Hind vit au Yémen, un pays en guerre depuis près de trois ans. Membre de notre bureau local, elle dresse le bilan humanitaire de l'année 2017 et nous fait part de ses souhaits pour cette nouvelle année.

© CARE 2017 / Hind Abbas, membre de l’ONG CARE au Yémen

Parfois, j’espère que les trois dernières années ne soient qu’un mauvais rêve.

2017 ne fut pas une bonne année pour mon pays. Parfois, j’espère que les trois dernières années ne soient qu’un mauvais rêve et que tout sera différent quand j’ouvrirais les yeux.

En chaque début d’année, ma meilleure amie et moi allions acheter le plus joli carnet que nous trouvions. Devant une part de gâteau et un café, nous restions des heures à faire la liste de nos projets. Au fur et à mesure que nous grandissions, nos rêves grandissaient eux aussi.

Tout le monde est épuisé par cette guerre.

Aujourd’hui, tout est différent. Marcher dans les rues de Sanaa n’est plus la même chose. La vue des immeubles et des magasins endommagés par près de trois ans de combats me brise le cœur. On lit de la souffrance sur le visage de chaque Yéménite. Au nord, au sud, dans les villes comme dans les villages, tout le monde est épuisé par cette guerre, aussi bien physiquement qu’émotionnellement. Nous avons tous passé des centaines d’heures cachés dans des sous-sols ou des recoins lors des frappes aériennes et des bombardements. Et pendant des heures, nous attendons dans de longues files d’attentes, pour un peu d’eau et du gaz pour cuisiner.

Le prix de la nourriture a également augmenté de 60%.

Cette année, la situation humanitaire n’a cessé de se détériorer, jour après jour. Le blocus et la fermeture des ports ont causé une forte pénurie de médicaments et de carburant, nécessaire pour les transports mais aussi pour l’accès à l'eau potable et le fonctionnement des hôpitaux. Et ce alors même que le pays souffre d’une terrible épidémie de choléra. Le prix de la nourriture a également augmenté de 60%. Sept millions de personnes sont aujourd’hui menacées par la famine.

Mais, si beaucoup doivent aujourd’hui se contenter d’un seul repas par jour, les Yéménites restent généreux. Lorsque je me suis rendue dans certains des villages les plus touchés par la crise humanitaire, les gens nous ont accueillis à bras ouvert. Tous, nous espérons ne plus avoir à vivre dans la peur ou souffrir de la faim.

Nous voulons dormir sans avoir peur du lendemain.

Nous voulons dormir sans avoir peur du lendemain. Nous voulons marcher dans la rue et que nos enfants aillent à l’école sans craindre les frappes aériennes. Nous voulons avoir une vie normale, de l’eau potable, de l’électricité, et pouvoir rêver à nouveau.

Cette année, je ne partagerai pas de café et de gâteau au chocolat avec ma meilleure amie qui a fui à l’étranger. Je ne pourrai pas noter mes rêves dans un nouveau joli carnet. Mais je sais exactement ce que je désire : voir à nouveau de vrais sourires sur les visages de mes concitoyens. Pour 2018, des millions de Yéménites ne souhaitent qu’une chose : vivre en paix. Et j’espère que le monde se mobilisera pour nous aider à réaliser ce rêve. 

Les équipes de CARE apportent une aide d’urgence.

Nos équipes ont déjà soutenu 2 millions de personnes. CARE soutient des centres de santé pour pallier l’effondrement des infrastructures médicales et sanitaires. Nos équipes assurent également un accès à de l’eau potable et à des infrastructures d’assainissement.

Ce texte a été publié par le HuffPost