En Roumanie, trop d’enfants grandissent privés de leur famille à cause de la pauvreté : faute de moyens pour les élever, leurs parents n’ont pas d’autres choix que de les placer dans des institutions. Aux côtés de CARE et de son partenaire roumain SERA, Catalin agit pour que les enfants puissent grandir dans leur famille. Il répond à vos questions. 

Visite d'une famille participant au programme de prévention-réintégration des enfants en Roumanie.
Catalin en visite d’une famille participant au programme de prévention-réintégration de Bacau, en 2019.© CARE

Pourquoi y-a-t-il autant d’enfants placés en Roumanie ?

En Roumanie, 40% des enfants placés sous la protection de l’État, le sont à cause de la pauvreté. Il faut savoir qu’ici les familles les plus pauvres vivent dans des très petits espaces totalement insalubres. Des familles nombreuses partagent une seule ou deux pièces et trop souvent n'ont aucun accès à l'eau ou l'électricité.

Ces familles n’ont alors pas d’autres alternatives que de placer leur enfant : c’est évidemment un événement traumatique à la fois pour les parents et pour l’enfant. Et c’est d’autant plus grave que le cercle familial est un facteur indispensable de l’épanouissement psychologique et physique d’un enfant. 

Alors comment prévenir l’abandon d’enfants dans le pays ?

Le principe est simple : nous aidons les familles qui vivent dans des conditions économiques très difficiles (faibles revenus, chômage…) à améliorer leur niveau de vie de manière durable. Cela peut être la rénovation du logement avec un accès à l'eau potable, une aide matérielle comme une machine à laver ou un réfrigérateur, des fournitures scolaires que la famille ne pourrait acheter, ou par exemple un petit ruminant pour améliorer l’alimentation quotidienne de la famille.

Les parents peuvent élever leurs enfants de manière plus sereine. Et ainsi, nous diminuons le risque de placement de l’enfant qui peut être vécu comme un abandon. 

En quoi construire ou améliorer les logements permet de prévenir le placement des enfants ?

Lorsqu’elles entrent ou sont déjà dans le cercle vicieux de la pauvreté, les familles n’ont plus les moyens de prévenir la dégradation de leur logement. La construction ou l’amélioration des logements contribuent à la reconstruction des familles. Non seulement ça leur offre de meilleures conditions matérielles mais c’est également une reconstruction symbolique de la cellule familiale. Un nouveau départ concret. Si les familles vivent dans de bonnes conditions, avec suffisamment d’espace pour faire grandir leurs enfants, elles se sentiront capables de leur offrir un bel avenir. Bien meilleur que celui qu’ils auraient eu dans les services de l’État. 

CARE et SERA ROMANIA mènent aussi des projets pour réintégrer les enfants institutionnalisés au sein de leur famille. Parmi les enfants placés sous la protection de l'État, un nombre important maintient le contact avec leur famille biologique. Lorsque la décision de placer un enfant a été conditionnée par des difficultés financières, une aide matérielle, même modeste, peut suffire à la famille pour reprendre son enfant en son sein. Cette réintégration doit bien sûr être accompagnée d'un soutien social, psychologique et émotionnel pour en garantir le succès. 

Des milliers d’enfants ont déjà bénéficié de ce soutien ?

Oui, plus de 1 300 enfants et jeunes ont directement bénéficié de ce programme mis en place dans huit départements roumains. 80 logements ont été réhabilités, construits ou achetés.

Et ce n’est pas fini ! Tant que nous aurons des soutiens, nous continuerons nos actions, sans relâche, pour lutter contre ce phénomène qui brise la vie de trop nombreuses familles dans le pays. Selon la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, chaque enfant a le droit de grandir avec sa famille. C’est notre mission de faire en sorte que ce droit soit respecté ! 

Pour mieux comprendre : le drame des enfants abandonnés en Roumanie et l'action de CARE

Il y a 30 ans, le monde entier découvrait les orphelinats roumains, de véritables mouroirs où 120 000 enfants vivaient dans un dénuement extrême. Certains restaient attachés à leur lit toute la journée. En 1989, l’abandon était devenu un acte banal soutenu par l’État. Ce système n'a été abrogé qu'en 1997, mais reste aujourd'hui entretenu par un contexte économique difficile

Depuis 1990, SERA - qui a ensuite fusionné avec CARE - oeuvre pour faire respecter le droit de chaque enfant à grandir dans une famille. Nous développons des programmes d’inclusion sociale, de prévention de l’abandon, de fermeture des centres de placements vétustes, d’alternatives à l’institutionnalisation. L'ensemble de ces différents projets ont déjà aidé plus de 85 000 enfants vulnérables.