Le Liban a entamé jeudi dernier un confinement sévère de onze jours pour contrer la pandémie du Coronavirus. L’ONG CARE, l’une des rares autorisées à continuer à apporter de l’aide durant le confinement, alerte sur les conséquences sanitaires et économiques pour la population.
Le Liban frise la catastrophe sanitaire
Des malades du Coronavirus sont soignés dans les couloirs ou les parkings des urgences, alertent les équipes libanaises de l’ONG CARE. De nombreux hôpitaux beyrouthins sont obligés de transformer des conteneurs installés dans leurs parkings en chambres de soins.
Sous la pression de la pandémie, le système hospitalier libanais craque. En soins intensifs, le taux d’occupation frôle la saturation : 90,47 % dans quasiment tout le pays et 100 % à Beyrouth, selon une déclaration de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Liban vendredi dernier. Le Liban, qui frise la catastrophe sanitaire, est devenu le troisième pays du monde en matière de contamination pour un million de personnes, selon l’université John Hopkins. Plus de 5000 nouveaux cas en moyenne sont enregistrés par jour pour une population qui ne dépasse pas les 6 millions d’habitants.
Ce nouveau confinement très strict est un moyen de tenter de contrer la pandémie, mais ces mesures pèsent aussi lourdement sur la population :
« En plus de la Covid-19, le Liban fait face à la crise économique et monétaire la plus aigüe de son histoire. CARE est l’une des rares ONG à avoir reçu l’autorisation de travailler malgré les restrictions. Pourtant, apporter une aide d’urgence est plus indispensable que jamais : une grande partie de la population doit faire face à l’insécurité alimentaire. Dans les régions les plus pauvres, beaucoup n’ont pas été en mesure de faire des provisions avant ce confinement qui oblige même les supermarchés à fermer leurs portes », explique Bujar Hoxha, directeur du bureau de l’ONG CARE au Liban.
Un Libanais sur deux vit sous le seuil de pauvreté
Désormais, un Libanais sur deux vit sous le seuil de pauvreté contre 28% en 2018, selon l’ONU. Pour les réfugiés syriens qui ont fui la guerre et ont trouvé refuge au Liban, ce chiffre s’élève à 91 %. Derrière ces chiffres, Ibrahim 6 ans et Mathab 9 ans qui ne mangent rien d’autre qu’un peu de pain dans du thé sucré depuis le début du confinement. Ces jeunes refugiés syriens vivent au Liban depuis cinq ans. Leur père, ouvrier agricole, ne travaille plus depuis le début de la crise économique.
Fin 2020, l’ONG CARE au Liban a mené une étude* pour évaluer les besoins les plus urgents de la population. Les chiffres sont édifiants :
- Seulement 18% des personnes interrogées travaillent à temps plein.
- 94% de la population libanaise gagne désormais en dessous du salaire minimum.
- 72% des personnes déclarent vivre endettées, principalement en raison des dépenses alimentaires.
- 65% des ménages interrogés dirigés par des femmes ont déclaré vivre dans l'insécurité alimentaire, particulièrement dans la région du Mont-Liban.
- 42% des familles ont déclaré que le coût des soins de santé était un obstacle à leur accès.
- Plus de la moitié des répondants ont déclaré qu'ils n'avaient plus les moyens d'acheter de la viande.
« Ce que montre cette étude, c'est que la crise ne touche pas seulement les plus pauvres et les plus vulnérables, mais aussi les classes moyennes. Si rien n’est fait rapidement pour aider le Liban, nous allons droit vers la catastrophe. La communauté internationale doit absolument soutenir le Liban et ne pas conditionner l’aide humanitaire aux réformes », appelle Bujar Hoxha.
Contact médias
Des porte-paroles sont disponibles pour des interviews. Contactez Camille Nozières : nozieres@carefrance.org / 07 86 00 42 75
Notes aux rédactions
*L’étude des besoins a été menée par CARE fin 2020 auprès de 283 ménages libanais et syriens, couvrant trois principaux districts du Liban: le Mont-Liban, Tripoli et Akkar.