Au Soudan du Sud, le dérèglement climatique a transformé les pluies saisonnières en déluge. Des États entiers sont confrontés à des inondations d'une rare intensité depuis plusieurs mois. Alors que la situation humanitaire du pays est déjà critique, des villages vivent submergés et des milliers de personnes vivant dans des zones reculées sont coupées de l'aide humanitaire, alerte l’ONG CARE sur place.
C'est une crise supplémentaire qui vient s'ajouter à la crise humanitaire
Depuis juillet, plus de 800 000 personnes dans 8 des 10 États du pays sont impactées par de fortes inondations causées par les pluies saisonnières. Les abris, les infrastructures -comme des centres de santé - ont été détruits par les eaux. Environ 426 000 personnes ont été contraintes de se déplacer face à la montée des eaux.
C'est une crise supplémentaire qui vient s'ajouter à une terrible crise humanitaire : au Soudan du Sud, plus de 70 % de la population a besoin d’aide humanitaire pour vivre. Bentiu, la capitale de l'État d'Unité, où CARE mène notamment des programmes de nutrition, est particulièrement touchée.
"La crise climatique exacerbe les évènements météorologiques dans toute l'Afrique de l'Est. Au Soudan du Sud, nous voyons ce qui est normalement un événement climatique saisonnier se transformer en une crise humanitaire majeure. Cette situation pousse au bord du gouffre les communautés déjà affaiblies par les conflits, les déplacements et la faim chronique. Les inondations détruisent les stocks de nourriture, les moyens de subsistance et les habitations. Le risque d'épidémies et maladies d'origine hydrique augmente chaque jour de plus, là où l'eau stagne", alerte Abel Whande, directeur de CARE au Soudan du Sud.
Les inondations compliquent l'acheminement de l'aide
Alors que le Soudan du Sud est déjà l'un des pays les plus difficiles d’accès sur le plan logistique pour fournir de l'aide humanitaire, les récentes inondations ont encore aggravé la situation. Des canoës et des équipements spécialisés sont désormais nécessaires pour pouvoir apporter une aide vitale à ces communautés isolées.
"Lors d'une récente visite à Bentiu, j'ai vu des villages entiers sous l'eau, des personnes contraintes de vivre et dormir dehors, ne pouvant même pas ramasser du bois sec pour faire du feu car les arbres sont submergés. Il s'agit des pires inondations depuis des décennies et c'est la première fois que des inondations durent aussi longtemps. À Bentiu, les rivières sont en crues depuis le mois de février et rien n'indique que l'eau va s'en aller de sitôt, malgré le début de la saison sèche", poursuit Abel Whande.
Le changement climatique est une bombe à retardement
Face à la situation, la population a besoin d’une aide d’urgence, notamment de l'eau potable, des abris temporaires, des moustiquaires, des médicaments, du bois de chauffage et de la nourriture. Afin de répondre à l’urgence, CARE a adapté ses activités avec des distributions d’urgence d'eau potable, de kits d’hygiène ainsi que des installations sanitaires. Mais pour pouvoir répondre à l’augmentation des besoins humanitaires, des fonds supplémentaires sont nécessaires de toute urgence.
“À plus long terme, ce dont les populations ont vraiment besoin, ce sont des mesures pour limiter les impacts du changement climatique et surtout des financements pour se reconstruire avant d’affronter le prochain choc. Ces inondations à grande échelle, exacerbées par le changement climatique, sont une bombe à retardement pour les communautés. Le Sud-Soudan est déjà confronté à l'une des pires crises humanitaires au monde. Et la dernière chose dont les femmes et les hommes du Soudan du Sud ont besoin, c'est de porter seuls - alors qu’ils n’en sont pas responsales -le poids de l’urgence climatique causée par les pays les plus riches", explique Fanny Petitbon, experte climat pour l’ONG CARE en France.
Contact média
Des porte-paroles dans la région de Bentiu, ainsi que Fanny Petitbon, experte climat de CARE France sont disponibles pour des interviews. Contactez Camille Nozières : nozieres@carefrance.org, 07 86 00 42 75
L'action de CARE
Depuis 2013, CARE travaille au Soudan du Sud et mène des projets de nutrition et de sensibilisation des violences sexistes et sexuelles. Depuis le début des inondations, CARE a pu venir en aide à plus de 7000 personnes dans le cadre de son programme de nutrition.