Dans les pays en développement, les femmes réalisent presque deux tiers de la production alimentaire. Pourtant, elles cumulent les facteurs de vulnérabilité.
Marina Ogier, experte Genre au sein de CARE France, explique comment améliorer la condition des femmes dans l'agriculture.

L'association CARE France soutient la condition des femmes dans l'agriculture
L'association CARE agit pour améliorer la condition des femmes dans l'agriculture © 2015/CARE

Quelle place occupent actuellement les femmes dans le milieu agricole ?

« Les femmes ne possèdent que 20% des terres cultivées dans le monde alors qu'elles réalisent 60% de la production alimentaire des pays en développement.

La plupart d'entre elles travaillent sur des petites parcelles de terre. Leur production est principalement vivrière : elle sert à nourrir leur famille et leur communauté.

Leur savoir-faire réside surtout dans la diversification des cultures. Contrairement à la monoculture, cela permet plusieurs cycles de récoltes et une meilleure gestion des risques et du calendrier agricole dans l'année. C'est un atout qu'il faut renforcer.

On sait également que les femmes investissent 90% de leur revenu dans leur famille, contre 30 à 40% chez les hommes. Pour lutter contre l'insécurité alimentaire, il est donc indispensable prendre en compte les besoins et les spécificités des femmes. Elles sont un réel levier du changement. »

Quels problèmes majeurs rencontrent les femmes agricultrices ?

« On peut parler d'un cumul de facteurs de vulnérabilité : pauvreté, manque d'accès à la propriété, à l'information et à la formation.

Le milieu rural est souvent figé dans la tradition. Au Bénin, par exemple, si les femmes ont légalement le droit à la propriété terrienne, c'est souvent le droit coutumier, discriminatoire à l'égard des femmes, qui s'applique. Or il faut être propriétaire pour, par exemple, obtenir un crédit. Les femmes sont donc fatalement plus exposées à la pauvreté.

Le changement climatique est également un facteur de vulnérabilité. Il impacte plus fortement les femmes. De par le manque d'information et d'accès aux ressources, elles n'ont pas les moyens d'anticiper ou de réagir face aux chocs climatiques. »

Quelles sont les actions de CARE pour améliorer la condition des femmes agricultrices ?

« Tout d'abord, il faut favoriser un accès plus équitable aux terres. Au Bénin, CARE informe les femmes sur leurs droits à la propriété foncière. Nos équipes travaillent également avec les autorités et communautés locales afin d'assurer le respect des droits des femmes. Il est primordial d'impliquer les hommes afin de permettre un changement durable des normes sociales vers plus d'égalité.

En permettant aux femmes de contrôler les moyens de production, et en favorisant leur accès aux marchés, on leur donne plus de perspectives économiques. A Cuba, CARE forme et accompagne des femmes chef d'exploitation dans le secteur du bétail, traditionnellement masculin. Trois axes permettent de générer des opportunités durables pour ces femmes : le renforcement des compétences, la promotion de pratiques adaptées au changement climatique et la sensibilisation à l'égalité des genres.

Il est également nécessaire d'augmenter la résilience des femmes face au changement climatique. Cela passe par l'accès à l'information climatique et par la formation à des pratiques agricoles durables. Au Niger, CARE favorise la diversification agricole, la rotation des cultures ou encore l'introduction de semences plus résilientes et plus durables. Par exemple, l'introduction de légumineuses a permis d'améliorer l'apport nutritionnel des cultures et d'enrichir le sol en azote, le rendant plus fertile. »