À Madagascar, comme dans de nombreux pays, le tabou des règles est tenace et ses conséquences sont nombreuses sur la vie des femmes et des filles. Manque d'information, manque d’infrastructures ou de protections adaptées pour permettre aux jeunes filles de vivre sereinement et en sécurité leurs règles, à l’école par exemple. Découvrez comment CARE soutient les écolières comme Francia à mieux vivre cette période.

Francia et ses camarades en classe à Madagascar.
© Antaretra Manakara/CARE

Le tabou des règles, synonyme de danger et de déscolarisation pour les filles.

À Madagascar, les interdits autour des menstruations sont ancrés dans les mœurs.

L’expression “Fadim-bolana” (dont “fady” signifie “tabou”) utilisée pour parler des règles en est la parfaite illustration. Encore aujourd’hui, les femmes et les filles sont considérées comme “impures” lorsqu’elles ont leurs règles et subissent l’exclusion : arrêt de l’école pour les jeunes filles, exclusion de certaines activités de la vie quotidienne pour les femmes. 

« La première fois que j’ai eu mes règles, mes camarades ont ri de moi et j’étais mal à l’aise à l’école. Je n’avais que 12 ans. J’ai subi beaucoup de moqueries qui m’ont blessé de la part des garçons car mes serviettes se voyaient à travers mon pantalon. Il y a eu des jours ou je ne voulais même plus aller à l’école » raconte Francia. 

Pire encore, ce tabou peut mettre leurs vies en danger. Par exemple, à Madagascar, les protections périodiques à usage unique sont très chères, beaucoup de familles ne peuvent se permettre de tels achats. 

« Je ne pouvais utiliser qu’une à deux serviettes par jour car ma mère ne pouvait pas m’en acheter plus » raconte-elle. 

Ainsi,beaucoup de femmes et de filles utilisent des morceaux de tissus récupérés de draps ou de vêtements usés pour servir de serviettes périodiques : une pratique dangereuse qui peut engendrer de sévères infections.

Des protections périodiques réutilisables pour vivre ses règles plus sereinement.

Pour faciliter la vie des filles et des femmes durant leur période menstruelle, CARE et plusieurs associations ont lancé un projet de création de serviettes périodiques lavables et réutilisables en partenariat avec des couturières locales. 

« J’ai pu acheter deux serviettes périodiques lavables lors d’une session de sensibilisation des équipes de CARE » explique Francia.

Les avantages de ces serviettes réutilisables sont multiples. Elles permettent de faire des économies sur l’année en évitant d’acheter des produits périodiques à chaque cycle, elles protègent la santé des femmes (et la planète !)et leur garantissent une protection optimale. 

« À l’achat, c’est plus cher que les serviettes à usage unique, mais ça en vaut la peine ! Je n’ai plus à demander de l’argent chaque mois à ma mère et je me sens plus à l’aise dedans. Je vais économiser pour m’en racheter » raconte-elle. 

Ce tabou prive les femmes d’un droit fondamental : celui de garantir leur hygiène et leur santé. Alors, ensemble, brisons le tabou des règles ! 

Francia, à l'entrée de sa salle de classe.
© Antaretra Manakara/CARE

Sur le terrain : CARE lutte contre le tabou des règles

  • Tous les jours, sur le terrain, CARE lutte contre le tabou des règles et les stéréotypes de genre en sensibilisant les femmes, les filles mais aussi les hommes et les garçons à l’égalité femmes-hommes. Et afin de garantir le droit à l’éducation de chaque fille, CARE construit notamment des toilettes et des points d’eau adaptés aux filles dans les écoles, distribue des cups ou soutient la fabrication de serviettes hygiéniques réutilisables et informe les filles sur la santé sexuelle et reproductive.

  • Le tabou des règles est loin d’être un phénomène isolé, au contraire, il touche le monde entier. Les pays occidentaux ne sont d’ailleurs pas épargnés : 44% des femmes françaises et 58% des Américaines ressentent de la honte lorsqu’elles ont leur règle. Il est grand temps que ça cesse, et partout dans le monde !