Six ans après le début de la guerre en Syrie, le Liban accueille plus d’1,1 million de réfugiés syriens. Cet afflux a accentué les pressions qui pesaient déjà sur les services publics (santé, éducation) ainsi que sur les infrastructures d'approvisionnement en eau. Pour Reda Hassan, responsable plaidoyer de CARE au Liban, améliorer l’accès à l’eau potable contribue à garantir un droit humain fondamental tout en apaisant les tensions entre populations hôtes et réfugiés.
Au Liban, un habitant sur quatre est désormais un réfugié syrien.
La guerre en Syrie apporte son lot de souffrances et de difficultés, tant pour les Syriens que pour les pays limitrophes. Au Liban, un habitant sur quatre est désormais un réfugié syrien. Ce fort afflux exerce une pression supplémentaire sur des ressources déjà limitées, notamment en termes d’eau.
« La situation a toujours été difficile au quotidien, voire dramatique en été », déclare Ail Matar, maire de la ville de Loubye et président de l’association des municipalités de la région du Sud-Liban.
Le manque d’eau peut avoir de graves répercussions sur la stabilité sociale d’un pays.
L’accès à l’eau est un besoin humain vital. La forte pression exercée par l’arrivée des réfugiés a été à l’origine de tensions avec les populations locales. En tant qu’humanitaire, nous savons par expérience, que le manque d’eau peut avoir de graves répercussions sur la stabilité sociale d’un pays. Or, depuis des décennies, le Liban fait face à d’importantes pénuries en eau. Si ce pays montagneux est considéré comme le château d’eau du Moyen-Orient, son potentiel hydrique reste fortement inexploité. En cause, la contamination des sources d’eau par des déchets non traités ainsi qu’un taux de perte important dans l’exploitation des sources propres du fait du manque d’infrastructures et de leur vétusté.
« Notre ville est située en altitude et au bout du réseau public d’approvisionnement. Notre réservoir est vieux et les canalisations encore plus anciennes. Jusqu’à il y a quelques mois et l’intervention de CARE, nous ne recevions de l’eau qu’une fois tous les dix jours et n’arrivions à remplir qu’un quart du réservoir. Or même plein, il ne suffisait pas à subvenir aux besoins de notre ville », explique Ail Matar.
70% des réfugiés syriens vivent sous le seuil de pauvreté.
La situation des habitants de la ville de Loubye, qui compte 18% de réfugiés syriens, était très compliquée :
« Notre seule option pour avoir de l’eau quotidiennement était d’en acheter auprès d’entreprises privées mais nous n’avions pas toujours les moyens de le faire », explique Fatima, résidente libanaise.
Les populations au Liban font effectivement face à une grave crise économique. Les revenus des familles les plus pauvres ont stagné ou baissé de 25 à 30% entre 2010 et 2016, du fait notamment des impacts indirects de la guerre en Syrie. Quant aux réfugiés syriens, beaucoup n’ont pas de sources de revenus. Plus de 70% d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté et sont totalement dépendants de l’aide humanitaire.
Plus de 194 000 personnes ont déjà bénéficié des actions mises en place par CARE.
Améliorer le réseau d’approvisionnement en eau répond donc aux besoins des populations libanaises et syriennes affectées par le conflit syrien. Plus de 194 000 personnes ont déjà bénéficié des actions mises en place par CARE dans ce domaine. Outre l’atténuation de la pression sur les ressources naturelles, l’action des organisations humanitaires au Liban permet de préserver le fragile équilibre social du pays qui héberge aujourd’hui la plus importante densité de réfugiés par habitant.
« Aujourd’hui, nous arrivons à distribuer l’équivalent de quatre réservoirs par jour. La différence est considérable pour tous les habitants », se réjouit M. Matar.
Et Fatima témoigne : « Maintenant que l’approvisionnement en eau est performant, je peux subvenir à mes besoins quotidiens. Avec l’aide de CARE, nous voulons aussi éviter de tout risque de fuites. Nous avons longtemps souffert de la pénurie d’eau, nous sommes bien conscients de l’importance d’une bonne gestion de l’eau. Il est crucial de la préserver et de s’assurer que chaque goutte est utilisée à bon escient. »
L'action de CARE
CARE et ses partenaires locaux ont fourni une aide humanitaire à plus de 2,5 millions de personnes en Syrie et dans les pays voisins.
Ce texte a été publié par le Journal du Dimanche