions de CARE pour les soutenir ?
Dans le cadre de l'un de ses projets, CARE les accompagne vers un mode d’agriculture biologique. Nous intervenons sur toutes les phases de la production, du labour à la récolte. L’objectif est que les producteurs et productrices participant au projet jouent ensuite un rôle de modèle pour les autres agriculteurs de la région !
Nous soutenons également la prise de décision communautaire pour que les habitants puissent s’entraider et trouver des solutions adaptées face au changement climatique.
Comment le projet a-t-il été accueilli par les populations ?
Les producteurs et productrices que nous avons rencontrés étaient très enthousiastes. Ils se sont rendu compte que leur mode de production n’était pas durable, mais ils ne disposaient pas des ressources pour impulser un changement. Ils ont été très intéressés par la préparation de pesticides non chimiques à base de compost.
Il y a 15 ans, ils cultivaient le coton de façon naturelle. Mais la pluie se raréfiant, ils ont commencé à dépenser beaucoup d'argent en intrants chimiques. Alors maintenant, ils reviennent à leurs méthodes traditionnelles !
Quels sont les autres enjeux du projet ?
Les producteurs et productrices de la région connaissent de nombreuses discriminations. La plupart sont des descendants de migrants venus d’autres régions. Très peu ont pu recevoir les titres de propriété sur leurs terres, alors qu’ils les cultivent parfois depuis plus de 40 ans ! Ils ne sont donc pas éligibles aux aides du gouvernement, n’ont pas d’épargne et ne peuvent bénéficier de prêts bancaires. Cela les rend particulièrement vulnérables en cas de variations climatiques affectant les récoltes. Nous militons auprès des autorités pour que les pratiques changent.
Le travail des enfants est également problématique. Les familles qui vivent en situation de pauvreté les mobilisent pour réaliser les travaux agricoles dans les champs de coton, notamment pendant la saison de la récolte. Beaucoup d’entre eux ne vont alors plus à l’école. Nos équipes sensibilisent les communautés tout en menant des activités pour aider les familles à augmenter leurs revenus.
Ce projet inclut-il également des actions en faveur de l’égalité des genres ?
Les inégalités sont en effet encore très présentes dans ces communautés. Les femmes sont souvent exclues des instances décisionnelles. Elles ne sont parfois pas autorisées à sortir de chez elles.
Nous avons élaboré un plan de lutte contre les inégalités. Cela passe par le soutien aux collectifs et coopératives de femmes et des sessions de sensibilisation des hommes à ces problématiques.
Quelle est votre vision pour l'avenir ?
Nous espérons que de plus en plus d'agriculteurs et agricultrices auront la possibilité de s'engager dans la culture du coton biologique. La qualité du sol s’améliorera, ainsi que la productivité.
Nous allons très prochainement les accompagner pour l’obtention d’un label biologique sur leur production de coton. Cela leur permettra de bénéficier de meilleurs revenus et d’améliorer leurs conditions de vie et celles de leur famille.
*Ce projet est soutenu par le groupe Galeries Lafayette.
L'action de CARE contre le changement climatique
La lutte contre les impacts climatiques est l’une des priorités stratégiques de nos actions de lutte contre l'extrême pauvreté et les injustices.
- CARE soutient les populations affectées par des chocs climatiques ponctuels (tempête, inondations) ou de long terme (variabilité des saisons et des précipitations).
- CARE met en place des programmes d'adaptation : soutien agricole aux communautés qui souffrent de la disparition des glaciers ; mise en place de réseaux d'accès à l'eau ; projets de plantation de mangroves et de restauration de systèmes de défense côtiers.
- CARE participe également aux négociations internationales sur le climat et mène des actions de plaidoyer pour inciter les gouvernements à mettre en œuvre des politiques climatiques ambitieuses.