L'aboutissement de 30 ans de lutte climatique

En ces premières heures, la COP28 vient de franchir symboliquement une étape-clé pour la justice climatique et pour répondre aux pires impacts du changement climatique. C’est loin d’être la fin du combat mais la mise sur pied du Fonds pertes et dommages est un pas de géant. Pourquoi ? Il a fallu 30 ans de lutte acharnée par les pays en développement – les premiers affectés par le changement climatique et pourtant les moins responsables – pour obtenir enfin la promesse de ce Fonds lors de la précédente COP. Aujourd’hui, les États ont adopté les principes essentiels de ce Fonds : qui devra contribuer, qui pourra en bénéficier, où le Fonds sera hébergé…

Une décision vitale pour la justice climatique, oui mais...

Le texte adopté comporte cependant plusieurs lacunes : un Secrétariat hébergé par la Banque mondiale régulièrement critiquée pour ses pratiques, aucune cible financière à atteindre, une absence de référence aux droits humains… Et surtout aucune obligation pour les pays historiquement émetteurs de contribuer au Fonds. L’objectif est pourtant d’aider financièrement les populations dont les vies sont menacées par le changement climatique, à l’image des deux millions de personnes actuellement touchées par les inondations massives en Somalie. Le risque est donc que ce Fonds reste une coquille vide. C’est d’autant plus inquiétant que l’historique des pays riches en termes de financements n’est pas bon : ils n’ont toujours pas honoré des promesses vieilles de quatorze ans.

Les prochains jours seront donc cruciaux : si les premières annonces de financement ont été faites, il ne s’agit que du strict nécessaire pour rendre le Fonds opérationnel, donc bien en-deçà des besoins réels. Les chefs et cheffes d’État et de gouvernement se réuniront demain et samedi à la COP. CARE demande aux États de prendre sans attendre des engagements significatifs pour répondre aux besoins annuels liés aux pertes et dommages qui se chifferont à plusieurs centaines de milliards de dollars pour les pays en développement d’ici 2030. Nous comptons sur tous les gouvernements qui ont une responsabilité dans l’urgence climatique et ont la capacité d’y contribuer – les émetteurs historiques en tête, de mettre de l’argent sur la table dès cette COP. Aussi, il ne s’agit pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul : ces financements doivent être fait sous forme de dons, doivent être nouveaux et additionnels aux financements climat existants.

Où trouver l’argent pour les pertes et dommages ?

Face aux besoins financiers croissants liés aux pertes et dommages, pourquoi ne pas commencer par rediriger les montants astronomiques des subventions publiques aux industries des énergies fossiles ? Pas moins de 470 milliards de dollars rien qu’en 2022 pour les pays du G20. Une aberration totale alors que le changement climatique bat tous les records cette année. Cette COP doit enfin reconnaitre le principe du pollueur-payeur. Les sources de financements innovants ne manquent pas, aux États d’enfin les mettre en place : taxer l’industrie des énergies fossiles qui continue d’engranger des records profit en toute impunité, taxer le carburant du transport maritime international, instituer un impôt mondial sur la fortune ou une taxe sur les transactions financières…

Réparer c’est bien, éviter c’est mieux : l’enjeu de la fin des énergies fossiles

En parallèle, la condition sine qua non pour éviter que les pertes et dommages ne continuent de s’intensifier est la réduction massive des émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, la sortie rapide, équitable et financée de toutes les énergies fossiles est l’un des enjeux-clés de cette COP. Et ce, alors même qu’elle se tient dans un État pétrolier. Il faut absolument couper le robinet des dégâts climatiques pour sauvegarder notre planète, pour les générations actuelles comme pour les générations futures.

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L'action de CARE face au climat

Fondée en 1945, CARE est l’une des principales organisations humanitaires au monde. En 2022, nous avons aidé 174 millions de personnes dans 111 pays dans le monde. CARE s’attaque aux causes sous-jacentes de la pauvreté et lutte contre les effets du changement climatique. Nous accordons une attention particulière aux femmes et aux filles, qui sont les plus touchées par les impacts climatiques. Pour cela :

  • CARE soutient des projets de réduction des risques des catastrophes naturelles et climatiques et fournit une aide d’urgence aux populations touchées par ces catastrophes.
  • Nous renforçons la capacité d’adaptation des communautés aux impacts climatiques sur le long terme, notamment en promouvant des techniques agricoles résilientes.
  • Lors des conférences internationales sur le climat, nous soutenons la voix des populations les plus affectées afin que les gouvernements prennent des mesures concrètes et ambitieuses contre le changement climatique.

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