Famine, guerre : quelle est la situation à Gaza aujourd’hui ?
La famine qui touche les populations à Gaza a été confirmé par un nouveau rapport de l’IPC (Integrated Food Security Phase Classification). « La famine est confirmée dans le gouvernorat de Gaza et devrait s’étendre aux gouvernorats de Deir al-Balah et Khan Younis d’ici la fin septembre », alerte ce rapport. Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) est un outil de référence indépendant utilisé par les agences onusiennes et les ONG – dont CARE- pour surveiller les situations de malnutrition.
Les données provenant de Gaza qui ont conduit à cette évaluation représentent « la détérioration la plus grave depuis que l’IPC a commencé à analyser l’insécurité alimentaire aiguë et la malnutrition aiguë dans la bande de Gaza ». C’est la première fois que la famine est officiellement confirmée au Moyen-Orient.
"Les populations palestiniennes qui ont survécu à des mois de bombardements et de déplacements sont aujourd'hui en train de dépérir à cause de la famine et de la malnutrition."
Jolien Veldwijk, directrice de CARE en Palestine.
« Les populations palestiniennes qui ont survécu à des mois de bombardements et de déplacements sont aujourd’hui en train de dépérir à cause de la famine et la malnutrition. Les familles palestiniennes sont exposées à un risque constant de maladie dans un contexte de blocus par Israël qui empêche l’acheminement de la nourriture et de l’aide humanitaire. Aujourd’hui, avec l’offensive sur la ville de Gaza, beaucoup n’auront d’autre choix que d’entreprendre un périlleux voyage à pied vers le sud de Gaza, où ils seront à nouveau déplacés dans des camps de déplacés surpeuplés qui manquent du strict nécessaire pour survivre », alerte Jolien Veldwijk, directrice de CARE en Palestine.
Une crise qui continue de s’aggraver
La détérioration des conditions humanitaires à Gaza survient alors qu’Israël intensifie son offensive militaire sur la ville de Gaza, où les taux de malnutrition et les décès dus à la faim, aux maladies et aux bombardements ont déjà atteint des niveaux catastrophiques. Cette offensive va contraindre 800 000 Palestiniens et Palestiniennes affamés à fuir, dont beaucoup ont déjà été déplacés plus de dix fois en moins de deux ans.
La famine à Gaza est le résultat d’une action humaine, causée par le siège imposé par Israël, l’obstruction de l’aide humanitaire, le ciblage des terres agricoles, des cultures et des entreprises, et le déplacement massif des populations civiles. Le nombre d’enfants de moins de cinq ans menacés de mort par malnutrition aiguë a doublé depuis mai. Près de 55 500 femmes enceintes et allaitantes souffrant de malnutrition ont besoin d’une aide d’urgence. Cette tragédie est alimentée par l’inaction mondiale qui a permis l’escalade des violences contre les populations civiles.
Témoignages des centres de santé à Gaza
« Nous sommes tous affamés, nous perdons l’énergie nécessaire pour accomplir nos tâches quotidiennes. La faim est notre seule préoccupation. La malnutrition n’affecte pas seulement le corps, mais aussi l’esprit », témoigne Samah Wadi, experte en nutrition travaillant au centre de soins de santé primaire soutenu par CARE à Deir Al-Balah.
L’ONG CARE continue d’intervenir à Gaza et en Cisjordanie à travers une aide d’urgence, notamment dans des centres de santé.
« Nous savons que les enfants, ainsi que les femmes enceintes et allaitantes, sont parmi les plus vulnérables. Chaque jour, 35 femmes sur 40 que j’examine souffrent de malnutrition, tandis que 20 enfants sur 40 souffrent de malnutrition aiguë modérée à sévère. Les gens qui viennent à notre clinique pensent que les compléments alimentaires peuvent remplacer la nourriture, et nous devons leur expliquer que ces compléments ne sont que complémentaires à de la nourriture qu’on ne trouve plus. Les gens cherchent n’importe quoi pour survivre, pour s’accrocher, même si cela ne leur permet de tenir que quelques heures de plus. »
Lors de la précédente alerte de l’IPC sur Gaza le mois dernier, plus de 100 décès dus à la malnutrition avaient été enregistrés. Au cours des quelques semaines qui ont suivi, ce nombre est passé à 266, dont plus de 100 enfants. Pourtant, ce chiffre ne reflète pas toute l’étendue des souffrances. Il ne s’agit que des décès confirmés. Le nombre réel est probablement plus élevé.
