Le souvenir est encore douloureux et vif pour Daniel qui a vécu les explosions de Beyrouth le 4 août dernier. Six mois après, il revient sur les jours qui ont suivi la catastrophe, sa rencontre avec nos équipes et finalement son engagement à nos côtés en France.
Les explosions de Beyrouth : jour sombre dans les mémoires de la population libanaise.
Le 4 août dernier, la double explosion ravageait le cœur de la capitale libanaise, le port de Beyrouth.
Une catastrophe d’une extrême violence causant la mort à plus de 200 personnes, des milliers de blessés et une ville sous les décombres.
« En rentrant du travail ce jour-là, j’ai remarqué l’épaisse fumée qui se dégageait du port. Nous étions nombreux à nous être arrêtés pour regarder, curieux, sans se douter de ce qu’il allait se passer. Puis, l’explosion m'a projeté sur quelques mètres. En quelques secondes, Beyrouth était ravagé. Mon appartement a été détruit. »
Les jours qui ont suivi la catastrophe ont été extrêmement difficiles : les hôpitaux saturés de blessés, des centaines de milliers de personnes sans-abris, sans ressources et des rues entières à déblayer.
« Ça a été la panique : cette catastrophe a réouvert beaucoup de traumatismes du passé, de la guerre. Pendant des semaines, la population était déprimée, à bout de souffle. Aucune lueur d’espoir. Les Libanais et Libanaises avaient été touchés en leur cœur. »
« Au Liban, j’avais monté mon entreprise pour amplifier le pouvoir d’action des femmes libanaises et je donnais également des cours d’art martiaux pour enfants et adultes. Les jours suivants, j’ai appris le décès du père d’un de mes élèves. Son appartement était parti en fumée. Ça m’a bouleversé. »
Dans les heures qui ont suivi l’explosion, les équipes libanaises de CARE se sont mobilisées pour venir en aide aux populations touchées par la catastrophe. Distributions alimentaires et de kits d’hygiène, soutien psychosocial, solutions d’hébergements et soutien aux activités génératrices de revenus...
« Dès le lendemain, une équipe de CARE est arrivée pour nous aider. Dans les appartements de mon immeuble, ils ont fait un travail incroyable : en 5 ou 6 heures, ils avaient débarrassé tout mon appartement. C’était méconnaissable. Le jour suivant, je me suis rendu dans le centre de Beyrouth pour chercher de la nourriture. C’est là que j’ai à nouveau rencontré les équipes de CARE : ils distribuaient de la nourriture et de l’eau à la population. »
Encore aujourd’hui, malgré le reconfinement strict pour faire face à la flambée du Coronavirus, nos équipes font partie des rares ONG encore autorisées à apporter de l’aide.
Un retour en France précipité mais une volonté sans faille de s’engager.
Parti en France rejoindre une partie de sa famille, Daniel a dû rapidement chercher des solutions pour lui permettre de payer les réparations de son appartement à Beyrouth. Pour lui, allier travail et solidarité était une évidence.
« J’ai tout de suite cherché du travail dans le social, comme ce que je faisais au Liban. Je suis tombé sur une annonce pour devenir responsable d’une équipe de recruteurs de donateurs. Sur le site, plusieurs ONG proposaient des missions, mais là, j’ai reconnu le logo de CARE et la photo du stand de distribution auquel j’avais reçu de l’aide ! J’ai postulé immédiatement et j’ai demandé à travailler pour CARE. Ça m’a beaucoup plu ! Je défendais des missions et valeurs qui me tenaient à cœur et qui m’avaient moi-même aidé quelques mois plus tôt. Ça donnait du sens à ce que je faisais. »
À ce jour, la population libanaise se reconstruit petit à petit mais le chemin semble encore long, notamment à cause de l’effondrement économique du pays.
« Nous devons rester soudés sur le long terme pour pouvoir relever les défis qui nous attendent. Comment reconstruire un pays quand le matériel est importé de l’étranger et que ta monnaie se dévalue de jour en jour ? Les Libanais n’ont plus les moyens, la monnaie ne vaut plus rien. Que ce soit pour les matériaux de reconstruction, les équipements mais aussi les biens de première nécessité. Une couche pour enfant vaut 40 dollars. Et c’est la même chose pour la quasi-totalité de tout ce que l’on peut acheter au Liban. Je vous laisse imaginer ! »
Aujourd'hui, Daniel espère pouvoir rapidement retourner à Beyrouth et apporter son soutien dans les défis qui attendent la population.
« 6 mois après ? Le Liban me manque, ma vie là-bas me manque. Le symbole de Beyrouth est le phoenix qui renait toujours de ses cendres. Ce n’est pas cette énième catastrophe qui nous mettra à genoux. Nous nous sommes toujours relevés. »