13,5 millions de Syriens ont actuellement besoin d’une aide pour faire face aux ravages de cinq ans de guerre. Khadija, travailleuse humanitaire et partenaire de CARE, témoigne de l'urgence humanitaire et relate les dangers et obstacles auxquels son équipe est confronté : violences, villes assiégées, manque d’infrastructures… 

« La vie est dure pour tout le monde et surtout pour les femmes. »

J’ai travaillé dans un ministère pendant près de 30 ans. Aujourd’hui, je suis travailleuse humanitaire. 

Dans le sud de la Syrie, les populations ont un accès très réduit à l’eau potable car les réseaux d'approvisionnement ont été détruits. Nous organisons des sessions de sensibilisation à l’hygiène au cours desquelles nous expliquons aux femmes comment désinfecter l’eau avec des pastilles de chlore que nous distribuons ou comment conserver la nourriture sans réfrigération. La vie est dure pour tout le monde ici, mais surtout pour les femmes parce que nous avons beaucoup de responsabilités familiales. 

De nombreuses familles ont dû se déplacer plusieurs fois pour fuir les combats : c’est le cas de la mienne. Nous vivons maintenant avec une autre famille dans une station d’eau désaffectée.

« Je serais peut-être la prochaine à mourir. »

Les travailleurs humanitaires font face de nombreux défis. Et c’est d’autant plus difficile lorsqu’on est une femme. Dans cette région, la plupart des gens sont conservateurs et les femmes ne travaillent pas. Mais aujourd’hui, dans la majorité des familles syriennes, il ne reste que des femmes : les hommes sont morts, ont disparu ou ont été enlevés par la police. Les travailleuses humanitaires jouent donc un rôle essentiel. Nous avons un contact plus facile avec les familles menées par des femmes. Sans nous, ces familles n’auraient pas accès à l’aide humanitaire. Avec une femme dans l’équipe, nous avons plus de chance de mobiliser les femmes vulnérables. 

C’est ce qui m’a poussé à faire ce travail, malgré tous les dangers qui nous menacent. Je suis souvent inquiète. J’ai peur des missiles ou des attaques au mortier. Je serais peut-être la prochaine à mourir. Il y a quelques jours, nous avons vu quelqu’un se faire tuer devant nous. Nous, travailleurs humanitaires syriens, sommes des victimes qui aidons d’autres victimes.

« Je rêve que la Syrie redevienne ce qu’elle était. »

La vie est difficile ici, mais j’ai choisi de rester en Syrie, tant que mon fils sera détenu en prison. Les autorités l’ont pris il y a cinq ans, alors qu’il avait 19 ans. Mais je garde espoir de le revoir un jour. Dans mon travail, je suis profondément touchée quand j’entends les témoignages d’autres mères qui ont perdu leurs enfants dans cette guerre. Il n’y a rien de pire que de perdre un enfant. 

Je rêve que la Syrie redevienne ce qu’elle était. Je rêve d’une vie normale, paisible. J’espère vraiment que les mères syriennes reverront leurs enfants un jour. 

Nous avons déjà soutenu 1,5 million de personnes. Vous pouvez nous aider à poursuivre notre action.

CARE et ses partenaires ont déjà fourni une aide humanitaire à plus d'1,5 million de personnes en Syrie : distribution de nourriture et de biens de première nécessité, accès aux soins médicaux, amélioration de l’accès à l’eau et à l’assainissement, soutien financier et psychosocial.