Syrie. L’hiver aggrave encore les conditions de vie dans les camps

Jeanne Berger, responsable de programmes urgences pour CARE alerte sur la situation : 

“Dans le nord-ouest et le nord-est du pays du pays où vivent des millions de déplacés à cause du conflit, l’hiver s’est installé avec des conséquences catastrophiques. Le mois dernier, des inondations ont emporté des centaines de tentes. Celles-ci ne suffisaient déjà pas à s’abriter du froid et des vents violents. La nuit, les températures descendent jusqu’à -5°C. 

La réalité que nous dépeigne nos collègues sur le terrain est cauchemardesque : ils nous ont rapporté le témoignage d’une femme qui disait ne pas dormir la nuit, car elle vérifiait sans cesse si ses enfants étaient toujours en vie. Il est impossible d'imaginer le stress et l'horreur à laquelle la population doit faire face. Les gens manquent de vêtements chauds pour se protéger du froid, on voit des gens dehors avec des chemises déchirées, des enfants en tongs. La nourriture, les médicaments et l'eau potable manquent aussi cruellement. Pour tenter de se réchauffer certains brûlent de vêtements, des pneus ce qui peut mettre en danger leur santé. Dans certains camps, cela donné lieu à des départs d’incendies. 

Le froid et les problèmes respiratoires augmentent et se propagent, sans parler de la menace de Covid-19 dans les camps surpeuplés sans accès à des soins de santé suffisants. D’autant plus que la plupart des personnes déplacées n'ont pas les moyens d'acheter des masques pour se protéger du virus." 

"Si les chutes de neige et les températures négatives ne sont pas inhabituelles au Moyen-Orient, on constate ces dernières années que le changement climatique a rendu la situation encore plus difficile. Les hivers sont plus rudes et plus meurtriers, et les gens sont de moins en moins capables de faire face aux températures glaciales. Les inondations se multiplient, emportant les tentes et les quelques biens que les gens ont pu emporter lorsque leurs maisons ont été bombardées. Dans de nombreuses régions de Syrie, la sécheresse et les fortes pluies ont également détruit les récoltes, obligeant les gens à dépenser tout leur argent pour acheter de la nourriture à des prix exorbitants sur les marchés. 

CARE et les autres ONG, en particulier les associations syriennes, travaillent très dur pour aider les gens à faire face au froid de l'hiver et aux inondations actuelles. Mais, après plus d'une décennie de guerre et surtout depuis la pandémie de Covid-19 les acteurs humanitaires manquent de financements pour répondre aux besoins les plus vitaux. Nous avons besoin d'urgence de plus d'argent pour pouvoir venir en aide à la population : distribuer et renforcer davantage de tentes et d'abris, permettre aux personnes les plus vulnérables d’avoir accès à de l’eau potable, de se nourrir, de se soigner et de vivre dignement et en sécurité aussi d’avoir une aide psychologique."