Femmes réfugiées LGBTQIA+ : vivre dans la peur et l’insécurité

Au Liban, les violences sexistes sont omniprésentes. Mais pour les femmes réfugiées et les personnes LGBTQIA+, le danger est encore plus grand, selon notre tout dernier rapport sur le sujet.

« On nous voit comme des étrangères et des femmes faciles. C’est pour ça que les hommes pensent qu’ils peuvent tout nous faire”

témoigne une réfugiée syrienne dans la région d’Akkar.

Depuis près de dix ans, CARE accompagne les populations syriennes et palestiniennes réfugiées au Liban.  Nous luttons contre la pauvreté et les violences grâce à nos équipes d’expertes et d’experts. Mais le constat est aujourd’hui alarmant : dans les camps comme en ville, les femmes réfugiées subissent un harcèlement constant. Sortir chercher de l’eau, aller à la clinique, prendre un bus… chaque déplacement peut devenir une épreuve, marquée par les insultes, les gestes déplacés ou les menaces.

Pour les personnes LGBTQIA+, le climat est encore plus hostile. Beaucoup dissimulent leur identité par peur de la stigmatisation, des agressions, voire des violences policières. « Je dois cacher qui je suis. Si quelqu’un le découvre, ma vie est en danger. », une femme transgenre réfugiée syrienne dans la région de la Bekaa

Des discriminations jusque dans les soins et refuges

Ces violences se manifestent aussi dans le secteur public et le manque d’accès aux services essentiels, comme la santé et la protection.  

  • Les femmes réfugiées non mariées se voient refuser contraception ou examens gynécologiques.
  • Les personnes transgenres et queer subissent humiliations ou refus explicites de soins.
  • Les survivantes de violences sexistes n’ont pas accès aux centres d’hébergement et refuges : papiers d’identité exigés, rejet des personnes trans, capacités d’accueil saturées.

 

Les conséquences sont lourdes : grossesses non désirées, infections non traitées, détresse psychologique et sentiment d’invisibilité. « Je suis allée à la clinique et ils m’ont demandé où était mon mari. Je n’ai pas de mari. Alors ils m’ont dit de partir”, explique une réfugiée palestinienne au Sud-Liban.

Quelles sont les raisons des violences ?

Ces violences envers les réfugiées et populations LGBTQIA+ sont le produit de plusieurs facteurs qui se cumulent :

  • Une pauvreté massive : plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Aussi, le Liban accueille l’une des plus fortes concentrations de populations réfugiées par habitant au monde : plus d’un million de Syriens et Syriennes, ainsi que des dizaines de milliers de réfugiées et réfugiés palestiniens (1). Les populations réfugiées sont accusées de « voler les emplois » des populations libanaises.
  • Des lois discriminatoires : sans statut légal, les personnes réfugiées n’ont pas accès à l’emploi formel, aux soins ni à la justice. Les personnes LGBTQIA+ restent exposées à des violences policières.
  • Le poids du patriarcat : les violences faites aux femmes sont courantes au Liban. Quand on est à la fois femme, réfugiée et/ou LGBTQIA+, sexisme, xénophobie et homophobie se cumulent. Cette intersectionnalité crée un risque extrême de violences. Les femmes réfugiées sont perçues comme vulnérables et « faciles ». Les personnes queer défient les normes de genre, et subissent rejet et agressions.
  • Une impunité quasi totale : les violences restent rarement sanctionnées.

Dans ce contexte, parler, c’est risquer de tout perdre. De même dénoncer une agression peut entraîner l’expulsion d’un camp, la perte d’un logement ou l’arrestation en cas d’absence de papiers. Le silence devient alors une stratégie de survie.

« Si je parle, je perds tout : ma sécurité, mon abri, mes amis. Alors je garde tout pour moi. »

une réfugiée syrienne à Beyrouth.

Comment protéger les femmes et populations LGBTQIA+ ?

Nos équipes au Liban agissent pour que les femmes réfugiées et les communautés LGBTQIA+ puissent vivre à l’abri de la violence et accéder à leurs droits fondamentaux. Nos actions :

  • Créer des espaces sûrs et inclusifs pour écouter, orienter et accompagner les victimes de violences.
  • Fournir des services de santé adaptés et former le personnel de santé et de l’assistance sociale à un accueil respectueux et non discriminatoire.
  • Plaider pour des lois qui protègent toutes les survivants et survivantes de violences, indépendamment de leur statut légal, de leur genre ou de leur orientation sexuelle.

Le respect des droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ est essentiel pour plus de liberté, d’égalité et justice. Des principes que nous défendons depuis 80 ans partout dans le monde. Au Liban, nous soutenons des associations locales, des militantes et militants, pour contribuer peu à peu à créer un monde plus juste. Et ces actions ne sont possibles que grâce à votre soutien !

(1) Source : UNHCR, 2025

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