Pour Jiwan, travailler dans l'humanitaire est aujourd’hui une évidence. Responsable des programmes d’urgence de CARE dans le nord-est de la Syrie, il partage avec vous son combat pour son pays, ses espoirs, mais aussi les difficultés auxquelles il fait face au quotidien.
La guerre, le quotidien de Jiwan en Syrie depuis 2011
"Je venais de terminer mes études secondaires lorsque la situation est devenue instable dans mon pays. Comme beaucoup d'autres jeunes hommes et femmes ici, la guerre en a été la seule constante stable dans ma vie au cours de la dernière décennie. Ce n'était pas facile d'aller à l'université avec tout ce qui se passait. Mais j'ai réussi à obtenir un diplôme en génie pétrolier.
Lorsque j'ai obtenu mon premier emploi, la situation était si difficile que toute ma famille – mes parents, ma sœur et mes deux frères – avait quitté la Syrie et s'était installée aux Pays-Bas. Je ne voulais pas y aller, car j’étais convaincu que cette guerre se terminerait bientôt. Je devais être présent à ce moment-là pour me retrousser les manches et reconstruire ce pays que j'aime tant."
Devenir travailleur humanitaire dans son propre pays
"J'ai commencé à travailler pour CARE il y a presque 4 ans. J’ai vraiment grandi avec cette association. J’ai eu l’occasion de renforcer mes compétences et d’assumer plus de responsabilités. Depuis janvier 2020, je suis responsable des urgences dans le pays. Ma mission est de soutenir 1,5 million de personnes qui ont besoin d’une aide humanitaire dans le nord-est de la Syrie.
Je me souviens encore du jour où je suis vraiment devenu un humanitaire. C'était la première fois que je visitais un camp de déplacés dans leur propre pays.
J'ai été choqué de voir combien de familles avaient tout perdu : des êtres chers, mais aussi leur maison et tout ce pour quoi ils avaient travaillé. C'est alors que j'ai su ce que je voulais faire dans les années à venir : aider mes compatriotes.
Ils ont dû quitter le confort de leur foyer pour s'installer dans des petites tentes, et dorment aujourd’hui sur de minces matelas avec des dizaines d'autres personnes. Je ne peux m’empêcher de me demander comment ils ont réussi à continuer malgré toutes ces épreuves."
La pandémie de Covid-19 a exacerbé les besoins et les obstacles des humanitaires
"L'année écoulée a été particulièrement difficile, car la pandémie de COVID-19 n'a malheureusement pas épargné le pays. De nombreux collègues sont tombés malades et nous avons recensé beaucoup de cas dans les camps où nous travaillons.
Aujourd’hui, nous ne pouvons plus aller à la rencontre des communautés aussi facilement. Nous devons parfois prendre les demandes d’aide au téléphone. Mais la couverture téléphonique n'est pas bonne. Il nous arrive d’essayer d’appeler les gens plus de 10 fois avant de pouvoir les joindre.
Les conditions climatiques ont également aggravé la situation de milliers de familles : il n’y a pratiquement pas eu de pluie cet hiver, ce qui a entraîné une mauvaise récolte. Comme la plupart des habitants du Nord-Est dépendent de l'agriculture pour vivre, encore plus de personnes luttent maintenant pour se nourrir.
Nous travaillons plus d'heures que jamais pour pouvoir accomplir notre mission et aider le plus de personnes possibles. C'est leur courage qui me pousse à ne pas abandonner."
L'action de CARE en Syrie
L’association CARE travaille en Syrie depuis 2014, et a aidé plus de 6 millions de personnes à ce jour. CARE aide les personnes vulnérables et déplacées dans le nord de la Syrie : accès à l’eau, distributions de paniers alimentaires, de kits d'hygiène, d'ustensiles de cuisine et de vêtements d'hiver. De plus, CARE fournit un soutien psychosocial aux personnes immédiatement affectées par la violence.