Plus de 42 700 jeunes ont été sensibilisés en faveur du respect des droits des femmes, par les équipes de CARE dans les Balkans. L’écrivaine Irène Frain s’est récemment rendue en Bosnie pour rencontrer ces groupes de jeunes. Elle nous livre ses impressions.

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L'auteure Irène Frain s'engage aux côtés de CARE pour les droits des femmes ©2015/CARE

L’inégalité des genres dans les Balkans

Dans les Balkans perdure une vision traditionnelle et patriarcale du rôle des hommes. Cela se manifeste par des inégalités de genre et de l’homophobie.

Les violences à l’égard des femmes sont répandues car liées à la représentation de la virilité. Selon une étude réalisée par CARE en Bosnie, 45% des femmes ont été victimes de violences.

Déconstruire les stéréotypes

Dans le cadre du projet « Be a Man » lancé en 2007, CARE sensibilise les jeunes au respect des femmes. Des groupes de jeunes hommes, âgés de 13 à 19 ans, se rassemblent pour parler de la masculinité, de l'égalité des genres, des violences faites aux femmes, de la sexualité et de l’alcoolisme.

L’écrivaine Irène Frain, engagée aux côtés de CARE, résume le mot d’ordre de ce projet :

« Sois un homme, pas en donnant de la voix ni en montrant tes gros bras, et encore moins en battant ta petite amie, mais en découvrant par toi-même que les stéréotypes machistes en vigueur dans ton pays conduiront ta génération au désastre. Autrement dit : on ne naît pas homme, on le devient. Et devenir un homme, c’est muscler ses neurones plus encore que ses biceps. »

Ces ateliers, menés dans les écoles, favorisent une réflexion critique et permettent de déconstruire les stéréotypes de genre très enracinés dans les mentalités.

« Venir ici est un moyen de fuir une prison, la prison de tout ce qui nous a été raconté, la prison des souvenirs de la guerre, des nationalismes, de la violence, du manque de perspectives », témoigne un des jeunes.
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Les jeunes participants aux atelier du projet "Be a man" échangent sur l'égalité des genres, les violences faites aux femmes ou encore la sexualité©2015/CARE

42 719 jeunes ont déjà participé à ces ateliers qui alternent prises de parole, jeux de rôles et activités artistiques en Serbie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Kosovo et Albanie.

« Ici, nous avons appris que la violence verbale est aussi une violence. A travers celle-ci, les personnes se « vident ». Eh ben, qu’ils se vident contre les murs de leur chambre ! Ici nous apprenons à canaliser notre énergie », témoigne un jeune participant au projet.

Irène Frain salue l’engagement de ces jeunes qui vivent dans des régions encore hantées par la guerre et les violences :

« C’est par eux-mêmes que les jeunes issus de communautés traditionnellement ennemies identifient les ressorts de la violence. Vite, des passions, des questionnements et des idéaux communs les réunissent.
A Sarajevo, à Mostar, où rôde encore la mémoire des bombes et des balles, mais aussi dans les petites cités où s’agglutinent les réfugiés des camps adverses, ces milliers de jeunes choisissent librement, en toute conscience, le respect des femmes et le règlement des conflits par la négociation. Un miracle tranquille dont ils sont les principaux acteurs. »

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