Un conflit qui s’étend et qui rattrape les déplacés

Le conflit au Soudan ne faiblit pas en intensité. Au contraire, alors que la violence continue notamment au Darfour et au Kordofan, elle s’est étendue le mois dernier dans l’est et le sud du pays. Cette crise s’ajoutant aux précédentes fait du Soudan le pays qui détient un triste record : celui du plus grand nombre de personnes déplacées internes. Environ 6 millions de personnes ont été récemment déplacées par les combats à l’intérieur du pays, s’ajoutant aux 3,8 millions de personnes déjà précédemment déplacées, soit un total de près de 10 millions de personnes déplacées internes (1). Des personnes souvent forcées de se déplacer plusieurs fois, au fur et à mesure que le conflit et le sillage de mort causé par les combats les rattrapent.

C’est le cas de Shakir Elhassan, qui travaille pour l’ONG CARE au Soudan. « J’avais l’habitude de me dire que bientôt je retournerais chez nous, dans ma maison, dans ma petite ferme, auprès de mes amis et de ma famille. Que mes enfants retourneraient à l’école. Ce rêve me glisse de plus en plus entre les doigts. Aujourd’hui, je me retrouve déplacé à deux reprises et je crains une troisième vague de déplacements. » À la fin de l’été dernier, Shakir a fui avec sa famille sa ville natale de Khartoum pour rejoindre l’État de Gezira. Mais lorsque les combats ont atteint cette région – surnommée le grenier à blé du Soudan – environ 600 000 personnes ont dû fuir, dont environ 220 000 qui, comme Shakir, avaient déjà été déplacées plus tôt dans l’année.

Quatre mois après son arrivée, Shakir a donc entrepris dans la panique un nouveau voyage de 20 heures en bus « sur des routes poussiéreuses » à travers plusieurs États. « Ce conflit ne s’atténue pas, au contraire il s’étend, se déplaçant d’un État à l’autre. Les gens du Soudan souffrent en silence parce que personne ne les écoute », confie Shakir Elhassan, membre de l’ONG CARE au Soudan.

L’assistance humanitaire dans un contexte difficile

Près d’une personne sur deux aura besoin d’une aide humanitaire dans le pays en 2024, soit 24,8 millions de personnes, selon les Nations Unies (2). La situation humanitaire est déjà catastrophique, selon nos équipes sur place. « Les pertes en vies humaines, les déplacements en masse, les violences sexistes, la faim et le choléra sont en augmentation constante depuis avril dernier, à un rythme alarmant. La situation humanitaire est catastrophique : entre 70 et 80 % des hôpitaux dans les zones touchées par le conflit ne sont plus fonctionnels, 10 400 écoles sont fermées dans les zones de conflit et 19 millions d’enfants n’ont plus accès à l’éducation. Cette crise doit sortir de l’ombre. Les ONG ont besoin de financements importants pour y faire face », alerte Marie David, directrice de CARE au Soudan.

Car malgré son ampleur dévastatrice, les financements sont loin d’être à la hauteur des besoins. Sur les 2,5 milliards de dollars nécessaires pour apporter une aide d’urgence aux populations soudanaises en 2023, seuls 40% ont été apportés par la communauté internationale, soit même pas la moitié. Et pour 2024, ce ne sont pas moins de 2,7 milliards de dollars qui devront être mobilisés si on veut aider toutes les populations qui en ont besoin au Soudan.

L'action de CARE au Soudan

Outre le manque de financements, les combats affectent aussi l’action des ONG. Ainsi CARE a été contrainte de suspendre ses opérations dans l’État de Gezira en décembre. Nos équipes restent cependant toujours mobilisées et soutiennent nos partenaires au Darfour-Oriental, Darfour du Sud, ainsi que dans les Etats de Kassala, Al Qadarif et au Kordofan du Sud. Avec des activités en matière de santé, d’eau et d’assainissement, de nutrition, d’aide financière, d’agriculture et des activités de subsistance, le soutien aux populations les plus impactées couvre une large palette de besoins. La semaine dernière, dans la ville de Nyala au Darfour Sud, CARE a pu rouvrir son centre de malnutrition, la seule structure accueillant des enfants souffrant de malnutrition dans la ville. Cette réouverture est un signe d’espoir et doit constituer un signal fort pour poursuivre et renforcer la mobilisation internationale en faveur de la population soudanaise.

Sources : (1) OCHA, 2024 ; (2) OCHA, 2024

Notes aux rédactions :

  • Au Soudan, CARE a apporté une aide humanitaire à plus de 1,2 million de personnes en 2023. CARE travaille avec des partenaires pour fournir des services d’eau, de santé, de nutrition, d’assainissement et d’hygiène aux personnes dans le besoin à travers le pays, avec un accent particulier sur les femmes et les filles.

Contact presse pour les médias 

  • Des porte-paroles présents sur place sont disponibles pour des interviews (en anglais). Pour toute demande, veuillez contacter Chloé Sublet, 07 86 00 42 75, sublet@carefrance.org

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