Les inégalités femmes-hommes dans la lutte contre le changement climatique dénoncées par notre rapport
Alors que la COP29 qui se tiendra du 11 au 22 novembre 2024 doit renforcer les engagements des États – peu ambitieux jusqu’à présent – sur l’égalité femmes-hommes dans les actions climatiques, un nouveau rapport de l’ONG CARE et l’institut de recherche SEI dénonce les limites du système actuel en termes de participation des femmes.
CARE démontre que si certaines instances climatiques locales sont plus paritaires que les COP (seulement 34% de femmes étaient présentes parmi les délégations nationales en 2023), même dans celles-ci, les contributions et le leadership des femmes sur les enjeux climatiques sont bien souvent ignorés. Et ce, d’autant plus en ce qui concerne les femmes issues de minorités ethniques.
Le sexisme et les discriminations à l’égard des femmes en cause
Comment expliquer ces discriminations à l’égard des femmes ? À cause des normes sexistes. Les hommes sont considérés comme les « chefs de famille » et « leaders », tandis que les femmes sont considérées comme celles qui restent à la maison et assument une grande partie des tâches domestiques non rémunérées. Pour les mêmes raisons, les contributions des femmes sont aussi considérées comme ayant moins de valeur.
« Les femmes n’ont pas grand-chose à apporter », déclare un homme interrogé par CARE en Asie.
« Les femmes n’ont pas assez de connaissances ou de compétences« , estime une femme interrogée par CARE en Asie, montrant que les normes sexistes ont été intériorisées par les femmes.
C’est un paradoxe, puisque les femmes, qui représentent la moitié de la population mondiale, sont les premières affectées par le changement climatique et aussi porteuses de solutions essentielles qu’elles déploient au quotidien.
Le danger de cette mise à l’écart systématique des femmes est double. Cette situation a pour effet d’ériger des barrières dans l’accès aux informations des femmes sur le climat, au contrôle des terres et aux ressources et financements climatiques. Et ce désengagement des femmes dans les instances climatiques a pour conséquence des politiques climatiques moins efficaces, selon les experts du GIEC (6e rapport d’évaluation). Par exemple, les pays où les femmes sont davantage représentées au parlement sont plus enclins à définir des aires protégées et à ratifier des accords multilatéraux sur l’environnement.
La COP29 doit être un moment clé pour que la voix des femmes soit entendue
Alors que les impacts du changement climatique s’accélèrent dans tous les pays, causant catastrophes et accroissement de la pauvreté, CARE demande aux États qui vont se réunir à Bakou en Azerbaïdjan pour la COP29 de soutenir les initiatives portées par des femmes, de leur donner accès à la connaissance, aux ressources, et aux espaces de décision. Les processus de concertation doivent être inclusifs. Les hommes dans les espaces climatiques doivent aussi être tenus responsables de la lutte contre les préjugés sexistes.
"On mentionne souvent les quotas pour mesurer l’intégration des femmes dans la lutte contre le changement climatique, mais c’est loin d’être le seul facteur à prendre en compte. Pour une action climatique efficace, aussi bien au niveau local qu’international, il faut casser les barrières sexistes, il faut s’attaquer aux normes sociales discriminatoires pour que les femmes soient enfin écoutées."
Marie Leroy, responsable climat de l’ONG CARE France
La COP est un espace clé pour poser les lignes d’une action climatique plus transformatrice et inclusive soutenue par des engagements financiers ambitieux. C’est tout l’enjeu des prochaines discussions en Azerbaïdjan.
Notes aux rédactions
Lien vers l’étude et la note:
- Le rapport « Beyond a seat at the table » (version anglaise) https://www.carefrance.org/wp-content/uploads/2024/09/CARE-SEI-Gender-Climate-Report.pdf
- Policy brief (version anglaise) https://www.carefrance.org/wp-content/uploads/2024/09/CARE-policy-brief-EN.pdf
- Policy brief (version française) https://www.carefrance.org/wp-content/uploads/2024/09/CARE-policy-brief-FR.pdf
- Cette étude a été réalisée par l’ONG CARE et Stockholm Environment Institute avec le soutien financier de la Fondation L’Oréal, dans le cadre du programme “She Grows the Future”. Mis en place par CARE, ce projet soutient le renforcement des compétences et savoirs des femmes petites agricultrices sur l’adaptation au changement climatique, ainsi que leur participation aux prises de décision au niveau local.
- Ce rapport s’appuie sur les 75 ans d’expertise du réseau international CARE, sur l’étude réalisée dans quatre pays (Vietnam, Inde, Madagascar, Equateur) avec des focus groupes réalisés au Vietnam, pays le plus égalitaire en termes de participation des femmes parmi les quatre concernés, selon le Gender Equality Index
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