L’explosion des violences sexuelles en RDC

En RDC, plus d’une femme sur deux est confrontée à la violence sexuelle et sexiste au cours de sa vie. Depuis un quart de siècle, les violences sexuelles faites aux femmes font rage en RDC, exacerbées par les conflits, la pauvreté extrême et les déplacements de population qui laissent les femmes plus vulnérables.

Et la situation continue de s’aggraver. Au cours des trois premiers mois de 2023, dans la région du Nord-Kivu dans la partie est du pays, les signalements de violences contre les femmes et les enfants ont augmenté de 37 % par rapport à l’année passée, selon l’ONU (1). Dans ces zones de conflits, les violences sexuelles commises par les groupes armés s’ajoutent aux violences domestiques.

"L'est de la RDC est devenu l'un des endroits les plus dangereux au monde pour les femmes et les enfants."

Sidibé Kadidia, directrice de CARE en RDC

Depuis le début de l’année, plus de 35 000 cas ont été signalés (2). Et ce chiffre est très certainement sous-évalué. Pourquoi ? De nombreux cas ne sont pas signalés, notamment en raison de la stigmatisation associée aux agressions sexuelles, du risque de rejet des femmes par leur communauté et la peur des représailles de ceux qui les ont agressées.

Les femmes, survivantes de violences n’ont plus accès aux soins

L’accès aux soins de santé pour les survivantes de violences est essentiel. Les 72h suivant un viol sont capitales afin de donner accès à des méthodes de contraception d’urgence ou prévenir le VIH ou d’autres maladies et infections sexuellement transmissibles, comme l’hépatite B. C’est pourquoi CARE soutient des établissements de santé primaires dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

Mais depuis début octobre, les combats se sont intensifiés à proximité de la capitale du pays, Goma, forçant une nouvelle fois les populations à se déplacer pour fuir les violences. Rien qu’à Goma, plus de 70 femmes touchées par la violence sexuelle et sexiste sont prises en charge quotidiennement dans des cliniques. Dans le même temps, ce regain de violences a entrainé une détérioration des soins de santé.

Aujourd’hui, plus de 8,9 millions de personnes, en particulier dans les zones reculées et en proie aux conflits, ont un accès limité aux services médicaux essentiels. Plus de la moitié de ces personnes sont des femmes et 40,9 % enfants. Le besoin de soins holistiques tels que des traitements médicaux spécialisés, en particulier pour les blessures gynécologiques extrêmes, fait défaut. L’absence de centres fonctionnels ou d’installations de référence double la tragédie pour les survivants et survivantes, qui sont déjà confrontés à des traumatismes psychosociaux.

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Le manque d’accès à la santé maternelle en RDC

Le contexte pour mieux comprendre

  • Depuis près de 30 ans, l’est de la RDC est le lieu d’affrontements.

  • « Avec le conflit en cours et l’escalade de la violence, la RDC est confrontée à l’une des plus grandes crises de déplacement interne et humanitaire du monde » , décrit l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) (3). Plus de 6,9 millions de personnes sont actuellement déplacées en RDC.

Au-delà des survivantes de violences, des millions de femmes sont concernées par le manque d’accès à la santé maternelle et infantile. « L’accès à des services de santé maternelle appropriés, y compris des accoucheuses qualifiées et les installations nécessaires, reste un défi dans de nombreuses régions, entraînant des taux élevés de mortalité maternelle et infantile » , a déclaré Sidibé Kadidia.

Face à cette situation, la mobilisation de la communauté internationale est nécessaire : « D’une part, les bailleurs de fonds et les Etats doivent contribuer financièrement au plan de réponse humanitaire. À l’heure actuelle, seuls 36,5% des financements pour l’année 2023 ont été récoltés. À deux mois de la fin de l’année. D’autre part, il est nécessaire de mettre fin aux hostilités afin de fournir, un accès à la santé et une aide d’urgence aux populations. C’est maintenant qu’il est temps de sauver des vies » , déclare Sidibé Kadidia.

Sources : (1) ONU, 2023 ; (2) MSF, 2023 ; (3) Organisation Internationale pour les Migrations, 2023  

CARE apporte une aide de santé aux personnes affectées par le conflit en RDC

Afin de soutenir plus de 265 549 personnes, dont 77 455 personnes déplacées, nous soutenons des établissements de santé primaires dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. CARE fournit des soins de santé physique essentiels aux survivantes de violences et les aidons à recevoir un soutien psychologique et une aide juridique. Nous menons aussi des actions de prévention des violences sexuelles et sexistes en sensibilisant les communautés.

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