Des milliers de réfugiés sont actuellement bloqués sur la « route des Balkans ». En Serbie, Ninja Taprogge, membre de CARE, raconte le désespoir de ces familles qui ont fui la guerre.
Le froid et la neige représentent une épreuve supplémentaire pour ces familles.
Il fait froid ici à Sjenica, dans le sud de la Serbie. Dans un ancien hôtel reconverti en camp de réfugiés vivent désormais 450 personnes. Elles ont fui des violences extrêmes dans leur pays d'origine : la Syrie mais aussi l’Irak ou l’Afghanistan. Leurs histoires se ressemblent. Beaucoup sont sur la route depuis des mois.
Le froid et la neige représentent une épreuve supplémentaire pour ces familles. Les enfants courent et jouent en sandales dans la neige. Partout autour de moi, j'entends des gens tousser.
« La nuit, nous n’arrivons pas à dormir. Il fait très froid. Et les enfants n’arrêtent pas de pleurer », me raconte l’une de ces familles.
La Serbie soutient plus de 6 000 réfugiés dans des centres officiels, mais la plupart de ces lieux ne sont pas adaptés aux conditions hivernales. Qui plus est, beaucoup de réfugiés et migrants vivent en dehors des camps, dans une précarité des plus extrêmes. Au total, ce sont 7 400 à 10 000 migrants et réfugiés qui sont actuellement bloqués en Serbie.
Les épreuves ne cessent de se multiplier pour ceux qui ont fui la guerre.
Certains sont là depuis un an, depuis les fermetures successives des frontières européennes au printemps 2016 et la mise en place de l’accord entre l’Europe et la Turquie.
La Hongrie ne laisse actuellement passer que dix personnes par jour. Les réfugiés ont l’impression d’une triste loterie, à un jeu de (mal)chance. La plupart ont de la famille en Allemagne ou en Angleterre qu’ils souhaitent rejoindre. Tout simplement.
Mais, la route vers l'Europe du Nord est devenue plus coûteuse et plus dangereuse. Migrants et réfugiés mettent leur vie entre les mains de passeurs sans aucun scrupule. Une famille nous a raconté comment trente-deux personnes avaient été entassées dans un véhicule ne pouvant en contenir que dix. D’autres nous ont raconté les longues marches, des jours et des nuits entières sans s’arrêter.
Les épreuves ne cessent de se multiplier pour ceux qui ont fui la guerre. Beaucoup ont l’impression de ne pouvoir échapper au malheur. Et aujourd’hui, en Serbie, le froid s’ajoute au désespoir. C’est l’un des pires sentiments qu’un être humain peut ressentir. Il s’enracine profondément dans le cœur des réfugiés.
Ces personnes qui cherchent un endroit sûr, loin de la guerre, ont des droits.
Les organisations humanitaires, telle que CARE, demandent à l'Union européenne de respecter le droit d’asile et de garantir des voies sûres et légales pour les réfugiés. Plus d'un demi-million de personnes sont mortes en Syrie depuis le début de la guerre, il y a près de six ans. Fuir pour sauver sa vie, pour assurer un avenir à ses enfants n’est pas un crime ! Ces personnes qui cherchent un endroit sûr, loin de la guerre, ont des droits.
Au milieu de tous ces débats sur les frontières et l'intégration, nous ne devons pas oublier que ces gens ont beaucoup de choses en commun avec nous : des rêves pour l'avenir, de l'amour pour leur famille et le simple souhait de vivre en sécurité.
L'action de CARE
L'ONG CARE et ses partenaires locaux ont déjà aidé plus de 230 000 migrants par le biais de distributions de nourriture, de produits d'hygiène ou de vêtements. CARE assure également un soutien psychosocial et améliore les conditions de vie dans les camps de réfugiés (construction de toilettes, douches, etc.).
Ce texte a été publié par le Journal du Dimanche