Il y a 30 ans, à la chute du régime communiste, le monde découvrait en Roumanie d’immenses orphelinats, certains de véritables mouroirs, où survivaient des centaines de milliers d’enfants, parfois attachés à leur lit, livrés à eux mêmes. Depuis la disparition de Ceausescu, d'importants progrès ont été réalisés en termes de protection des enfants et le pays se prépare à fermer les 147 derniers centres hérités de l’époque communiste. Mais beaucoup reste à faire pour en finir avec l'héritage du dictateur : les abandons persistent et 54 000 enfants sont toujours sous tutelle de l’État, alertent l'association CARE et son partenaire SERA Romania.

La Roumanie est le seul pays où l’abandon d’enfants a été encouragé par l’État, qui avait développé un réseau de plus de 600 orphelinats. Conséquence de la politique ultra nataliste du dictateur Ceausescu - interdiction de la contraception et de l’IVG, obligation de faire 5 enfants par femme - abandonner son enfant était devenu en 1989 un acte banal. Si ce système a été abrogé en 1997, l’impact est encore bien présent 30 ans après. En 2018, 54 000 enfants étaient toujours sous la protection de l’État, dont 60 % en situation de handicap. Encore beaucoup grandissent dans des centres de placement inadaptés offrant peu de perspectives.

« Malgré un net recul depuis les années 90 et le travail acharné de nos équipes sur le terrain qui ont permis de fermer 87 orphelinats de l’époque de Ceauscescu et d’améliorer le destin de plus de 88 000 enfants en Roumanie, le nombre d’enfants placés est encore bien trop important ! », explique Bogdan Simion, directeur de l’association SERA Romania, soutenu par CARE.

Mais, le gouvernement roumain se mobilise afin d’endiguer les abandons d’enfants : une nouvelle loi est entrée en vigueur le 1er janvier 2019 et interdit le placement en institution des enfants avant 7 ans (contre 3 ans auparavant) et un projet de changement de la loi de la protection de l’enfance prévoit la fin des grands centres de placement hérités de l’époque communiste à partir de janvier 2021. De nombreux facteurs expliquent néanmoins que ce phénomène soit toujours aussi prégnant :

  • La première cause de placement des enfants en Roumanie (40%) est la pauvreté. Dans le pays, 29% de la population est en situation de pauvreté extrême : c’est 3 fois plus que dans le reste de l’Union européenne !
  • Le manque d’éducation sexuelle et de services de planning familial accessibles signifient une lente évolution des mentalités : la faiblesse des services sociaux publics et médicaux dans les zones rurales causent de nombreuses grossesses précoces et/ou non-désirées. En effet, 12,3% des enfants naissant en Roumanie ont une mère mineure. L’accès à la santé maternelle et reproductive y est faible pour les femmes et les filles. Et la sensibilisation à la contraception reste insuffisante, voire inexistante dans ce pays touché en parallèle par une baisse démographique très importante.

« Pour pallier ces différentes problématiques, nos équipes travaillent main dans la main avec les autorités locales : fermeture des anciens centres de l’époque de Ceausescu, programmes de réintégration des enfants dans leur famille d’origine ainsi que la mise en place de programmes de planning familial itinérant à l’échelle nationale : ce dernier couvre aujourd’hui les trois quarts des départements roumains et est reconnu par l’État comme un modèle. C’est une fierté pour nous, mais il reste encore beaucoup à faire » explique Bogdan Simion, directeur de SERA Romania

Contact médias

  • Le directeur de SERA Romania est disponible pour des interviews
  • Un voyage de presse en Roumanie est prévu en janvier 2020 

Si vous êtes intéressé.e, contactez Camille Nozières : 07 86 00 42 75

L'action de CARE - SERA Romania

L’ONG SERA (Solidarité Enfants Roumains Abandonnés) travaille en Roumanie depuis 1990 pour la protection des enfants en difficulté et la lutte contre le phénomène de l’abandon. SERA France a fusionné en 2003 avec l’association CARE France pour assurer la pérennité de son action. CARE France travaille en partenariat avec la fondation roumaine indépendante SERA ROMANIA où elles mènent plusieurs actions, en partenariat avec les autorités locales, afin de faire respecter le droit de chaque enfant de grandir dans une famille :

  • Fermeture des centres de placement de type ancien et création de maisons de type familiale (structures adaptées de 12 places, personnel formé). Depuis 1991, SERA a fermé 88 centres de placement et créé plus de 84 maisons de type familial
  • Programmes de prévention de la séparation des familles et de réintégration des enfants dans leurs familles. SERA a développé ce type de programmes dans 8 départements, permettant à plus de 1 300 enfants de retrouver ou rester dans leurs familles.
  • Création de centres thérapeutiques pour enfants en situation de handicap, permettant aux enfants et aux familles un suivi et des activités de réhabilitation par des spécialistes. Ces centres permettent de limiter l’institutionnalisation des enfants à cause de leur handicap. SERA en a créé plus de 64 dans tout le pays
  • Programmes de prévention des grossesses non désirées par la mise en place d’équipes de planning familial itinérant (un·e infirmier·ère et un·e assistant·e social·e) pour conseiller et accompagner les populations vulnérables sur les méthodes de contraception et prévenir les grossesses non désirées pouvant entrainer l’abandon de l’enfant. L’équipe fait le lien avec les centres de planning familial existants. En place depuis 18 ans, le programme de planning familial itinérant couvre aujourd’hui 3/4 des départements du pays (31 sur 41) et est reconnu par l’État roumain comme un modèle, la gestion des équipes est ensuite reprise par les autorités locales.