Pourquoi la France doit s’engager dans l’aide humanitaire ?

Du fait de la multiplication des crises dans le monde, de leur allongement et complexité, le nombre de personnes ayant besoin d’aide humanitaire pour survivre ne cesse de s’accroître : 362 millions de personnes en 2023 (1). Dans le cadre de sa politique étrangère, la France apporte une aide et des financements humanitaires aux ONG. Cela contribue à la stabilité internationale et à un effort international de solidarité à l’égard de ces populations touchées par des crises. Pour cela, sa nouvelle stratégie prévoit le renforcement de deux piliers.

Soutenir les associations locales : la localisation de l’aide humanitaire

Aujourd’hui, seuls 1,2% des financements humanitaires internationaux soutiennent directement les associations locales (2). Et la France ne fait pas figure d’exception. C’est une aberration puisque les associations locales sont justement les premières et les mieux placées pour agir en cas de crise (catastrophes naturelles, conflits…). Et dans ces moments-là, une réponse rapide et efficace fait toute la différence pour les populations dont la vie est en danger immédiat. L’action humanitaire ne doit plus être associée à l’idée de cet étranger se précipitant dans un pays en crise pour sauver la situation. C’est pourquoi en 2016, les États, les institutions internationales (ONU, Banque mondiale, OCDE) et les ONG se sont mis d’accord pour reconnaitre et soutenir la conduite des réponses humanitaires par des acteurs locaux. L’action des ONG internationales ne devrait compléter cette aide que si nécessaire.

Mais pour cela, la France et les autres États doivent tout faire pour rattraper le retard dans leurs engagements : ils étaient censés garantir au moins 25 % des financements humanitaires pour les intervenants locaux et nationaux d’ici 2020. Un virage majeur des financements français est donc toujours nécessaire.

Comment CARE agit avec et soutient des associations locales

CARE défend la localisation de l’aide depuis des décennies. Premièrement, 95% de nos équipes sont originaires des pays dans lesquels elles travaillent. Elles connaissent donc parfaitement le contexte, les terrains d’intervention et les populations. Lors du récent séisme au Maroc, CARE Maroc reconnue comme association marocaine a ainsi participé à déployer une aide d’urgence. Mais ce n’est pas tout. CARE travaille aussi avec de nombreux partenaires locaux, comme en Syrie. En 2023, cela représentait plus d’un projet d’urgence sur deux sur les 720 que nous avons déployés dans le monde. L’objectif de ces partenariats est d’avoir une réponse humanitaire complémentaire et de pouvoir aider le plus de personnes possibles.

Troisièmement, CARE est aussi là pour transmettre nos compétences et nos 75 ans d’expertise aux associations locales. L’objectif est de renforcer le tissu humanitaire local pour que ces associations puissent ensuite se passer de nous. Par exemple, suite à l’arrivée soudaine de réfugiés ukrainiens au Roumanie en 2022, CARE a soutenu financièrement et formé techniquement une trentaine d’associations locales. Près de deux ans plus tard, ces associations vont pouvoir poursuivre ces actions seules.

Aider les femmes dans les urgences : l’approche genre

Les femmes et les filles sont les premières victimes des crises humanitaires. Lors des séismes d’octobre en Afghanistan par exemple, 90% des victimes étaient des femmes et des enfants. Aussi, les inégalités de genre sont exacerbées en temps d’urgence. Lorsqu’une crise se produit, comme la crise alimentaire actuelle en Afrique de l’Ouest, les filles sont plus à risque d’être mariées de force, déscolarisées… Malgré cet impact disproportionné, trop peu de financements et de réponses humanitaires prennent en compte et répondent aux besoins spécifiques des femmes et des filles.

Comment CARE garantit une aide efficace pour les femmes

Nous le savons, les programmes humanitaires ne sont efficaces que s’ils soutiennent les plus vulnérables, dont les femmes. Depuis 2012, CARE a mis en place deux outils pour s’en assurer : la rapid gender analysis qui analyse les besoins spécifiques des femmes (en termes de santé par exemple) et le marqueur genre qui vérifie que nos projets répondent ensuite à leurs besoins. Cela nous a permis par exemple de garantir l’hygiène menstruelle des femmes dans les camps de réfugiés en Ouganda. Ces deux outils ont donc fait leurs preuves ! Ils ont d’ailleurs été repris par d’autres ONG et institutions locales et internationales.

Notre second objectif ? Que nos actions d’urgence soutiennent la place et le rôle des femmes en leur permettant de participer directement à la réponse humanitaire et à la reconstruction des communautés frappées par une crise. Pour cela depuis 2018, nous portons l’approche “Women Lead in emergencies” avec des organisations de défense des droits des femmes et des associations locales. Et ça marche ! En 2021, au Niger, 88% des participantes de nos projets avaient une meilleure connaissance de leurs droits et étaient donc en mesure de les défendre. L’impact positif de ce projet va donc perdurer bien au-delà de la période de crise.

La prise en compte de la localisation et la prise en considération du genre guident l’action humanitaire de CARE depuis longtemps. Nous comptons sur la France pour renforcer ces deux principes afin de garantir une aide humanitaire la plus efficace possible. Des vies sont en jeu !

Sources : (1) Nations Unies, 2023 ; (2) Development initiatives, 2023

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