Près de 4,8 millions de Syriens ont fui la guerre qui déchire leur pays depuis plus de cinq ans. Adulaleem, réfugié en Jordanie, partage ses espoirs pour la nouvelle année. Son vœu le plus cher ? Que la paix revienne en Syrie et que le reste du monde soit en sécurité. Un témoignage recueilli par nos équipes en Jordanie qui soutiennent Adulaleem et sa famille.
« Je ne veux pas que mes enfants soient blessés ou qu’ils fassent du mal à quelqu’un »
Les trois enfants se serrent contre leur père en riant. Adulaleem garde, lui aussi, le sourire malgré le fait d’avoir tout perdu en Syrie. Il continue d’espérer et de rêver pour ses enfants.
« Ces dernières années ont été très difficiles. Mais le plus important, c’est que mes enfants soient en sécurité. Je ne veux pas qu’ils soient blessés ou qu’ils fassent du mal à quelqu’un », explique Adulaleem en regardant sa petite tribu s’amuser et son dernier-né de six mois qui dort calmement dans les bras de sa mère.
C’est pour protéger sa famille qu’Adulaleem a décidé de fuir la Syrie en 2013.
« Nous avons fait deux jours de route avant de traverser à pied la frontière jordanienne. Le trajet était difficile, surtout pour ma femme qui était enceinte de cinq mois. Mais nous ne pouvions pas rester. Nous devions tout faire pour que notre fils et notre futur bébé soient en sécurité. »
« Je voudrais retrouver ma dignité et pouvoir prendre soin de ma famille. »
Adulaleem s’estime chanceux de recevoir un peu d’aide. Il essaie de rester positif malgré des conditions de vie très difficiles à Amman, la capitale jordanienne.
« L’année dernière, nous vivions dans un appartement en sous-sol mais l’humidité était très mauvaise pour l’asthme de mon cadet. C’est pour lui que nous avons trouvé cet endroit. Nous vivons tous ici, dans cette pièce. C’est beaucoup mieux même s’il y aurait beaucoup d’améliorations à apporter. L’hiver, nous nous serrons tous contre ce vieux chauffage que nous avons pu faire réparer », raconte Adulaleem en regardant autour de lui. « De toute façon, nous n’avons nulle part d’autre où aller. »
Cette nouvelle année marque le prolongement de son exil : Adulaleem espère qu’elle sera meilleure pour lui et sa famille.
« Je voudrais retrouver ma dignité et avoir les moyens de prendre soin de ma famille par moi-même. Je ne veux plus avoir à dépendre des autres. Je ne veux plus avoir autant de dettes. Je dois toujours 200 JD (soit 266 €) à mes voisins. Il y a quelques mois, je leur en devais le double. Aujourd’hui, tout ce que je souhaite, c’est d’avoir un revenu stable. »
Mohammed, six ans, souffre d’anémie, faute de repas équilibrés.
Adulaleem a souvent du mal à payer leur loyer de 160JD (soit 213 €) et à faire vivre sa famille. CARE vient d’aider sa famille en lui distribuant 260JD (soit 346 €). Ils reçoivent également une aide mensuelle de 10 JD (soit 13 €) par personne, grâce au Programme alimentaire mondial. C’est suffisant pour qu’ils puissent se nourrir mais pas assez pour avoir des repas variés et équilibrés.
« Tout le monde aime manger un bon repas, rigole Adulaleem, mais notre régime alimentaire dépend de notre situation financière. Nous pouvons acheter du riz, des pâtes et parfois des légumes mais la plupart du temps nous n’avons pas de quoi acheter de la viande. »
Mohammed, l’aîné des enfants, est le premier à souffrir de cette situation. Quand ce petit garçon de six ans a commencé à perdre ses cheveux, ses parents l’ont emmené chez le docteur. Résultat : le manque d’apport en protéines a causé un important déficit en fer qui impacte la santé de Mohammed.
« Nous dépendons de ce que je gagne. À Homs, en Syrie, je possédais un magasin de meubles. Ici, je suis prêt à faire n’importe quel travail. La plupart du temps, je porte des choses lourdes pour des magasins, comme des sacs de farine pour les boulangeries. C’est notre seule source de revenus. En ce moment, je n’ai pas de quoi acheter de la viande ou des médicaments pour ma famille », explique Adulaleem qui, à 39 ans, souffre de douleurs dans le dos, du fait des efforts physiques de ces petits emplois.
Son souhait pour 2017 ? Vivre en paix
Mais Adulaleem veut relativiser toutes les difficultés auxquelles sa famille est confrontée. Son souhait le plus cher pour cette nouvelle année ?
« Je prie pour que la situation en Jordanie reste stable et que la paix perdure. Nous remercions ce pays qui nous a accueillis. Où iraient tous les réfugiés si nous devions quitter la Jordanie ? Mon souhait le plus cher est que la paix revienne en Syrie et que le reste du monde soit en sécurité. Vivre en paix, c’est la chose la plus important qui soit. »
L'action de CARE
L’ONG CARE a déjà fourni une aide humanitaire à plus d'2,5 millions de personnes affectées par la guerre en Syrie : populations en Syrie, réfugiés syriens et communautés hôtes au Liban, Jordanie et Turquie.