La situation à Alep continue de se dégrader. Khaled Mostafa, de notre bureau régional, a reçu des messages désespérés de nos confrères syriens coincés à Alep est.
« S’il vous plaît, sauvez-nous. »
Voici le seul message reçu de nos collègues syriens à Alep au cours de ces derniers jours. Nous étions très inquiets de ne recevoir aucune nouvelle de leur part en fin de semaine dernière, alors que la situation humanitaire continuait à se dégrader, au fur et à mesure de l’avancée du gouvernement. Le message qu’ils nous ont envoyé n’a rien pour nous rassurer.
« Après ça, je ne sais pas ce qui va arriver ni comment nous allons réussir à survivre », nous écrit un humanitaire syrien.
Les habitants d’Alep sont effrayés par les rumeurs d’arrestations et de disparitions de civils. Ce qui est sûr, c’est que les combats continuent à faire rage et que les bombes ne font aucune distinction entre civils, humanitaires et combattants. Les gens envoient des messages d’adieu disant qu’ils ne peuvent pas décrire ce qu’ils voient. Ils disent que, s’ils ne répondent pas la prochaine fois, c’est qu’ils seront probablement morts.
Nous recevons également des appels urgents d’ONG syriennes qui demandent l’évacuation des civils toujours coincés dans la partie Est de la ville. Les casques blancs, récemment nominés pour le Prix Nobel de la paix, nous en ont envoyé ce message :
« Les bombes continuent de tomber alors que nous écrivons ces quelques lignes. Pendant des années, nos volontaires ont travaillé pour sauver la vie des habitants d’Alep […]. Nous ne pouvons plus rien faire. Maintenant, nous sommes coincés dans 5km² avec plus de 100 000 civils sous des bombardements incessants. 500 personnes ont trouvé refuge dans un seul bâtiment. Les gens vivent dans les sous-sols depuis des jours. »
Les vies des humanitaires coincés à Alep Est sont également menacées. Depuis 2012, toute assistance humanitaire délivrée en dehors de la supervision du gouvernement est interdite. L’aide apportée aux populations civiles dans des zones contrôlées par l’opposition est considérée comme des actes de résistance. Le fait de sauver des vies est considéré comme une activité criminelle par le gouvernement. Nos confrères risquent d’être emprisonnés, torturés ou tués.
Nous sommes tellement frustrés par notre impuissance. Et nous sommes horrifiés de voir que la communauté internationale laisse ce massacre se poursuivre. Mais nous ne pouvons pas baisser les bras. Nous ne pouvons pas laisser le désespoir nous envahir alors que des centaines de milliers de civils tentent de survivre au milieu des bombes.
Nous n’avons ni le luxe, ni le droit de nous taire. Alors, encore et encore, nous appelons les gouvernements impliqués dans ce conflit à faire preuve de décence. Les violations flagrantes du droit humanitaire international doivent cesser. Toutes les parties prenantes doivent immédiatement mettre fin aux violences et autoriser les acteurs humanitaires à apporter l’aide et la sécurité à ceux qui en ont besoin.
Nous ne devons pas sacrifier la vie des civils. Aucune vie humaine n’est superflue.