Croyances sexistes : les femmes ne peuvent pas diriger

Plusieurs communautés de la République démocratique du Congo (RDC) pensent que diriger reste l’apanage des hommes. C’est là qu’intervient Heveline, 25 ans, qui va devenir l’une des rares femmes cheffes du pays. Mais la route n’a pas été facile.

À la mort de son père qui était Mwami (chef traditionnel), le conseil des anciens de son village a désigné Heveline pour lui succéder. Mais encore mineure à l’époque, son oncle devait la remplacer temporairement.

« Lorsque j’ai eu 18 ans, j’étais heureuse car je pouvais désormais assumer le rôle que mon père et les chefs m’avaient transmis », se souvient Heveline. « Mais mon oncle a refusé. J’ai commencé à m’y consacrer activement malgré tout et ma vie a été menacée. Dans mon village et ma région, beaucoup croient encore que les femmes ne sont pas autorisées à dire quoi que ce soit devant les hommes et encore moins à occuper des postes d’autorité. »

Craignant pour sa vie, Heveline est forcée d’abandonner ses études en 2020 et de fuir avec ses enfants pour se réfugier à 80 km de chez elle, chez sa grand-mère, à Goma. 

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La justice pour défendre les droits d’Heveline et des femmes

heveline, cheffe de son village en RDC

Mais Heveline est une femme forte et déterminée. Elle a décidé de défendre ses droits, en déposant plainte. Cela a rassemblé un grand nombre de personnes : tuteurs coutumiers, la famille royale, les sages du village ainsi que les équipes de CARE.  

D’autres cas de discriminations sexistes ayant été reportés dans la région d’origine d’Heveline, CARE a soutenu une large enquête sur les droits des femmes . Cette investigation a été menée par Andre, un fonctionnaire des affaires coutumières et membre de notre programme « Men Engage ». Ce projet sensibilise et forme les autorités locales au respect des droits des femmes.

« Nous éduquons les hommes à considérer la femme comme une alliée et non comme un adversaire », explique Sylvia Wendo, chef de projet pour CARE en RDC. « Nous travaillons avec les autorités, car lorsqu’il y a une plainte, c’est à [eux] que la femme doit s’adresser. »

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Heveline veut maintenant aider sa communauté et notamment les femmes

Suite à l’arbitrage, Heveline a reçu une décision favorable. Maintenant, après sept ans de retard, Heveline va devenir l’une des rares femmes cheffes du pays. Elle a cœur d’aider sa communauté. « Nos routes sont délabrées et l’insécurité est un problème majeur pour les habitants de mon village. Il faudra y remédier de toute urgence. Les gens ne peuvent pas se rendre dans leurs fermes et, par conséquent, ils n’ont pas accès à la nourriture. Quand je vois cela, je ressens beaucoup de douleur », dit-elle.

Et elle veut aussi se consacrer à aider les femmes et filles de son village. « Les enfants, et en particulier les filles, ne sont pas en mesure de poursuivre leurs études en raison des conflits constants. » Elle appelle les femmes et les filles à poursuivre leur éducation, et à s’entraider pour le développement de leur communauté. « À celles qui ont le sentiment d’être privées de leurs droits, je vous invite à ne pas avoir peur mais à vous battre pour vos droits. »

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