Les bombardements contre les civils dans la Ghouta orientale sont le symbole de sept ans d’horreur en Syrie. Face aux massacres répétés des civils syriens, la communauté internationale ne ressent-elle aucune honte ? Les Etats doivent faire preuve de courage politique et agir sans attendre, alerte Fanny Petitbon, responsable plaidoyer de CARE France.
Sept ans d'une guerre abominable
Jeudi dernier, le 15 mars, marquait les sept ans du conflit syrien, une guerre abominable qui a entrainé le déplacement de millions de personnes et en a tué des centaines de milliers. Alors que les bombes continuent de tomber sur les hommes, les femmes et les enfants pris au piège dans des territoires assiégés, pour certains c’est un sentiment de désespoir qui domine. Pour d’autres, ce n’est qu’un vague rappel de la poursuite d’un conflit qui semble interminable et de plus en plus complexe.
« Plus de 400 000 personnes sont assiégées depuis des mois par le régime dans le cadre d’un siège digne du Moyen-Age », alertait François Delattre, ambassadeur français à l’ONU le 22 février à propos de la Ghouta orientale.
Deux jours plus tard, l’ONU adoptait une résolution demandant un cessez-le-feu pour permettre le passage de convois humanitaires. Pour l’instant, un seul a pu rentrer, duquel 70 % du matériel médical avait été retiré avant même son arrivée dans la Ghouta orientale. Et les bombardements ont continué, inlassablement, alors que les humanitaires essayaient de distribuer une aide vitale. Sans aucune honte, sans aucune répercussion.
« Mourir c'est plus facile»
« Ma belle-sœur est enceinte, elle va accoucher d’un jour à l’autre, mais les hôpitaux sont détruits, et nous ne pouvons pas sortir à cause des bombardements qui continuent. Nous sommes 54 personnes dans le même abri, il y a des enfants, l’air commence à nous manquer. Si nous ne mourrons pas ici à cause des bombardements, j’ai peur que nous finissions par mourir de suffocation. »
Voilà le témoignage glaçant que nous rapportait cette semaine Sham*, l’un des humanitaires partenaires de CARE dans la Ghouta orientale. D’autres personnes nous ont confié préférer mourir que d’être blessées car, faute de soins médicaux, « mourir c’est plus facile ». En quelques semaines, 28 centres de santé ont été détruits par les bombardements.
Voilà ce qu’il se passe en Syrie. Les Syriens ne cessent de se poser la question : quand est-ce que cela prendra fin ? Nous ne pouvons plus fermer les yeux et rester sans rien faire. Le conflit dure depuis trop longtemps, les populations sont à bout de force. La plupart des Syriens ont le sentiment que leurs vies sont détruites et que le monde entier les a abandonnés.La communauté internationale doit absolument intervenir.
Sept ans après le début de la guerre, soyons clairs : l'aide humanitaire ne peut pas se substituer à l'action politique. La priorité est de mettre fin à cette guerre cruelle. En sept ans, en moyenne 100 personnes ont été tuées chaque jour en Syrie. Il faut de toute urgence que les violences contre les civils s’arrêtent et que les droits humains soient respectés. Demandons à la communauté internationale : que faites-vous pendant que la Ghouta orientale brûle ?
*Le prénom a été modifié pour protéger l’identité de cette personne.
CARE a déjà aidé 2,7 millions de personnes affectées par cette guerre
CARE et ses partenaires ont fourni une aide humanitaire à plus de 2,7 millions de personnes en Syrie et dans les pays accueillant les réfugiés syriens : distributions d’urgence, amélioration des conditions de vie, soutien financier et psychosocial. En Jordanie, au Liban et en Turquie, CARE travaille auprès des réfugiés et des communautés d’accueil.
Ce texte a été publié par le Journal du Dimanche