Un départ plein d’espoir, un piège à l’arrivée

Si elles quittent leur pays, c’est rarement par choix mais par nécessité. Recrutées par des agences qui leur promettent un salaire régulier, beaucoup rêvent d’offrir une vie meilleure à leur famille restée au pays. Mais une fois au Liban, la réalité est toute autre.

Leur vie est régie par le système de kafala, qui lie leur statut légal à leur employeur. Cela signifie :

  • confiscation systématique des passeports,
  • impossibilité de changer d’emploi ou de quitter le pays sans autorisation,
  • menace de devenir « illégales » si elles fuient.

Impossible de changer d’emploi, ni même de quitter le pays sans autorisation. Ce système maintient plus de 250 000 travailleuses domestiques migrantes dans une dépendance totale (2).

L’exploitation que les travailleuses domestiques subissent au quotidien

Le quotidien de ces femmes est marqué par l’isolement et les abus. Beaucoup travaillent de longues journées sans repos, souvent enfermées dans la maison de leur employeur. « Mon passeport est confisqué depuis mon arrivée. Je n’ai pas le droit de sortir seule. Je travaille sans repos », témoigne une travailleuse domestique éthiopienne à Beyrouth.

Salaires impayés, humiliations constantes, violences physiques ou sexuelles… et aucune protection légale. Car les travailleuses domestiques sont exclues du code du travail libanais : pas de salaire minimum garanti, pas de congés légaux, pas de mécanismes de plaintes. À cette absence de droits s’ajoute la peur, qui condamne au silence :

  • peur de perdre leur emploi et de ne plus soutenir leur famille,
  • peur d’être arrêtées si elles fuient, car sans employeur elles deviennent “illégales”,
  • peur d’être expulsées après des années de travail non payé.
« Si je pars, je deviens illégale. Si je parle, je perds tout. Alors je reste et je me tais. »

Une travailleuse domestique philippine au Sud-Liban.

Le racisme et la xénophobie renforcent encore leur isolement, réduisant ces femmes à une « main d’œuvre jetable ».

Quelles actions pour protéger ces femmes ?

Depuis plus de 80 ans, CARE combat la pauvreté et les violences faites aux femmes à travers le monde. Notre expertise s’appuie sur des décennies de défense des travailleuses les plus vulnérables – dans les usines en Asie, les employées domestiques partout dans le monde. Nous les aidons à faire entendre leur voix. En Amérique latine, par exemple, nous avons contribué à la reconnaissance des droits des travailleuses domestiques par plusieurs gouvernements.

Au Liban, nos équipes et partenaires locaux s’appuient sur cette expertise mondiale pour protéger les travailleuses domestiques migrantes, à travers :

  • la création d’espaces de solidarité et d’information pour rompre l’isolement et fournir des conseils essentiels,
  • un soutien psychosocial et juridique pour les survivantes d’abus afin de reconstruire leur vie et accéder à la justice,
  • des campagnes de sensibilisation du public afin de déconstruire les préjugés racistes et sexistes.

Trop longtemps invisibles, ces femmes subissent violences et exploitation en silence. Soutenir CARE, c’est leur donner la possibilité de retrouver leurs droits et de sortir de la pauvreté.

En savoir plus