Les enfants syriens font face aux traumatismes de huit ans de guerre, ils sont notamment privés d’éducation. On estime qu’en Syrie et dans les pays voisins 1.75 million d'enfants n’ont pas accès à l’éducation, pour la plupart depuis plusieurs années. Même une fois la paix revenue, comment envisager leur avenir ? Par Fadi Hallisson de l’ONG libanaise Basmeh et Zeintooneh et Joelle Bassoul de l’ONG internationale CARE.
Apprendre et jouer est devenu un privilège pour les enfants syriens.
Apprendre et jouer est devenu un privilège pour les enfants syriens. Avant la guerre, la quasi-totalité avaient accès à l’éducation primaire. Mais après huit ans de guerre, le quotidien des Syriens est de plus en plus compliqué : où trouver un abri loin des combats, comment acheter de la nourriture ou des médicaments ? Qui plus est, les infrastructures publiques, comme les écoles, sont systématiquement visées par les bombardements.
Alors à cause de ces destructions, des déplacements et de la pauvreté, pour beaucoup de familles, l’éducation est vue comme un sujet qu’on remet à plus tard. Si bien qu’aujourd’hui, pour plus de 1,75 million d’enfants syriens, l’école n’est qu’un lointain souvenir ou un monde dont ils ont entendu parler, sans jamais avoir la chance de le connaitre. Et ce, aussi bien en Syrie que dans les pays voisins qui accueillent les réfugiés syriens.
La moitié des réfugiés syriens au Liban sont des enfants.
Au Liban, la moitié des réfugiés syriens, soit un demi-million de personnes, sont des mineurs. La plupart de ces enfants se sont enfuis en laissant pratiquement tout derrière eux. Les fournitures scolaires ont souvent été abandonnées dans les décombres de leur vie passée.
C’est une catastrophe dont on ne mesure pas encore l’importance : toute la prochaine génération de Syriens risque d’être privée d’avenir. Et quel sera le futur de la Syrie, une fois la fin de la guerre ? Comment reconstruire ce pays ?
Comment s’épanouir quand on a entendu des bombardements, qu’on a vu les combats ?
Les enfants réfugiés syriens arrivent dans des pays, le Liban, la Jordanie, où le système scolaire peine à faire face à cet afflux. Souvent les écoles publiques se dédoublent pour accueillir le plus d’enfants possibles : le matin pour les enfants libanais puis l’après-midi pour les Syriens. Ainsi, entre 2016 et 2017, le nombre d’enfants réfugiés scolarisés a fortement augmenté. Mais pour ceux-ci les défis sont nombreux, dont celui de la langue. Au Liban, certaines matières sont enseignées en français ou en anglais alors qu’en Syrie, tout le cursus se fait en arabe.
Et surtout, la plupart de ces enfants souffrent des traumatismes de la guerre et de l’exil. Comment s’épanouir quand on fait face à la pauvreté, au manque de nourriture ? Quand on a entendu des bombardements, qu’on a vu les combats ? Ces enfants ont besoin d’un soutien psychologique et d’un accompagnement adapté à cette situation si tragique.
Alors quelle est la solution ?
Il y a tant de choses à faire. Les besoins sont énormes. Au Liban, 58% des enfants entre 3 et 18 ans n’étaient pas scolarisés à la fin 2017. Les plus touchés par l’absentéisme scolaire sont les jeunes garçons entre 13 et 18 ans qui doivent souvent travailler pour subvenir aux besoins de leurs famille. C’est d’autant plus inquiétant que bientôt viendront s’ajouter des milliers d’autres enfants syriens nés au Liban, en âge d’être scolarisés.
Malgré l’urgence, l’éducation des enfants réfugiés reste l’un des domaines les moins financés, ne recevant que 2% de l’aide humanitaire. Et c’est une situation qui risque de perdurer. Car même si la paix revient en Syrie et que la reconstruction commence, il faudra cinq ou même dix ans pour que tous les enfants syriens retrouvent le chemin de l’école.
Alors quelle est la solution ? Les enfants syriens continuent de rêver. Certains veulent être journalistes, d’autres ingénieurs... C’est à nous, les adultes, les humanitaires, les dirigeants de la communauté internationale, de tout faire pour sauver leurs espoirs pour l’avenir !
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L’ONG CARE et ses partenaires ont fourni une aide humanitaire à plus de 2,7 millions de personnes en Syrie et dans les pays qui accueillent des réfugiés syriens.
Ce texte a été publié par le Journal du Dimanche