Bien que faisant partie des zones dites officiellement de désescalade, les régions d’Idlib et de la Ghouta orientale sont en proie à de violents combats. Zeina, Hanane et Maryam*, travailleuses humanitaires pour des associations syriennes, partenaires de CARE, racontent l’horreur vécue par les civils piégés par les affrontements.
A Idlib, « les bombardements ont pris tout le monde par surprise »
Maryam, 39 ans : « Depuis le mois de décembre, les bombardements et les frappes aériennes ont redoublé d’intensité forçant 200.000 personnes à s’enfuir dans la précipitation. La plupart étaient déjà des déplacés internes, ils avaient fui les combats dans d’autres régions. Une fois encore, ils sont forcés de tout quitter. Ils n’ont plus rien, parfois même pas une couverture pour tenter de se construire un abri.
Des milliers de personnes dorment désormais dans des champs. Il n’y a pas de nourriture car les prix se sont envolés, pas d’eau, pas de toilettes, à peine un peu de bois pour se chauffer. La situation est vraiment terrible.
Lors de chacune de nos interventions, nous entendons des témoignages effroyables… même pour des humanitaires expérimentés, c’est du jamais vu. Lors du siège d’Alep, nous nous étions préparés à faire face à l’arrivée massive de déplacés. Là, les bombardements ont pris tout le monde par surprise. Les ONG font tout ce qu’elles peuvent mais le rythme des attaques est extrêmement soutenu. Chaque jour, des nouvelles personnes fuient, et nous n’avons pas le temps d’aider tout le monde. À peine, nous évaluons les besoins dans un camp que de nouveaux déplacés arrivent, de nouveaux camps de fortune apparaissent.
Il faut absolument mettre fin aux attaques contre les civils. Pour la seule région d’Idlib, 16 attaques ont été perpétrées contre des établissements de santé. »
Dans la Ghouta orientale, l'intensification des frappes paralyse les civils
Hanane, 22 ans, et Zeina, 38 ans sont prises au piège dans cette région assiégée depuis 2012 :
« Le durcissement du siège et l’intensification des frappes aériennes ont un impact dramatique sur les habitants. Le manque de soins et de nourriture pousse les familles à avoir recours à des solutions extrêmes. Elles mélangent du fourrage avec de la farine ou de l’orge pour faire du pain. Des produits de base, comme le lait ou la farine, sont devenus des aliments de luxe. Aujourd’hui, plus aucun produit ne rentre dans la région.
Beaucoup de gens perdent leurs cheveux, leurs dents à cause de la malnutrition. Le gaz est interdit et il n’y a pas d’électricité. Pour cuisiner et nous chauffer, nous utilisons du bois.
Les cas de fausses couches sont en augmentation et les patients atteints de cancer n’ont plus accès à leur traitement. Pour tenter de se soigner, les gens utilisent des antibiotiques périmés vendus 10 fois plus chers qu’à Damas. Aucune évacuation médicale n’a pu avoir lieu depuis décembre.
Ces derniers jours, nous ne pouvons travailler que quelques heures par jour à cause des bombardements quotidiens. Récemment, nous sommes restées coincées pendant plus de 7 heures dans un abri souterrain, attendant la fin des bombardements. »
*Les prénoms ont été modifiés pour protéger l’identité de ces personnes.
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L’ONG CARE et ses partenaires ont fourni une aide humanitaire à plus de 2,5 millions de personnes en Syrie et dans les pays qui accueillent des réfugiés syriens.
CARE et ses partenaires syriens soutiennent les populations par des distributions d’urgence : nourriture, couvertures, matelas et produits d’hygiène. CARE va également apporter un soutien financier pour permettre aux civils d’acheter ce dont ils ont besoin.
Ce texte a été publié par le Journal du Dimanche