Les ONGs, Action contre la faim, Action Santé Mondiale, CARE France et ONE, comparent les positions des candidat-e-s sur le développement international. L’actualité politique a été riche en rebondissements ces deux dernières semaines, modifiant de façon significative notre comparateur de solidarité.
Une actualité politique mouvementée
Le retrait de la candidature de Yannick Jadot à l’élection présidentielle et son ralliement à Benoît Hamon ont entraîné, de fait, sa disqualification de la course à la solidarité. Nous espérons que leur alliance permettra de continuer à aller dans le sens du développement et de la coopération internationale.
Le programme d’Emmanuel Macron : un premier pas vers la solidarité
La présentation du programme d’Emmanuel Macron le jeudi 2 mars a permis d’apporter des précisions quant à sa position sur l’aide publique au développement française et de ses objectifs. Nous saluons l’engagement du candidat à « affirmer […] l’objectif d’une aide publique à hauteur de 0,7% de la production nationale» mais regrettons qu'il soit pris « avec une trajectoire d’augmentation progressive entre 2017 et 2030 » et non à l’horizon 2022. Rappelons que les pays donateurs s’étaient fixé cet objectif en 1970 et que des pays européens comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Norvège, la Suède et le Danemark l’ont déjà atteint, voire dépassé – le Royaume-Uni l’a d’ailleurs intégré dans la loi en 2015.
Nous saluons également le fait que Monsieur Macron souhaite une augmentation des dons gérés par l’Agence française de développement ainsi qu’un meilleur contrôle de ceux-ci.
Conditionnalité et incohérences
Par ailleurs, alors même que nous nous félicitons que des secteurs sociaux essentiels tels que la santé, l’éducation et la promotion des femmes soient érigés en priorités, nous regrettons que les montants alloués à l’aide publique au développement dépendent du niveau de coopération des pays bénéficiaires en termes de politique migratoire. Cette conditionnalité va à l’encontre des principes d’efficacité de l’aide puisque les montants alloués aux pays bénéficiaires ne dépendront pas des priorités et des besoins nationaux.
Nous regrettons également que, derrière l’aide publique au développement, Monsieur Macron voit l’influence de la France « et celles de [ses] entreprises ». Cette incohérence remet en cause le principe de l’objectif de l’aide au développement, qui doit être celui du développement durable des pays et des populations bénéficiaires.
Emmanuel Macron atteint donc la note de 3,5/10 sur notre comparateur de programmes.
Nous l'appelons à s’engager à ne pas conditionner l'octroi de l'APD et ses montants à la coopération des pays bénéficiaires en matière de politique migratoire et à s’engager à prioriser les pays les moins avancés et les populations les plus vulnérables. Nous rappelons que l’objectif premier de l’aide publique au développement est de lutter contre la pauvreté et les inégalités.
Le projet peu précis de Philippe Poutou pour le développement international
Monsieur Poutou a également sorti son programme la semaine dernière. Nous saluons sa volonté de défendre « une politique de solidarité internationale » entre les peuples, et notamment avec les peuples victimes de la répression et des guerres et ceux qui « [vivent] en permanence dans le besoin ».
Cependant, nous regrettons que le candidat ne précise pas son projet pour l'aide au développement, la lutte contre la pauvreté et les inégalités : il nous est donc difficile de l'évaluer. Nous appelons donc Monsieur Poutou à prendre des engagements plus précis concernant la solidarité internationale.
Pour des engagements ambitieux de solidarité de tout-e-s les candidat-e-s
Enfin, nous rappelons à tou-te-s les candidat-e-s l’importance de l’aide au développement pour aider les populations les plus vulnérables et déplorons le fait que ce sujet soit si peu abordé durant la campagne électorale. En effet, une grande majorité des candidat-e-s n’ont toujours pas inclus d’engagements pour le développement et la solidarité dans leur programme, notamment le candidat de la droite et du centre, François Fillon.
Il est aussi nécessaire que les candidat-e-s les plus avancé-e-s dans la course ne se reposent pas sur leurs lauriers et affichent des objectifs de solidarité toujours plus ambitieux !
Le développement et la solidarité internationale n’attendent pas, c’est pourquoi les ONGs Action contre la Faim, Action Santé Mondiale, CARE et ONE comptent sur l’engagement des candidat-e-s pour atteindre les 0.7% dès la prochaine mandature.