La guerre au Yémen est considérée comme la pire catastrophe humanitaire actuelle. Une offensive militaire a été lancée il y a deux jours autour de la ville d'Hodeida. Mohammad, membre de nos équipes sur place, témoigne de la terreur des habitants. 

« J’ai très peur que l’attaque provoque une coupure d’électricité et d’eau. »

Hodeida, j’y vis depuis toujours. J’aime cette ville. Mais aujourd’hui, j’ai peur de ce qui peut nous arriver. Depuis ce matin, nous entendons les avions voler très bas dans le ciel. Des frappes aériennes ont débuté il y a deux jours autour de la ville. On dit que les avions se rapprochent, qu’ils sont entre al-Douraïhimi, à 9 km d’Hodeida, et ici. Le bruit qu’ils font est effrayant, je n’ai jamais rien entendu de tel.

Avant la guerre, la ville d'Hodeida était connue pour la gentillesse de ses habitants, des pêcheurs principalement. La plupart d’entre eux sont très pauvres et quand la guerre a éclaté, la situation est vite devenue très difficile. Avec l’attaque en cours, c’est de pire en pire. 

Le climat ici est très chaud et humique, particulièrement en ce moment. J’ai très peur que l’attaque provoque une coupure d’électricité et d’eau. Cela aurait un impact terrible sur les 600 000 habitants. Si cela arrive, je ne sais pas si nous pourrons survivre. Tant de gens sont déjà malades. Le choléra, la dengue, la malaria se répandent. Dans n’importe quelle famille, au moins une ou deux personnes ont déjà souffert de la dengue au cours de ces derniers mois.

« Je ne veux pas voir ma ville détruite par les bombardements. »

Je suis inquiet de devoir quitter ma maison. Je ne peux pas me résoudre à prendre cette décision. C’est la maison que mon père a construite, c’est chez nous. J’y ai grandi, avec mes frères et sœurs, nous avons tant de souvenirs ici. Je ne veux pas voir ma ville détruite par les bombardements. Ici, les maisons sont vieilles, construites de boue et de briques. Si l’une est touchée, c’est tout le voisinage qui s’effondre. 

Aujourd’hui, nous fêtons l’Aïd, c’est pour nous le jour le plus important de l’année. D’habitude, on peut entendre les enfants qui jouent dans la rue et les feux d’artifices. Cette année, les gens ne laissent pas leurs enfants sortir, ils ont peur. Malgré notre inquiétude, nous essayons de garder le sourire et de profiter de ce jour de fête en famille. Mais c’est très difficile.

Aujourd’hui, plus que jamais, je souhaite que toutes les parties au conflit stoppent les bombardements et entament un dialogue. J’espère que c’est ce qu’ils feront, plutôt que de détruire ma maison, ma ville et la vie de centaines de milliers de personnes. 

Contacts médias :

Nos porte-paroles au Yémen et à Paris sont disponibles pour des interviews. Contactez Laury-Anne Bellessa ou Camille Nozières, CARE France : bellessa@carefrance.orgnozieres@carefrance.org ; 01 53 19 87 68 / 07 86 00 42 75. 

Notes aux rédactions :

  • Selon l'ONU, plus de 250 000 personnes pourraient être affectées par cette offensive. La guerre civile au Yémen a déjà coûté la vie à plus de 10 000 civils et est considérée comme la pire catastrophe humanitaire actuelle. Plus de 22 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire, plus de 8 millions de personnes font face au risque de famine.
  • L’action de CARE : Fondé en 1945, CARE est l'un des plus grands réseaux d'aide humanitaire au monde, apolitique et non confessionnel. CARE travaille au Yémen depuis 1992 et est l'une des rares ONG internationales à continuer d’apporter une aide humanitaire dans les circonstances actuelles, extrêmement difficiles. CARE apporte une aide d'urgence aux populations du gouvernorat de Hodeïda : accès à l'eau potable et aide alimentaire via un soutien financier.