Qualifié « d’enfer sur terre » par l’UNICEF, le Yémen voit sa situation s’aggraver de jour en jour. Ce weekend, les combats se sont intensifiés dans la ville d’Hodeïda, principal port du pays par lequel transite 70% des importations. L’une des principales conséquences du conflit est le manque d’accès à la nourriture. Aujourd’hui, 14 millions de personnes sont au bord de la famine. CARE, présente dans le pays depuis 1992, a pu recueillir les témoignages de la population. 

« Je pleure la nuit en pensant à notre situation. »

« Il y a cinq ans, nous étions capables de survivre avec le peu que nous avions. Mais depuis la guerre je n’arrive pas à nourrir ma famille. Je pleure la nuit en pensant à notre situation, je n'arrive pas à dormir quand j'entends mes petits-enfants pleurer de faim. Parfois, je sors et je marche pendant des heures pour trouver un restaurant ou un supermarché, qui accepterait de nous donner de la nourriture », explique Taqia qui a perdu son mari et vit avec sa fille et ses petits-enfants.

« Mon mari est décédé avant la guerre, mes enfants et ma mère âgée dépendent de moi. Depuis la guerre et avec la hausse des prix, mes revenus ne sont pas suffisants pour subvenir à nos besoins. Je ne sais pas comment nourrir mes enfants, je ne veux pas les regarder mourir de faim… », raconte Qayma. 

« J'ai dix enfants, le plus âgé a seulement douze ans. Ils sont encore si jeunes, ils ont besoin d'être nourris correctement pour grandir mais je n’y arrive pas. Nous avons une petite ferme dans laquelle nous cultivons des légumes, mais avec la hausse du prix de l’eau, nous ne pouvons plus nous permettre de cultiver quoi que ce soit », explique Samira

Les Yéménites sont confrontés à une accumulation de facteurs cauchemardesques : frappes aériennes, combats, crise économique, disparition des services de soins et des services publics, propagation de maladies telles que le choléra et manque cruel de nourriture. 

Cette tragédie humaine doit prendre fin immédiatement

Passé de 8,4 millions fin 2017 à 11 millions en septembre 2018, le nombre de personnes menacées de famine est en constante augmentation. En octobre, il a atteint 14 millions, quasiment le double du chiffre de l’an dernier à la même époque. L’ONU devrait incessamment déclarer l’état de famine dans le pays.

« Déclarer l’état de famine signifierait que la communauté internationale a déjà échoué au Yémen. Deux des plafonds nécessaires pour déclarer une famine -les taux de mortalité et de malnutrition aiguë- sont des indicateurs retardés, c'est-à-dire qu'au moment où ils seront franchis, les gens seront déjà en train de mourir. Mais, que l’état de famine soit prononcé ou non dans les semaines à venir, la réalité est que la moitié des Yéménites ne savent pas où trouver leur prochain repas, » alerte Jolien Veldwijk, directrice adjointe de CARE au Yémen.


Il est impératif que toutes les parties au conflit prennent des mesures pour instaurer un cessez-le-feu immédiat et participent pleinement aux pourparlers de paix. La seule solution réelle et durable à la crise humanitaire catastrophique au Yémen est une solution politique au conflit. Cette tragédie humaine doit prendre fin immédiatement.

« Les populations ont besoin d'une aide humanitaire d’urgence pour survivre. Mais ce n'est pas une solution. La seule solution est de ramener la paix dans notre pays. La paix est notre seul espoir », déclare Fathiah, travailleuse humanitaire chez CARE au Yémen. 

L'action de CARE

CARE travaille au Yémen depuis 1992 et continue d’apporter une aide humanitaire dans les circonstances actuelles, extrêmement difficiles. CARE apporte une aide d'urgence à la population : accès à l'eau potable, réhabilitation de latrine, distribution de kits d’hygiène et de nourriture. CARE soutient également les femmes dans les domaines de la protection et de la violence sexiste.

Contact médias

Nos porte-paroles au Yémen et à Paris sont disponibles pour des interviews. Contactez Camille Nozières, CARE France : nozieres@carefrance.org ; 01 53 19 87 68 / 07 86 00 42 75.