Des enfants traumatisés à Gaza : avant et pendant cette crise

Les terribles violences qui durent depuis plus de six semaines ont eu un impact dévastateur sur les populations. Sur celles et ceux qui ont perdu leur vie- plus de 11 000 personnes, dont les deux tiers sont des femmes et des enfants -, mais aussi sur celles et ceux qui ont survécu jusqu’à aujourd’hui.

« Pour les survivantes et les survivants, les cicatrices émotionnelles dureront toute une vie » , alerte Hiba Tibi, directrice de CARE à Gaza et en Cisjordanie. Nos équipes et leur famille à Gaza témoignent de la peur et de l’incertitude de toute une population : seront-ils encore en vie dans un jour, dans une heure ? Plus aucun endroit n’est considéré comme sûr : ni les écoles, ni les hôpitaux et encore moins les habitations.

La santé mentale était déjà précaire à Gaza avant cette escalade de la violence. Après quinze ans de vie sous blocus et des niveaux catastrophiques de pauvreté, quatre enfants sur cinq dans la bande de Gaza étaient déjà victimes de dépression et d’anxiété en 2022, soit un an avant cette nouvelle crise. Dans un pays où près de la moitié de la population a moins de 18 ans, plus d’un enfant sur deux avaient déjà envisagé de se suicider. Et trois enfants sur cinq s’automutilaient (1).

Comment vont-ils faire face aux traumatismes de ce nouveau conflit ? De nombreux enfants ont été blessés lors des combats et sont les seuls survivants de leur famille. « Ces enfants sont aujourd’hui confrontés à un avenir encore plus incertain et extrêmement difficile. Ils devraient pouvoir profiter de leur enfance sans craindre pour leur sécurité, sans craindre la faim et sans boire d’eau sale. La situation de ces enfants les expose à un risque accru d’abus et de violences » , explique Hiba Tibi.

Les femmes et les filles souffrent tout particulièrement de la situation

Les femmes et les filles de Gaza vivent elles aussi un traumatisme insupportable, alors que les conditions de vie des civils s’aggravent de jour en jour. Dans les camps pour personnes déplacées du sud de Gaza, 160 personnes en moyenne partagent une seule toilette, avec une seule douche pour 700 personnes (2). Ce manque d’accès aux installations sanitaires, associé au manque de produits d’hygiène, expose les femmes et les filles aux maladies et aux infections cutanées et rend impossible une vie digne.

« Nous savons que les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables lors d’urgences humanitaires, en particulier lorsque cela déclenche des déplacements massifs et des bouleversements. Elles risquent d’être victimes d’abus. Souvent, il est plus difficile et dangereux pour elles d’avoir accès à des produits essentiels comme la nourriture, l’eau potable et les fournitures médicales » , décrit Hiba Tibi.

L’exposition aux violences et à ces conditions de vie particulièrement insoutenables vont déclencher ou renforcer les troubles anxieux chez la population, en plus d’autres symptômes traumatiques. Sur la base des précédentes crises qui ont frappé Gaza, les symptômes les plus courants risquent d’être des dépressions, des crises d’épilepsie. Et il existe d’autres cas liés à des maladies physiques chroniques qui sont d’origine psychologique, selon l’ONU. Des symptômes qui seront difficiles à traiter au vu de la destruction massive du système de santé à Gaza. Un autre problème se pose : comment apporter une aide aux populations qui ont en désespérément besoin (3) ? La majorité des hôpitaux sont à l’arrêt, étant soit à court de ressources, soit ayant été bombardés, détruits partiellement ou entièrement au cours de ces six semaines.

« Un soutien en matière de santé mentale et psychosocial adapté à l’âge des patients et au genre – femmes, hommes – doit être fourni de toute urgence et mis en place sur le long terme » , annonce Hiba Tibi.

Les actions prévues de CARE en santé mentale

Les équipes de CARE se préparent à apporter une aide sur le long terme aux populations. Nous soutenions déjà des cliniques mobiles et prévoyons de renforcer notre approche. 

« Nous prévoyons de former des répondants du secteur de la santé à l’apport d’une aide psychologique et nous travaillerons aussi avec des bénévoles issus des communautés pour offrir des activités de soutien et de référencement des enfants. Par le biais d’activités récréatives, nous pourrons mettre les enfants qui ont en besoin en contact avec des professionnels de santé spécialisés » , déclare Nour Beydoun, conseillère pour CARE.

À l’heure actuelle, l’accès à Gaza est très limité et il est extrêmement difficile d’acheminer une aide humanitaire. Il faut d’urgence un cessez-le-feu. « Un cessez-le-feu est vital pour protéger les civils, y compris les femmes et les enfants, et prévenir d’autres traumatismes. L’acheminement d’une aide humanitaire est essentiel. Le temps presse pour sauver des vies à Gaza », déclare Hiba Tibi.

CARE demande la protection des populations civiles, la libération des otages et un cessez-le-feu immédiat.

Sources : (1) Save the children, 2022 ; (2) Relief Web, 2023 ; (3) ONU, 2022

L'action de CARE dans les multi-crises

  • CARE opère à Gaza et en Cisjordanie depuis 1948. Nous aidons la population à répondre aux besoins alimentaires de base, à améliorer l’agriculture et à donner aux femmes les moyens de gagner un revenu, à soutenir le leadership des femmes et à améliorer les programmes de santé axés sur la violence basée sur le genre, la santé sexuelle et reproductive et la santé mentale des enfants.

  • Dans le cadre de sa réponse multi-crises, l’ONG CARE soutient les populations dans le besoin : Maroc, Syrie, Afghanistan… Nous apportons une aide humanitaire d’urgence partout où nous sommes en capacité de le faire. Notre mandat est clair : soutenir les victimes qui en ont besoin. Nous sommes résolument apolitiques afin de garantir notre accès à ces communautés impactées. En soutenant notre Fonds d’urgence, vous nous permettez d’apporter une aide vitale lors de ces crises.

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