Du 9 au 12 novembre, la France réunit pour la 1ère fois plus de 450 Banques Publiques de Développement du monde. Leur objectif ? Travailler ensemble sur leurs réponses aux grands défis mondiaux tels que la pandémie de Covid-19 et la crise climatique. Dans une Déclaration, CARE et plus de 300 organisations internationales appellent ces institutions à la construction d'un monde plus juste.
Extrait de la Déclaration « Les Banques Publiques de Développement doivent agir en faveur du monde que nous voulons », novembre 2020
Alors que le monde est confronté aux crises sanitaires, sociales et économiques les plus graves depuis un siècle, entremêlées à la destruction croissante de la biodiversité, à l’aggravation des effets de la crise climatique, à l’accroissement et à l’intersection des inégalités et menaces sur les droits fondamentaux, nous, les organisations de la société civile signataires, appelons les Banques Publiques de Développement à consacrer leurs ressources financières et leur influence considérables à la construction d’un avenir juste, équitable, inclusif et durable pour toutes et tous.
Pandémie de Covid-19 : les populations vulnérables sont les premières touchées
La pandémie de Covid-19 n’est que le dernier exemple de crises multidimensionnelles auxquelles nos sociétés sont confrontées. Et leurs causes doivent être traitées à la racine.
La pandémie risque de faire basculer 150 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté d’ici à 2021 et d’augmenter considérablement les nombreuses vulnérabilités auxquelles font face des milliards de personnes. Les femmes et les filles, ainsi que les personnes subissant les effets cumulés de plusieurs vulnérabilités sont les plus touchées.
Si elles ne sont pas contenues, l’aggravation de la crise climatique et l’accélération du déclin de la biodiversité, intensifieront d’autant plus la pauvreté et les vulnérabilités d’ici à 2030.
Quelle que soit la durée de la pandémie, les défis auxquels le monde est confronté exigent des réponses globales, adaptées aux situations locales.
Promouvoir le bien-être des personnes et de la planète : un enjeu-clé pour les Banques Publiques de Développement
La présente déclaration vise à souligner les questions clés et indissociables sur lesquelles les Banques Publiques de Développement (BPD) doivent se pencher afin d’apporter des réponses mondiales aux défis d’aujourd’hui et de demain.
Les BPD ne doivent pas répéter les erreurs du passé. Elles doivent saisir l’occasion du Sommet Finance en Commun pour amorcer un changement profond et rapide de leur mode de fonctionnement et placer les principes de démocratie, d’inclusion, d’égalité, de solidarité, ainsi que le bien commun au cœur de leurs actions.
L’argent public devrait uniquement contribuer à promouvoir le bien-être des personnes et de la planète ; pas un seul centime ne devrait contribuer à la violation des droits humains, des droits économiques, sociaux et culturels, ou des droits des peoples autochtones, ni permettre la destruction de la nature, alimenter la crise climatique ou aggraver l’injustice climatique en soutenant les industries qui en sont les principales responsables.
Placer l'inclusion et la transparence en priorité
Grace à des mécanismes participatifs solides et grâce à une participation significative de la société civile à toutes les étapes de l’élaboration des politiques à l’évaluation de leurs impacts, les Banques Publiques de Développement ont les moyens de garantir le respect des droits humains et la promotion d’un développement mené par les communautés.
Leurs opérations directes et indirectes doivent promouvoir le renforcement de la résilience et le développement des services publics essentiels et de bonne qualité, ainsi que soutenir les efforts visant à lutter contre la corruption et l’évasion fiscale et adhérer aux principes de « ne pas nuire » (do no harm) afin que leurs financements ne compromettent pas l’atteinte des objectifs climatiques et environnementaux, n’augmentent pas le fardeau de la dette, et ne creusent pas les inégalités. Afin de garantir leur redevabilité, les normes de transparence les plus ambitieuses doivent être appliquées par toutes les BPD et leurs intermédiaires.
Face au contexte actuel, une réponse et des actions contracycliques à plus long terme sont nécessaires de la part des BPD, pour atténuer les impacts de la crise du Covid-19, particulièrement pour les personnes les plus vulnérables et marginalisées.
Ces efforts doivent être soutenus par les pays en fournissant le mandat, les politiques et les mesures appropriés ainsi que les ressources nécessaires aux institutions financières publiques.
Nos demandes
Nous, organisations de la société civile signataires, pensons que la réalisation des Objectifs de Développement Durable, la limitation du réchauffement climatique à +1.5°C grâce à la mise en œuvre de l’Accord de Paris, et la protection de la nature, devraient être les principaux moteurs de l’action au cours de la prochaine décennie. Nous appelons les Banques Publiques de Développement à :
- Transformer immédiatement et rapidement leurs politiques et leurs modèles de financement en adoptant et en mettant en œuvre d’urgence des engagements visant à accroître le financement pour un développement juste, équitable et durable ;
- Promouvoir et à garantir les droits humains pour toutes et tous, en ne laissant personne de côté, notamment les communautés, les personnes les plus vulnérables et marginalisées ;
- Garantir que tous les flux financiers contribuent au développement de sociétés bas carbone et résilientes, alignées sur une trajectoire de 1.5°C.
Sommet Finance en Commun : nos recommandations en détails
- Déclaration complète de CARE et plus de 300 ONG internationales : "Les Banques Publiques de Développement doivent agir en faveur du monde que nous voulons"
- Recommandations spécifiques sur le climat développées par CARE et les autres membres du Réseau Action Climat : "Sommet Finance en Commun : la France face à l'incohérence de ses financements publics"