Le conflit au Yémen se détériore rapidement. Les attaques contre les populations civiles se multiplient. À la veille du lancement des consultations entre les parties au conflit, CARE et 15 ONG appellent la France à peser de tout son poids pour mettre fin aux violations répétées du droit international au Yémen. 

Une hausse des attaques contre les civils

Alors que le conflit sévit depuis trois ans, le mois d’août 2018 a été l’un des plus meurtriers avec plus de 450 civils tués en neuf jours. Le 9 août dernier, ce sont plus de 40 enfants qui ont été victimes d’une attaque aérienne visant un bus scolaire dans le nord du pays. Le 23 août, un nouveau raid aérien tuait au moins 22 enfants fuyant la ville assiégée d’Hodeidah selon l’ONU. 

La semaine dernière, le Groupe d’éminents experts sur le Yémen (GEE) pointait ainsi l’existence possible de crimes de guerre. Si toutes les parties au conflit sont impliquées, le GEE estime que les frappes aériennes de la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont à l’origine de la majorité des pertes civiles. 

Un situation humanitaire désastreuse

Cette recrudescence des attaques contre les civils intervient sur fond de crise humanitaire aigüe – la plus grave au monde selon l’ONU. Les Yéménites meurent de malnutrition et de maladies évitables faute d’accès aux biens et services de base.  

Plus de 3 Yéménites sur 4 dépendent de l’aide extérieure pour survivre et plus de 8 millions sont menacés de famine, un chiffre qui pourrait s’élever à 18 millions d’ici la fin de l’année si rien ne change. Or le blocus imposé par la coalition arabe constitue un obstacle sérieux à l’acheminement de vivres, de carburant et de toute aide humanitaire.

En finir avec les violations du droit international

Demain débutent des discussions entre les parties au conflit pilotées par l’Envoyé Spécial des Nations unies sur le Yémen, Martin Griffiths. À cette occasion, CARE et 15 ONG appellent la France à peser de tout son poids pour mettre fin aux violations répétées du droit international au Yémen.  

La France doit :

  • Se montrer ferme et condamner, publiquement et systématiquement, toutes les attaques contre les populations civiles yéménites et autres violations du droit international humanitaire par l’ensemble des parties au conflit. 
  • Soutenir le renouvellement et le renforcement du mandat du Groupe d’éminents experts, outil indispensable pour documenter les violations des droits humains et lutter contre l’impunité. La France doit s’assurer que les recommandations du GEE soient mises en œuvre rapidement, en particulier l’arrêt immédiat des violences contre les civils et la levée des restrictions à l’accès humanitaire et au mouvement de personnes, notamment à travers l’aéroport international de Sana’a.
  • Suspendre immédiatement les transferts de matériels militaires à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. La France ne peut prendre le risque que les armes qu’elle vend soient utilisées contre les populations civiles yéménites. 

Il est temps d’agir ! Les consultations qui débuteront demain doivent être un signe d’espoir pour les millions de Yéménites pris au piège par ce conflit

Signataires

ACAT ; Action Contre la Faim ; Alliance internationale pour la défense des droits et des libertés (AIDL) ; Amnesty International France ; Avaaz, CARE France ; Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) ; Handicap International ; Human Rights Watch ; Ligue des droits de l’Homme (LDH) ; Médecins du Monde ; Norwegian Refugee Council ; Observatoire des armements ; Première Urgence Internationale ; Solidarités International ; SumOfUs.