Au Yémen, l’épidémie de choléra a déjà fait plus de 1 000 victimes. Cette maladie hautement contagieuse peut tuer en quelques heures. Beaucoup de Yéménites, affectés par deux ans de guerre, disposent de peu d’argent pour se faire soigner. Voici le témoignage des familles de trois enfants gravement malades.
« Son traitement nous pousse dans nos derniers retranchements. »
Atteinte de choléra, Bushra, 12 ans, est soignée à l’hôpital Aljomhuri dans la ville d’Hajja. Avant la guerre, son père travaillait en tant qu’ouvrier du bâtiment. Désormais, la plupart des chantiers se sont arrêtés. Sa famille n’a plus aucune source de revenus.
« Prendre soin de la santé de Bushra était déjà difficile avant la guerre, car elle souffre d’anémie hémolytique*. Aujourd’hui, elle est malade du choléra. Son traitement nous pousse dans nos derniers retranchements. On a fui notre village et les combats. Maintenant, nous vivons à cinq dans une pièce unique. On garde espoir que notre situation s’améliore », explique la sœur aînée de Bushra.
* Cette maladie se caractérise par un taux anormalement bas d'hémoglobine, partie des globules rouges qui assure le transport de l'oxygène des poumons aux tissus.
Hatem, sept mois, attend de se faire enlever la canule du kit de réhydratation qui lui avait été posée pour le soigner. De nouveaux cas d’infection arrivent sans arrêt à l’hôpital et toute l’équipe est submergée. Hatem devra encore patienter un petit moment.
« Nos trois enfants et nous dépendons de mon beau-frère pour subvenir à nos besoins. Mon mari est handicapé et ne parvient pas à trouver du travail », explique la mère d’Hatem. « L’hôpital nous a demandé de payer 2000 rials (environ 5 euros) pour le test de dépistage du choléra, ce qui représente la moitié de ce que gagne l’oncle d’Hatem en une journée. J’ai peur que le choléra soit une épreuve supplémentaire à laquelle nous ne pourrons faire face. »
« Des tas de gens malades n’ont pas les moyens de payer les frais de transport pour se rendre à l’hôpital. »
Il y a trois jours, Mustafa, 10 ans, a été admis dans un état critique à l’hôpital Aljomhuri. Il a été victime d’une infection aiguë de choléra.
« Nous espérions que l’état de Mustafa s’améliore tout seul. Mais, après quatre jours, il avait des fortes diarrhées et il ne pouvait plus du tout bouger. À l’hôpital, on nous a dit qu’il était sévèrement déshydraté », explique le père de Mustafa. « Je connais des tas de gens malades qui n’ont pas les moyens de payer les frais de transport pour se rendre à l’hôpital. Je suis soulagé d’avoir de quoi payer l’admission de mon fils à l’hôpital. »
Pour mieux comprendre
Le Yémen est un pays qui s'effondre : guerre, faim et choléra affectent les populations civiles. Plus de 240 000 cas de choléra ont été recensés et 1 300 personnes sont mortes, victimes de cette épidémie. Au total, 18,8 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, soit près de 80% de la population.
Les équipes de CARE apportent une aide d’urgence
Nos équipes ont déjà soutenu 2 millions de personnes. CARE soutient des centres de santé pour pallier l’effondrement des infrastructures médicales et sanitaires. Nos équipes assurent également un accès à de l’eau potable et à des infrastructures d’assainissement.