Par Maria Al Abdeh, membre de Women Now, association syrienne qui travaille dans la province d’Idlib avec le soutien de l’ONG CARE. Suite à l’attaque chimique de mardi, Maria appelle une nouvelle fois les parties au conflit et la communauté internationale à garantir la protection des civils syriens.
« Le peuple syrien est, lentement et violemment, décimé. »
Le peuple syrien est, lentement et violemment, décimé. Suite à l’attaque de mardi à Idlib, il y a eu de nombreuses rumeurs. Craignant d’autres bombardements, les habitants de la province étaient totalement paniqués. Les femmes qui fréquentent notre centre de formation nous ont demandé d’organiser en urgence une session sur les soins à apporter aux victimes d’attaques chimiques.
Depuis sept ans, les civils sont les premières victimes de cette guerre : tant que les bombardements et les combats continueront, ce sera le cas. Aucune déclaration, aucun discours ne changeront cette réalité.
« Nous sommes fatigués de multiplier les messages de dénonciation. »
Nous sommes fatigués de multiplier les messages de dénonciation, alors que les populations et nos collègues humanitaires en Syrie se font tuer chaque jour !
Nos équipes travaillent dans différentes régions syriennes dont celle d’Idlib et la Ghouta orientale. Face à l’escalade des violences ces dernières semaines, face aux bombardements et aux menaces d’attaques chimiques, nous avons été obligés de suspendre nos activités durant cinq jours afin de protéger nos équipes et les femmes que nous soutenons.
« La crise syrienne met en avant les dysfonctionnements du système d’aide mis en place par l’ONU. »
La crise syrienne met en avant les dysfonctionnements du système d’aide mis en place par l’ONU. Aujourd’hui, 4,72 millions de personnes en Syrie vivent dans des zones assiégées ou difficiles d’accès. Depuis des années, nous demandons en vain aux parties au conflit de respecter le droit de ces populations à recevoir une aide. L’ONU se félicite des rares autorisations accordées aux humanitaires, alors même que nous devrions focaliser toute notre attention sur ce qu’il reste à faire. On marche sur la tête.
L'année dernière, la communauté internationale a salué l’entrée d'un convoi humanitaire à Madaya, mais un an plus tard, le siège se poursuit. Et Madaya est à nouveau oubliée ! Le mois dernier, une activiste syrienne est morte en donnant naissance à son enfant, mort-né. Elle n’avait pas pu se rendre à l'hôpital qui se trouvait à seulement 2 km. Et tout ça à cause du siège. Pour moi, cette femme a été assassinée.
« Il est urgent et primordial de garantir la protection des civils. »
Il est urgent et primordial de garantir la protection des civils. Les Syriens pourront alors défendre le respect de leurs droits par eux-mêmes. Il en est de même pour les femmes syriennes, car elles sont fortes et résilientes. Leurs droits doivent également être pris en compte. Elles doivent être impliquées dans la mise en place des actions humanitaires ainsi que dans les discussions sur l’avenir de la Syrie.
Nous le rappelons encore une fois et nous n’aurons de cesse de le faire : il est essentiel que les parties du conflit, ainsi que la communauté internationale, respectent les droits humains des populations syriennes et mettent fin aux tragédies qui se déroulent sous nos yeux.
L'action de CARE pour aider les populations syriennes
L’ONG CARE et ses partenaires ont fourni une aide humanitaire à plus de 2,5 millions de personnes en Syrie et dans les pays voisins.
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Ce texte a été publié par le Journal du Dimanche