« Les mères sautent des repas, passant parfois plusieurs jours sans manger, pour essayer de nourrir leurs enfants. Pour les femmes enceintes, cela peut avoir des conséquences durables sur la santé des enfants qu’elles portent. Nous voyons aujourd’hui apparaître une nouvelle génération d’enfants qui ont souffert de malnutrition dans le ventre de leur mère et tout au long de leur développement », déclare Jolien Veldwijk.
"Nous sommes tous affamés, nous perdons l'énergie nécessaire pour accomplir nos tâches quotidiennes. La faim devient notre seule préoccupation."
Samah Wadi qui travaille centre de soins de santé primaire à Deir Al-Balah à Gaza.
Comment stopper la famine à Gaza
Cette famine est d’origine humaine, elle peut être stoppée et inversée. Il faut lever le siège imposé par Israël et permettre à l’aide humanitaire d’atteindre les populations civiles en toute sécurité.
Lutter contre la famine à Gaza ne se résume pas à livrer des denrées alimentaires. Les personnes confrontées à la famine ont besoin d’un accès immédiat à tout ce qui est nécessaire à leur survie : traitements spécialisés pour la malnutrition sévère, eau potable, médicaments, combustible pour cuisiner, soutien psychosocial, etc.
« L’alarme a été donnée. Les avertissements ont été répétés. Les signes de famine sont évidents. Nous savons ce qui va se passer ensuite. À moins que les dirigeants mondiaux ne prennent immédiatement des mesures globales, chaque jour, le nombre de Palestiniens, femmes, hommes, enfants mourant de faim augmentera de manière exponentielle. Personne ne pourra dire qu’il n’était pas au courant. Nous exhortons la communauté internationale à enfin garantir un cessez-le-feu immédiat et durable, la libération des otages et des personnes détenues arbitrairement, ainsi qu’un accès complet, sûr, sans entrave, immédiat et durable à l’aide humanitaire de principe pour toutes les personnes dans le besoin à Gaza », déclare Jolien Veldwijk.
Le blocus imposé par Israël rend impossible l’acheminement de l’aide humanitaire. CARE n’a pas été en mesure d’acheminer l’aide humanitaire à Gaza depuis mars dernier.
« Les autorités israéliennes doivent mettre fin au siège de Gaza, cesser immédiatement les attaques contre les populations civiles, dont la ville de Gaza, ouvrir tous les points de passage frontaliers pour laisser entrer l’aide humanitaire et permettre aux travailleurs humanitaires de faire leur travail en toute sécurité. »
CARE, présente en Palestine depuis 1948, continue d’agir dans des conditions extrêmes.
CARE, présente en Palestine depuis 1948, continue d’agir dans des conditions extrêmes.
Depuis l’escalade du conflit en octobre 2023, plus de 850 000 personnes ont reçu une assistance vitale : abris d’urgence, eau potable, nourriture, couvertures, matelas, kits d’hygiène, soins médicaux et distribution d’eau par camions. CARE intervient aussi en Cisjordanie, où les besoins humanitaires augmentent.
Grâce à notre fonds d’urgence, nous pouvons :
- Préparer les populations en amont afin de limiter les pertes humaines en cas de crise : mise en place de systèmes d’alerte et de plans d’évacuation.
- Mobiliser immédiatement nos équipes locales lorsqu’une urgence frappe, sans dépendre de la médiatisation ou des fonds institutionnels : distribution de nourriture, d’eau potable, d’abris, de médicaments.
- Rester sur place pour participer à l’effort de reconstruction et aider les familles à se relever et redémarrer leur vie : réhabilitation des écoles et des hôpitaux, accompagnement psychosocial, soutien à l’entrepreneuriat.
Soutenir notre fonds d’urgence, c’est sauver des vies chaque jour !
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