En début d’année, plusieurs milliers de Congolais ont traversé le Lac Albert au péril de leur vie, pour fuir leur pays en guerre et se rendre en Ouganda. Pema* en fait partie. Malgré le traumatisme de la fuite et des violences, elle essaye désormais de se reconstruire et de survivre avec ses enfants dans le camp de Kyangwali. Afin d’aider les personnes ayant subi les mêmes traumatismes, elle est devenue volontaire pour CARE.
Je veux éviter que cela arrive à d’autre
Pema est arrivée en Ouganda au mois de février avec ses 11 enfants. A ce moment-là, les combats faisaient rage dans sa région d’origine, l’Ituri en République démocratique du Congo. Des milliers de personnes débarquaient chaque jour sur les rives du Lac Albert, qui marque la frontière entre la RDC et l’Ouganda.
« Notre village a été attaqué durant la nuit. Après m’avoir violée, les rebelles ont volé tout notre troupeau et ont emmené mon mari et l’aîné de mes enfants. Je n’ai pas eu de nouvelles d’eux depuis. Je pense tout le temps à mon fils, il me manque beaucoup. »
Pema vit aujourd’hui dans le camp de Kyangwali, où elle a rejoint les équipes de CARE comme volontaire. Cela lui permet de redonner un sens à sa vie après avoir tout perdu.
« Je sensibilise les femmes et les jeunes filles aux violences sexuelles, je leur explique pourquoi il ne faut pas se marier trop jeune. Je peux les aider car j’ai vécu la même chose. Je veux éviter que cela arrive à d’autre. » explique-t-elle.
J’espère pouvoir contribuer à changer un peu les choses
Mariée à 14 ans à son violeur, elle est très rapidement tombée enceinte. Du fait de son jeune âge, sa grossesse a entrainé de nombreuses complications. Par la suite, pour « rentabiliser » la dote qu’il avait payé pour l’épouser, son mari la forçait à avoir des grossesses répétées, mettant en danger sa santé
« Lors de ma dernière grossesse, des jumeaux, j’ai failli mourir. Je suis resté inconsciente pendant 2 jours. Les médecins m’ont dit que je ne survivrais pas à une grossesse supplémentaire. »
Aujourd’hui, Pema va à la rencontre des femmes et des filles sur le camp pour les informer sur leurs droits, et sur les recours possibles en cas d’agression.
« Ce que je fais avec CARE est très important pour moi. Je suis très contente de faire ça, car c’est quelque chose que personne ne devrait subir et j’espère pouvoir contribuer à changer un peu les choses. »
CARE a formé 41 volontaires parmi les réfugiés afin de sensibiliser leur communauté sur les violences et la santé sexuelle mais aussi sur leur droits et l'accès aux services. Le rôle de ces volontaires est crucial notamment pour identifier les victimes de violences sexuelles.
*Le prénom a été modifié
L'action de CARE en Ouganda
CARE intervient dans le site de réfugiés de Kyangwali, notamment auprès des femmes et des filles victimes de violences à travers un soutien psychologique et psychosocial. Nos équipes garantissent également un accès aux services essentiels : santé et abris.