Six mois après l’explosion du port de Beyrouth, un grand nombre de reconstructions ont eu lieu mais des quartiers entiers restent détruits . Et surtout, la crise économique qui secoue le pays depuis plus d’un an a plongé un Libanais sur deux dans la pauvreté.
Beaucoup de personnes ne sont toujours pas rentrées chez elles
À la suite de l’explosion du 4 aout dernier, CARE a soutenu 28 000 personnes dans Beyrouth et sa banlieue à travers de l’aide alimentaire, sanitaire mais aussi pour la reconstruction de leur maison ou de leur entreprise. Si quelques milliers de personnes ont pu rentrer chez elles, beaucoup d'autres ont quitté la ville ou vivent toujours chez des proches car elles ont tout perdu et n’ont pas les moyens de tout reconstruire du fait de la crise économique qui touche tout le pays.
Fin 2020, l’ONG CARE a mené une étude* pour évaluer les besoins les plus urgents parmi les populations les plus vulnérables au Liban. Les chiffres sont édifiants :
- Seulement 18% des personnes interrogées travaillent à temps plein.
- 94% des personnes gagnent désormais moins que le salaire minimum (450USD par mois). Le prix du panier alimentaire minimum a augmenté de plus 250% alors qu’à cause de l’inflation, le salaire minimum a baissé à 80USD par mois.
- 72% des personnes vivent endettées, principalement en raison des dépenses alimentaires. Il n’y a aucun filet de sécurité sociale au Liban. Pour faire face à la situation, de nombreuses familles sont obligées de retirer leurs enfants de l’école pour les faire travailler.
- 65% des familles dirigées par des femmes ont déclaré souffrir d'insécurité alimentaire, particulièrement dans la région du Mont-Liban. Plus de la moitié des répondants ont déclaré qu'ils n'avaient plus les moyens d'acheter de la viande.
- 42% des familles ont déclaré que le coût des soins de santé ne leur permettait pas d’y avoir accès.
Il reste beaucoup à faire pour que de nombreuses familles ne dorment pas l'estomac vide
« L’explosion du port de Beyrouth a été une énième catastrophe à ajouter à la trop longue liste de malheur qui touche le Liban depuis maintenant un an : crise économique, financière, sociale, politique mais aussi sanitaire avec la pandémie de Coronavirus qui s’accentue encore depuis début 2021. Des personnes sont désormais soignées dans les parkings des hôpitaux qui sont totalement saturés », alerte Bujar Hoxha, directeur de l’ONG CARE au Liban.
La crise économique a entrainé un Libanais sur deux sous le seuil de pauvreté contre 28% en 2018, selon l’ONU. Pour les réfugiés syriens qui ont fui la guerre au Liban, ce chiffre s’élève à 91%. À ceci s’ajoute le confinement très strict mis en place pour endiguer la pandémie, de nombreuses personnes ne peuvent plus sortir travailler et ne peuvent donc pas gagner de quoi se nourrir.
« En août dernier après l’explosion, le monde entier avait les yeux rivés sur Beyrouth et nous avons reçu un soutien incroyable. Mais 6 mois après, il ne faut pas oublier les Libanais ! Nous avons plus que jamais besoin de soutien, il reste beaucoup à faire pour que de nombreuses familles ne dorment pas l'estomac vide. La communauté internationale doit absolument soutenir le Liban et ne pas conditionner l’aide humanitaire aux réformes », appelle Bujar Hoxha.
Contact médias
Des porte-paroles sont disponibles pour des interviews. Contactez Camille Nozières : nozieres@carefrance.org, 07 86 00 42 75
Notes aux rédactions
- L’action de CARE : CARE est l’une des rares ONG à avoir reçu l’autorisation de continuer à travailler – notamment à travers des distributions des colis alimentaires - durant le confinement mis en place ces dernières semaines. Depuis août dernier, CARE est venue en aide à 43 000 personnes à travers le Liban.
- *L’étude des besoins a été menée par CARE fin 2020 auprès de 283 ménages libanais et syriens, couvrant trois principaux districts du Liban: le Mont-Liban, Tripoli et Akkar.
- Le 4 août dernier, Beyrouth faisait face à une catastrophe sans précédent : une double explosion dans son port qui a fait 207 morts, plus de 6 500 blessés et de très importants dégâts qui ont contraint 300 000 personnes à devoir quitter leurs foyers. Outre les dégâts causés aux habitations, aux hôpitaux, aux écoles et aux rues, l'explosion a contraint de nombreuses entreprises à fermer en pleine crise économique. La perte d'activité économique est estimée entre 2,9 milliards de dollars et 3,5 milliards de dollars par la Banque Mondiale.