La Syrie et l'Ukraine, des contextes instables pour les femmes enceintes
Les recommandations pour la santé des femmes enceintes sont plutôt connues, une en particulier : éviter le stress. Or, c’est impossible lorsqu’on vit dans la peur et les décombres.
Naissances prématurées, fausses couches, cas d’insuffisance cardiaque fœtale… Malheureusement, tous ces chiffres sont en hausse dans la maternité du Dr Dima Um Nour, gynécologue au nord-ouest de la Syrie. « Toutes mes patientes souffrent de problèmes physiques et psychologiques dus à la guerre et plus récemment aux tremblements de terre [de février 2023]. »
« Avant le séisme, nous avions 2 fausses couches par semaine. Aujourd’hui, c’est 3 par jour. » Dr Dima Um Nour, gynécologue en Syrie
Les conséquences des crises humanitaires sont immédiates sur les nouveau-nés et les mères. Le taux moyen de mortalité maternelle pour les États en crise (comme la Syrie, le Soudan du Sud, la RDC ou l’Afghanistan) est de 551 pour 100 000, soit plus du double de la moyenne mondiale (1). Et au-delà des chiffres, on parle de véritables drames humains. « Une femme enceinte de neuf mois est venue me voir dans un état déplorable. Elle avait perdu son fils de deux ans lors du tremblement de terre. Elle était venue pour un suivi de sa grossesse et nous avons découvert que son bébé était mort. Elle a perdu deux enfants, l’un sous les décombres du tremblement de terre et l’autre dans son ventre. C’est un grand choc », raconte Dr Dima Um Nour, soutenue par CARE.
Le courage du personnel de santé et des femmes enceintes dans les pays en guerre
Pour éviter ces drames, le personnel de santé en Syrie et en Ukraine demeure chaque jour auprès des patientes. Et ce malgré les dangers. « Pendant les raids aériens, nous faisons attention pour nos vies mais surtout et avant tout pour celles de nos petits patients et grandes patientes », témoigne Karina Lishchyshyna, sage-femme en Ukraine, également soutenue par CARE.
En un an, beaucoup de choses ont changé dans les centres de santé ukrainien. Les maternités ont équipé leurs abris, se sont dotées de sources d’énergie alternatives en cas de coupure de courant et ont élaboré des plans d’évacuation des patientes en cas d’alerte de raid aérien.
« Parfois la sirène retentit et les médecins sont en pleine opération, les femmes en plein accouchement. On ne peut pas partir. On continue de travailler. » Karina Lishchyshyna, sage-femme en Ukraine
Les femmes enceintes et les nouvelles mères doivent elles aussi faire preuve d’un courage incroyable en se focalisant sur le bien-être de leur bébé. « Les femmes qui ont fui la guerre sont un phénomène à part entière. Elles sont très résistantes », déclare Alina Ivanchenko, 25 ans, sage-femme à Odesa en Ukraine. Cependant le bien-être psychologique des femmes enceintes et jeunes mères est mis à rude épreuve. En Ukraine, deux femmes enceintes sur dix développent une forme de trouble mental, anxiété accrue ou même dépression prénatale ou post-partum, selon 280 Days Foundation, notre partenaire local. Une situation qui s’explique par le fait que ces femmes sont confrontées non seulement aux violences mais à des difficultés d’accès à la santé et à la dureté de leurs conditions de vie. Docteure Dima Um Nour en témoigne en Syrie : « Un grand nombre de mes patientes ont été déplacées par la guerre et vivent sous des tentes ou dans des lieux inadaptés, tels que des usines abandonnées. Elles n’ont pas d’eau ou de nourriture. Certaines femmes enceintes pèsent 45 ou 42 kg, ce qui est insuffisant même pour une femme non enceinte! » .
Comment soutenir la santé maternelle en cas de crise
Rien qu’en Syrie et en Turquie, pays touchés par les séismes de février 2023, 356 000 femmes enceintes ont un besoin urgent d’accéder aux soins de santé reproductive (2). C’est pourquoi l’association CARE vient en aide aux centres de santé pour garantir des soins aux femmes, même en temps de guerre et de de crise. « La guerre a démontré que la vie et la santé sont les biens les plus précieux que possède chaque personne », explique Alina Ivanchenko, 25 ans, sage-femme en Ukraine.
Dans de nombreux pays en situation de crise, l’association CARE apporte une aide humanitaire. En termes de santé, nous soutenons et équipons des centres médicaux en matériel et médicaments. C’est ce que nous faisons dans 4 régions en Ukraine et dans le nord-ouest de la Syrie. Nous formons aussi du personnel de santé pour que les femmes et les filles puissent bénéficier de soins médicaux complets.
En Ukraine, Karina Lishchyshyna reste optimiste : « chaque bébé dont nous nous occupons et chaque accouchement réussi offrent une lueur d’espoir. »
Sources : (1) Fragile States Index, 2020 ; (2) Fonds des Nations Unies pour la population, 2023 ; (3) ONU, 2023 ; (4) ONU, 2023
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Pour mieux comprendre
- En Turquie et Syrie : début février 2023, une série de violents tremblements de terre ont secoué la Turquie et la Syrie. Plus de 9 millions de personnes en Turquie et au moins 8,8 millions de personnes en Syrie ont été directement touchées par les séismes (3). Les populations ont tout perdu. Elles ont besoin d’un soutien à long terme pour pouvoir se reconstruire. D’autant plus que la Syrie vit sa 12e année de guerre. Suite aux séismes, l’ONG CARE et ses partenaires – des associations syriennes – ont soutenu plus de 500 000 personnes en apportant une aide humanitaire d’urgence dans le nord-ouest de la Syrie.
- En Ukraine : en février 2022, la Russie a lancé une offensive militaire sur l’Ukraine. Depuis, la population ukrainienne subit la guerre de plein fouet. En un an, plus de 18 millions de personne ont fui l’Ukraine et au moins 8 000 civils sont morts (4). En Ukraine, en un an, l’ONG CARE et ses partenaires – des associations locales – ont soutenu près de 760 000 personnes en apportant une aide humanitaire d’urgence (nourriture, eau, santé, abris).
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