Pour la troisième année consécutive, l’ONG CARE publie un rapport recensant les dix crises humanitaires les moins relayées par les médias. Parmi ce triste classement, on note cette année que le changement climatique joue un rôle croissant et souvent aggravant dans les crises humanitaires comme à Madagascar, en Éthiopie et en Haïti. CARE appelle les médias, les décideurs politiques et le public à se mobiliser pour ces crises humanitaires négligées.

Liste des 10 crises les moins médiatisées en 2018

  • Haïti : tandis que le séisme dévastateur de 2010 avait fait la une des journaux du monde entier, la crise alimentaire de 2018 a été à peine relayée à l’international. Haïti connaît l’un des niveaux d’insécurité alimentaire chronique les plus élevés du monde : plus de la moitié de la population est continuellement en proie à la menace de la faim et 22 % des enfants souffrent de malnutrition chronique.
  • Éthiopie : Confrontée dans l’ombre à de multiples urgences, l’Éthiopie continue de faire face à une
    crise alimentaire complexe, où l’insécurité alimentaire persistante peut parfois se transformer en famine aiguë.
  • Madagascar : Plus de 257 000 personnes risquent de souffrir d’une grave famine, car la région du Grand Sud n’a pas pu se remettre de la sécheresse provoquée par El Niño en 2016, un événement météorologique extrême
    aggravé par le changement climatique provoqué par l’homme.
  • République démocratique du Congo : À cause de la diminution de l’activité agricole, près de 12,8 millions de personnes sont menacées par la faim, parmi lesquelles 4,3 millions d’enfants souffrent de malnutrition,
    voire de malnutrition sévère pour au moins 1,3 million d’entre eux.
  • Philippines, un typhon dévastateur toujours présent dans les esprits.Bien qu’il soit considéré comme le cyclone tropical le plus puissant que le monde ait connu en 2018, le typhon Mangkhut, appelé localement Ompong, n’a été que peu relayé médiatiquement.
  • Tchad, à cause de la pauvreté chronique, de la faim et des déplacements massifs de populations dans la région du lac Tchad, des millions de personnes au Tchad se battent pour survivre.
  • Éthiopie, le déplacement silencieux d’un million de personnes. Les violences intercommunautaires
    et les déplacements le long des frontières des régions Gedeo et Guji sont passés largement inaperçus en raison des multiples urgences frappant l’Éthiopie.
  • Niger : Pays enclavé dans le Sahel qui souffre depuis longtemps de la désertification, de l’insécurité alimentaire chronique et, depuis plus récemment, des déplacements massifs de population et de l’afflux de réfugiés.
  • République centrafricaine : Les groupes armés et l’agitation politique alimentent toujours les tensions intercommunautaires. Environ 2,9 millions de personnes, soit plus de 60 % de la population, ont besoin d’aide et manquent désespérément de nourriture.
  • Soudan : Beaucoup de familles doivent faire face à la faim extrême. Un enfant sur six est dénutri et un enfant sur vingt souffre de la forme de malnutrition la plus grave et la plus mortelle. La sécheresse récurrente menace près de 19 millions d’hectares de terres agricoles ainsi que les moyens de subsistance de nombreux groupes pastoraux et nomades.

En 2018, c’est la crise alimentaire en Haïti qui a le moins retenu l’attention des médias avec à peine 500 mentions dans plus d’un million d’articles analysés. Pourtant Haïti connaît l’un des niveaux les plus élevés d’insécurité alimentaire chronique au monde : plus de la moitié de sa population est constamment menacée par la faim et 22% des enfants souffrent de malnutrition chronique !

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des enfants en Haïti souffrent de malnutrition chronique.

Pour partager ce triste podium on retrouve l’Ethiopie (présente deux fois dans ce classement) et Madagascar, qui souffrent également de la faim, dont l’une des principales causes est le changement climatique. Parmi les autres pays en crise qui figurent dans ce rapport, notons la République démocratique du Congo, les Philippines, le Tchad, le Niger, la République centrafricaine et le Soudan.

Une famille soutenue par CARE dans une école en Haïti
« Si personne n’en a parlé, est-ce que cela s'est vraiment passé ? À l'ère des médias sociaux et des informations 24/24, c’est une question qui se pose. Pourtant, les catastrophes naturelles et les crises humanitaires ont affecté plus de 132 millions de personnes dans le monde en 2018, que nous en ayons entendu parler ou non. Il ne faut pas les oublier et les médias ont le pouvoir d’inciter le public et la classe politique à agir ! »

Philippe Lévêque, directeur de CARE en France.

Notes aux rédactions

  • Méthodologie

    CARE, avec le service de veille média Meltwater, a analysé les catastrophes naturelles ou les conflits qui ont le moins retenu l’attention des médias en 2018. Plus de 1,1 million de sources en ligne ont été analysées en anglais, français et allemand. Pour filtrer, nous avons choisi les pays dans lesquels au moins un million de personnes ont été touchées par une crise humanitaire, selon les données de l’UNOCHA, de l’ACAPS et des statistiques propres de CARE. En a résulté une liste de plus de 30 crises qui ont ensuite été filtrées dans la base de données de Meltwater pour la période du 1 er janvier au 28 novembre 2018. « Suffering In Silence » classe les dix principales crises qui ont le moins retenu l’attention des médias, c’est-à-dire le moins de couverture médiatique en ligne. C’est la troisième fois que CARE publie ce rapport.

Contact presse pour les médias : 

  • Laurence Bondard
  • bondard@carefrance.org
  • 07 86 00 42 75