Le 9 août prochain marquera les 3 ans de la fermeture de l’aéroport de Sanaa aux vols commerciaux. Les conséquences de ces restrictions imposées par la coalition saoudienne à l’espace aérien yéménite sont dramatiques. Depuis 2016, près de 32 000 personnes pourraient être décédées prématurément faute d’avoir pu se rendre à l'étranger pour se faire soigner, selon le ministère de la santé à Sanaa.

Rien ne justifie d'empêcher des malades de quitter le pays pour se faire soigner

« Comme si les balles, les bombes et le choléra n’avaient pas fait suffisamment de victimes, la fermeture de l’aéroport condamne des milliers de personnes à une mort prématurée. Rien ne justifie d'empêcher des civils très malades de quitter le pays pour se faire soigner alors que leur vie en dépend », déclare Mohammed Abdi, directeur national du Conseil norvégien pour les réfugiés au Yémen.

Quatre années de guerre ont décimé le système de santé déjà fragile du Yémen. Moins de la moitié des établissements de santé sont pleinement opérationnels. Une grande partie de l’équipement médical du pays, y compris dans la capitale, Sanaa, est obsolète et doit être remplacée de toute urgence, selon le ministère de la santé Yéménite. Les restrictions imposées aux importations ont fait plus que doubler les prix des médicaments qui sont devenus inabordables pour la majorité de la population.

Avant la guerre, environ 7 000 Yéménites voyageaient chaque année depuis l'aéroport de Sanaa afin de recevoir un traitement médical non disponible au Yémen, notamment pour des maladies du cœur, des reins et du foie, des maladies du sang ou le cancer. Aujourd’hui, la seule option est de prendre la route pour Aden ou Seiyun pour y prendre un avion. Mais c’est un voyage qui peut durer de 15 à 24 heures et qui implique de traverser des zones de conflit. Le coût, la pénibilité et la peur des représailles ou de se faire arrêter découragent beaucoup de malades d’entreprendre le voyage.

« Voyager en dehors du Yémen est impossible tant que l'aéroport le plus proche reste fermé. Je suis malade du foie et même un trajet de huit heures est très difficile dans mon état. Et même une fois arrivé à Aden, il reste de longues procédures à accomplir avant de pouvoir voyager : obtention des passeports, visas, rapports médicaux et autorisations de voyage... Je souhaite qu'ils réouvrent l'aéroport afin que toute nous puissions voyager et nous faire soigner à l'extérieur ", racontait Abdo Ahmen Mohammed Qassem, enseignant de 47 ans et père de six enfants. Malheureusement, il a perdu son combat contre la maladie et est décédé le 19 juin.

Au Yémen, les gens meurent de ne pouvoir faire des choses basiques

La fermeture de l'aéroport de Sanaa n’est qu’un autre exemple de la manière dont le blocus et les restrictions (sur le matériel humanitaire, les produits alimentaires, le carburant, les médicaments), exacerbent la crise humanitaire et conduisent à des situations intolérables.

« Au Yémen, des millions de personnes souffrent d’un manque d’accès à ce que nous considérons comme acquis dans la plupart des pays ! Les gens meurent de ne pouvoir faire des choses basiques ; être soigné, prendre un avion. L’aéroport de Sanaa est devenu le symbole d’un pays qui ne fonctionne pas. Cela doit cesser et tous les ports - terrestres, aériens et maritimes - doivent rester ouverts. » exhorte Johan Mooij, directeur de CARE au Yémen.

En vertu de la résolution 2451 du Conseil de sécurité des Nations unies, les parties belligérantes sont invitées à collaborer avec l'envoyé spécial des Nations unies afin de rouvrir l'aéroport de Sanaa aux vols commerciaux, mais aucun progrès n'a été enregistré à ce jour. Le CNRC et CARE appellent les parties belligérantes à s’entendre sur la réouverture de l’aéroport de Sanaa pour les vols commerciaux et de permettre l’importation de fournitures médicales et le départ des patients nécessitant des soins. Elles appellent également, le Royaume-Uni, les États-Unis et la France, à faire pression sur les deux parties afin de mettre fin au conflit politique sur l'aéroport et ainsi de soulager les souffrances de la population.

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  • Bérénice Van Den Driessche, NRC Europe : Tel: +32 (0) 2 880 0247 / Mobile: +32 (0) 485 95 73 94