En Syrie, la population civile est prise dans le feu croisé de six ans de combats et paie un très lourd tribut : morts, blessures physiques et traumatismes psychologiques. Soutenu par CARE dans la région assiégée de Homs, Hamdou raconte comment il essaie de survivre malgré son handicap causé par les bombardements.
Nous vivons à quelques kilomètres seulement de la ligne de front entre l’armée gouvernementale et les forces d’opposition. Comme des milliers d’autres, ma famille est prise au piège par cette guerre. 250 000 personnes vivent dans notre région, Homs, assiégée depuis quatre ans.
Avec la guerre, le chômage et la pauvreté ont grimpé en flèche ; beaucoup d’emplois dépendaient auparavant du gouvernement. Les bombardements très fréquents ont aussi fait de nombreuses victimes. J’en fais partie.
J’étais au travail quand j’ai été blessé par des éclats d’obus, il y a deux ans maintenant. J’ai été transporté à l’hôpital immédiatement. Ma blessure à l’estomac était superficielle, mais mon pied nécessitait une opération.
Malgré des mois de rééducation dans la douleur, je n’ai pas réussi à récupérer entièrement l’usage de mon pied. Non seulement, je ne pouvais plus marcher normalement, mais je ne pouvais plus travailler. La situation était très difficile à vivre. Je me sentais diminué physiquement et je ne pouvais plus subvenir aux besoins des miens. J’avais perdu tout espoir de pouvoir à nouveau offrir une vie décente à ma famille.
Cette activité m’a permis de porter un autre regard sur mon invalidité.
Mais au printemps dernier, j’ai participé à un programme initié par CARE et une association syrienne. Comme d’autres familles très vulnérables, nous avons reçu des outils et des semences afin de planter et récolter nos propres légumes. J’ai pu mettre à manger sur la table, acheter des vêtements et des fournitures scolaires pour mes enfants grâce à la vente des légumes.
Cette activité m’a permis de porter un autre regard sur mon invalidité. Dans mon champ, je m’occupe de tout : je prépare la terre, je plante les graines, je les arrose puis je fais la récolte avec l’aide de ma femme et de mes enfants. Quand je travaille dans mon champ, mon handicap n’est plus un problème.
Bien sûr, il reste encore de nombreux défis à surmonter mais cette nouvelle activité a permis à l’ensemble de ma famille de reprendre espoir et de partager des moments de complicités. Mes cinq enfants sont toujours partants pour m’aider. Pour eux c’est un jeu, un moment d’excitation et de joie. Etre indépendant, pouvoir nourrir ma famille, gagner un peu d’argent, passer du temps ensemble et rire nous permet de retrouver un sentiment de normalité après six longues années de guerre.
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L’ONG CARE et ses partenaires ont fourni une aide humanitaire à plus de 2,5 millions de personnes en Syrie et dans les pays qui accueillent des réfugiés syriens.
Ce texte a été publié par le Journal du Dimanche