Seule ou en coopérative 100% féminine ? La force du collectif pour les femmes

Efassen signifie « les mains » en langue berbère. C’est aussi le nom de la coopérative 100 % féminine de Najat Saadaoui. Une singularité dans un pays où très peu de femmes arrivent à accéder au marché du travail. En 2021, moins de 21% des Marocaines âgées de 15 à 65 ans avaient un emploi (1).   

« Je veux que la coopérative soit un espace de bien-être et d’émancipation entre femmes, que cela nous permette de sortir de la maison [et sortir du travail non rémunéré, domestique et de soin aux familles] », explique Najat, fondatrice de la coopérative.  

Femmes entrepreneures Maroc
Najat et des produits artisanaux vendus par la coopérative Efassen ©CARE

Et c’est le cas ! Car la coopérative a un vrai succès. Elle s’est forgé une réputation grâce à des produits de qualité et une démarche originale : revisiter l’artisanat traditionnel marocain grâce à des matières recyclées. De la bouteille plastique aux boîtes d’oeufs, en passant par les chutes de tissus.. Tout sert pour créer sacs, des tapis, des nappes, des accessoires et de la décoration. 

C’est en 2019 que Najat s’est associée avec 5 autres femmes. Toutes artisanes. Ensemble, elles ont pu développer leurs activités beaucoup plus facilement. Par exemple, elles se relaient pour présenter leurs produits dans les différents salons d’artisanat qui ont lieu à travers le pays et où elles réalisent désormais le meilleur de leurs ventes. Un succès donc pour ces femmes qui gagnent désormais leurs vies.  

Mais Najat refuse d’être une exception au Maroc. Alors elle s’engage pour que de plus en plus de femmes marocaines puissent avoir une activité. Mais comment faire pour soutenir les coopératives féminines et plus largement l’entrepreneuriat féminin 

CARE soutient l’entrepreneuriat féminin, un facteur d’émancipation

Au Maroc, les freins à l’emploi pour les femmes sont nombreux. Sociaux d’abord : bien souvent, en milieu rural, les femmes sont assignées aux tâches domestiques tandis que les hommes partent travailler en ville, leur laissant la charge des enfants et de l’élevage, lorsqu’il y en a un. C’est en raison de cette répartition genrée des rôles que l’ONG CARE soutient des femmes mais sensibilise aussi leur conjoint sur l’égalité de genre et la masculinité positive. Les hommes y apprennent l’importance que les femmes gagnent leur propre argent et même de créer leur propre activité. 

Mais pour cela, les femmes doivent aussi faire face à des freins économiques. Car il n’est pas facile de trouver un premier apport financier pour créer une activité génératrice de revenus sur le long terme. Les membres d’Efassen étaient parvenues à lancer par elles-mêmes leur activité ; mais tout le monde n’en a pas toujours les moyens. C’est pour cette raison que CARE a créé des associations villageoises d’épargne et de crédit qui réunissent aujourd’hui les femmes dans une région rurale au sud de Marrakech. Car ce sont dans les régions rurales que le taux de pauvreté est le plus fort. Le sentiment de pauvreté frappe surtout les habitants en milieu rural, où près de 60% de la population se considère pauvre (2). Au sein de ces groupes, les femmes mettent en commun leurs économies pour que chacune d’entre elles puisse à son tour lancer un projet.  

Ainsi une femme a démarré son élevage de poulets bio. Une autre a créé une entreprise de produits tissés. « Nous sommes devenues des femmes actives, » explique l’une de ces femmes avec fierté. Et cela a un impact pour elles et toute leur famille. Elles gagnent ainsi toute un revenu complémentaire qui leur permet de sortir de la pauvreté. Et au-delà, elles ont découvert la force de la solidarité féminine et du collectif. « [En plus de nos activités individuelles], nous réfléchissons à lancer un projet en commun dans l’avenir, peut-être une coopérative, se rassembler pour produire des produits avec des matières premières locales, comme des pommes ou des abricots. »

Les femmes membres des AVEC et des coopératives ont découvert la force de la solidarité féminine et du collectif.

La transmission des savoirs : les femmes bénéficiaires deviennent formatrices

Pour soutenir leurs activités, les membres de la coopérative Efassen et celles des AVEC ont bénéficié de différentes formations données par les équipes de CARE. Les femmes y ont appris à gérer un budget et leurs économies, à lancer leur entreprise, avoir des activités respectueuses de l’environnement et à vendre leurs produits grâce au marketing digital. La coopérative Efassen a par exemple créé des comptes sur différents réseaux sociaux pour mettre en avant ses produits.  

Femmes entrepreneures Maroc
Membre de l’AVEC, formée sur les métiers à tisser ©CARE

Ces formations leur ont tellement apporté que les 5 membres de la coopérative ont décidé à leur tour d’aider d’autres femmes. Elle a noué un partenariat avec les autorités pour former chaque année 26 étudiantes au métier de la couture. C’est une source de revenus complémentaires pour la coopérative. Mais surtout les étudiantes ont ensuite toutes les connaissances pour monter elles-mêmes leur propre activité. Voilà l’effet papillon des projets CARE ! Cette coopérative est le parfait exemple de la transmission de savoirs entre les femmes d’une communauté. Chaque femme formée par l’ONG CARE peut sortir de la pauvreté et aider, à son tour, d’autres femmes à suivre son exemple ! 

Sources : (1) Banque Mondiale, 2021 (2) Observatoire national du développement humain, 2019 

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