Le 9 juillet, le Conseil de sécurité des Nations Unies a renouvelé l’autorisation pour l'aide humanitaire transfrontalière vers la Syrie via le point de passage de Bab al Hawa pour 6 à 12 mois supplémentaires. C'est un soulagement pour les populations mais cela reste insuffisant pour répondre à tous les besoins. 30 ONG regrettent qu’aucun point de passage supplémentaire n’ait été rétabli et que l’accord obtenu crée une réelle incertitude sur la réouverture de négociations dans 6 mois.
Lettre ouverte au Conseil de sécurité des Nations Unies sur le renouvellement de la résolution transfrontalière sur la Syrie
Excellences,
Le renouvellement de l’autorisation de l’assistance transfrontalière par le Conseil de Sécurité des Nations Unies via le point de passage de Bab al Hawa le 9 juillet 2021 signifie que le mécanisme continuera à fournir un lien vital, garantissant que la nourriture, les abris, l'eau, la protection, les services médicaux critiques et d'autres aides vitales atteignent, dans le Nord-Ouest, les millions de personnes qui en ont besoin.
Cependant, nous restons préoccupés par le fait que la formulation 6+6 du renouvellement crée une incertitude inutile pour les acteurs humanitaires et les millions de Syriens qui comptent sur l'aide. Il ne doit y avoir aucun doute sur la poursuite du mandat dans six mois. Nous sommes également déçus que le Conseil n'ait pas tenu compte des appels des humanitaires travaillant en Syrie pour rétablir les points de passage de Bab al Salam et Al Yarubiyah.
81% des personnes dans le nord-ouest et 69% dans le nord-est ont besoin d'aide humanitaire
Aujourd'hui, les besoins et les défis auxquels les individus sont confrontés à travers la Syrie sont plus importants que jamais. 81% des personnes dans le nord-ouest et 69% dans le nord-est ont besoin d'aide. Parmi elles, environ la moitié sont des enfants[1]. Une décennie de conflit a engendré l'une des pires crises de protection au monde, laissant 12,4 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire et dépendantes de l'aide[2], déplaçant de force des millions de Syriens qui continuent de vivre dans des conditions désastreuses. Cela a considérablement augmenté les risques pour les personnes handicapées, les femmes et les filles en particulier, notamment du fait de la normalisation de la violence sexuelle. Des millions de personnes souffrent d'un manque d'accès aux soins de santé, aux revenus, à l'éducation, aux services de lutte contre la violence basée sur le genre et, en fin de compte, à un avenir.
Au cours des 18 derniers mois, ces conditions ont été exacerbées par l'escalade de la crise économique dans le pays, la propagation de la Covid-19, l’insuffisance de la campagne de vaccination et maintenant, la sécheresse. La complexité et l'ampleur des besoins augmentent, et la réponse doit pouvoir suivre le rythme. L'aide humanitaire transfrontalière et à travers les lignes de front sont des moyens complémentaires pour les humanitaires afin d’être capables de répondre aux besoins là où ils sont, sur l’ensemble du territoire syrien.
L'accès des populations à l'aide est en danger
La réautorisation de Bab al Hawa est vitale dans notre capacité à essayer de répondre aux besoins critiques. Mais le fait d'être dépendant d'un seul point de passage, et sans un renouvellement sans équivoque pour 12 mois, continue de mettre en danger l'accès des populations à l'aide. Comme nous l'alertions dans notre dernière lettre ouverte, partagée il y a seulement trois semaines, les frappes aériennes à proximité du poste frontière de Bab al Hawa ont endommagé les entrepôts des ONG et détruit les fournitures de secours destinées aux personnes nécessitant de manière urgente une aide humanitaire. Au cours du mois dernier, nous avons assisté à une recrudescence des attaques dans le Nord-Ouest, déplaçant des familles, endommageant des écoles et des centres de santé, et tuant des civils, y compris nos collègues travailleurs humanitaires.
Lorsque nous dépendons d'un seul point de passage, toute nouvelle escalade de la violence peut couper le seul accès restant à la nourriture, aux vaccins et à d'autres fournitures essentielles pour des millions de personnes.
La sécheresse et la pénurie d'eau ont des impacts dramatiques dans le nord-est
Dans le nord-est, la fermeture du point de passage d'Al Yarubiyah continuera d'avoir des conséquences désastreuses. La sécheresse et la pénurie d'eau dans la région ont entraîné une augmentation des maladies d'origine hydrique. Dans certaines zones, les cas ont augmenté de 300 %[3]. L'approvisionnement limité en eau a un impact sur la capacité de la population à respecter les mesures de prévention contre la Covid-19. Alors que les cas de Covid-19 continuent d'augmenter dans le Nord-Est et se répandent dans les camps de déplacés densément peuplés comme celui d'Al Hol, les ONG ne parviennent pas à combler les lacunes qui ont été laissées, faisant face à des pénuries d'EPI, de médicaments essentiels, de kits de dépistage de la Covid-19 et de fournitures médicales. Les besoins humanitaires globaux ont augmenté de 38 % depuis la fermeture de ce point de passage en janvier 2020[4].
Nous attendons du Conseil de sécurité qu'il veille à ce que le lien vital de l'assistance transfrontalière reste fonctionnel et soit étendu. Des millions de civils dépendent de la capacité de nos organisations à maintenir et à étendre l'aide et les services humanitaires. Nous vous exhortons à mettre la politique de côté et à placer l'impératif humanitaire au centre de vos actions.
Nous vous prions d'agréer l'expression de nos sentiments distingués,
Signataires
- ATAA Humanitarian Relief Association
- Binaa Organization for Development
- Bonyan Organization for Youth and Development
- Bousla Development and Innovation
- CARE International
- Dünya Doktorlar? Derne?i (MDM Turkey)
- GOAL
- Humanity and Inclusion (HI)
- Hope Revival Organization
- International Humanitarian Relief (IHR)
- International Rescue Committee (IRC)
- Médecins du Monde (MDMFrance)
- Médicos del Mundo. (MDM Spain)
- Mercy Corps
- Nasam Khair organization
- Oxfam
- People in Need (PIN)
- Relief International
- Save the Children
- Solidarités International
- Syria Relief
- Syria Relief and Development (SRD)
- Urnammu for Justice and Human Rights
- VIYAN Organization for Medical Relief and Development
- War Child
- Welthungerhilfe
- White Hands
- White Hats Organization for Sustainable Development (WHOSD)
- Women Support Association
- World Vision