Des profits colossaux désastreux pour le climat

Le 7 février, TotalEnergies organise une conférence de presse pour annoncer ses résultats pour l’année 2023 et ses objectifs pour l’année 2024. Alors que le groupe annonce un bénéfice net de 21,4 milliards de dollars, soit 19,8 milliards d’euros sur 2023 (1), le collectif StopTotal, aux côtés de Reclaim Finance, CARE France, 350.org France et Lutte et Contemplation, organise une contre-annonce dévoilant son bilan humain et écologique chiffré des activités de TotalEnergies dans le monde.

Le bilan financier pour 2023 dévoilé aujourd’hui par TotalEnergies est sans appel : TotalEnergies a continué à surfer sur la hausse des prix de l’énergie pour dégager des superprofits colossaux, son bénéfice net s’élevant pour 2023 à 21,4 milliards de dollars. Ces superprofits sont basés sur un business modèle d’expansion fossile, notamment alimenté par les 17 bombes carbones (2) qu’opère ou développe TotalEnergies (3) (on estime à 33 le nombre de bombes carbones dans lesquelles l’entreprise est impliquée (4)). Si TotalEnergies prétend adopter une stratégie de transition en développant massivement des projets de gaz naturel liquéfié, ces bombes carbones sont totalement incompatibles avec des scénarios permettant de limiter le réchauffement global à +1,5°C (5). Comme le rappellent le GIEC et l’Agence Internationale de l’Energie, aucun nouveau projet fossile ne doit voir le jour si l’on veut respecter les engagements pris dans l’accord de Paris.

Les militants dénoncent des actions climaticides

Vêtus de combinaisons rouges floquées « Climate killers » , accompagnés d’une musique dramatique, les militants du collectif StopTotal ont brandi leurs pancartes devant la tour Total à la Défense, et dénoncé l’incohérence de la major pétrolière face à ses résolutions « écologiques ». Voici certains des chiffres du bilan de Total Energies mis en avant par les militants :

  • 90 milliards : c’est le nombre de tonnes d’émissions de CO2 émises par les 33 bombes carbones (6), dans lesquelles TotalEnergies est impliquée, au cours de leur cycle de vie.
  • 4,5 milliards : c’est le nombre de tonnes de CO2 que produira le projet Mozambique LNG au cours de son cycle de vie, soit plus que les émissions annuelles combinées de gaz à effet de serre de l’ensemble des 27 pays de l’Union européenne.
  • 1443 : c’est le nombre de km du pipeline EACOP que développe TotalEnergies malgré les risques qu’il fait peser sur la biodiversité en Ouganda et en Tanzanie et les dizaines de milliers de personnes déplacées par le projet (7).

Loin d’entamer une véritable transition, Total Energies consacrera en 2030 moins de 13% de son mix énergétique aux énergies renouvelables (8). Ceci s’inscrit en porte-à-faux avec la recommandation du GIEC de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 43% d’ici 2030. TotalEnergies fait à ce titre l’objet d’une commission d’enquête au Sénat pour s’assurer que le groupe respecte les engagements climatiques français, dont plusieurs auditions-clés ont lieu demain.

« Pendant que des entreprises d’énergies fossiles comme TotalEnergies continuent de sur-polluer et d’engranger des profits colossaux chaque année, les pays en développement paient le prix fort des émissions de gaz à effet de serre dont ils ne sont pas responsables. Il est urgent que TotalEnergies soit tenue responsable des conséquences humaines et écologiques de ses activités à travers le monde » , explique Suzon Troussier, membre du collectif StopTotal Paris.

Derrière les profits de TotalEnergies : un lourd bilan humain

Assignée en justice le 9 janvier dernier pour pollution d’eaux et de terres au Yémen, où elle a exploité un gisement de pétrole pendant 20 ans, TotalEnergies se voit une nouvelle fois contrainte de rendre des comptes pour ses actes. 59 Yéménites, représentés par Fiodor Rilov, accusent la major pétrolière d’avoir causé des dommages durables considérables autant sur leur santé, que sur leurs terres. La première audience a eu lieu le 1er février 2024, et le procès a été reporté. Le Yémen est bien loin d’être un cas isolé. On estime notamment à 118 348 le nombre de personnes ayant été affectées par les projets Tilenga et EACOP en Ouganda et en Tanzanie, soit respectivement 56 460 et 61 889 (9). C’est le cas aussi du projet de gaz naturel liquéfié Papua LNG qui entraîne des privations de terres sans dédommagement (10). Par ailleurs, en Ouganda, des activistes ont été emprisonnés pour avoir milité contre les exactions de TotalEnergies. La firme est donc complice et coupable de la silenciation de ses opposants (11).

Make them pay : l’urgence d’une taxation des superprofits fossiles

Les profits de TotalEnergies pour 2023 battent leur propre record, comme chaque année. Ce sinistre record, après celui enregistré en 2022, rappelle l’urgence d’une taxation des superprofits des grands pollueurs. Cette campagne a notamment été portée par plusieurs ONG dont StopTotal lors du projet de loi de finances en novembre dernier (12). Alors que 55 des pays les plus vulnérables au changement climatique ont subi des pertes économiques liées au climat d’environ 500 milliards de dollars entre 2000 et 2019, l’industrie des énergies fossiles a réalisé suffisamment de profits pour couvrir près de soixante fois ce coût sur la même période (13). Il est urgent d’appeler à une taxation des superprofits de ces majors pétrolières et de les tenir responsables des conséquences désastreuses de leurs projets sur les populations locales et sur le climat. Cette taxation s’inscrit dans la responsabilité des gouvernements des pays les plus émetteurs de payer leurs dettes climatiques envers les pays et les populations qui subissent de plein fouet les conséquences climatiques dont ils ne sont pas responsables.

(1) L'Express, 2024 ; (2) "Bombe carbone" : projet pétrolier ou gazier qui entraînerait au moins un milliard de tonnes d’émissions de CO2 au cours de sa durée de vie ; (3) Carbon Bombs ; (4) Greenpeace, 2023 ; (5) Ouest France, 2024 ; (6) Greenpeace, 2024 ; (7) Climate Accountability Institute, 2022 ; (8) Reclaim Finance ; (9) Amis de la Terre, 2022 ; (10) Reclaim Finance, 2023 ; (11) Le Monde, 2023 ; (12) Reporterre, 2023 ; (13) CARE France, 2022

Contact presse pour les médias 

  • Chloé Sublet, chargée des relations presse pour CARE France : sublet@carefrance.org | 07 86 00 42 75

En savoir plus