Depuis le début du conflit, en avril 2023, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC*) et les ONG humanitaires alertent sur l’escalade dramatique de la faim et de la famine au Soudan, en lançant un appel clair : agir maintenant pour mettre fin à ces souffrances évitables. Cet appel, pourtant répété, est resté sans réponse. Dans son nouveau rapport publié lundi 3 novembre, l’IPC confirme l’existence d’une famine dans la ville d’El Fasher et à Kadugli, et identifie en outre un risque de famine dans 20 localités des régions du Grand Darfour et du Grand Kordofan d’ici la fin de l’année.

« Depuis 900 jours, les communautés soudanaises endurent violence, déplacement et faim, dans l’indifférence quasi totale. C’est insupportable de voir paraître ce nouveau rapport sur l’aggravation de la famine au Soudan alors que nous alertons sur cette situation depuis des années, qu’elle est évitable et que malgré tout, aucune action concrète n’est déclenchée par la communauté internationale pour y remédier. »

Deepmala Mahla, Directrice humanitaire de CARE.

CARE soutient plus de 83 structures de santé dans six États du Soudan, en fournissant des services vitaux de santé et de nutrition.

La faim et la recherche désespérée de nourriture au Soudan

La recherche désespérée de nourriture, parfois d’une simple poignée de grains, est devenue la réalité quotidienne de nombreuses personnes à travers le Soudan. D’innombrables familles, notamment au Darfour et au Kordofan, n’ont d’autre choix que de faire bouillir des feuilles pour survivre.

Le Soudan demeure la plus grave crise mondiale de la faim, de la protection et du déplacement, avec plus de 30 millions de personnes ayant un besoin urgent d’aide humanitaire et plus de 10 millions de déplacés et déplacées internes. C’est également le théâtre d’une guerre sans relâche contre les femmes et les filles, qui subissent des violences sexuelles systématiques liées au conflit.

+ 0 millions

de personnes ont un besoin urgent d’aide humanitaire au Soudan.

Les exactions contre les populations civiles à El Fasher

La famine est particulièrement sévère dans les zones où les acteurs armés entravent les déplacements civils et l’accès humanitaire, et mènent des attaques délibérées contre les civils et les infrastructures vitales. Les récentes atrocités commises à El Fasher, au Darfour Nord, illustrent la gravité des violations. Le siège de la ville, qui dure depuis près de 18 mois, a coupé la population de toute aide humanitaire. Les populations civiles sont piégées dans la ville, soumis à des violences inacceptables en violation du droit international humanitaire, avec des exécutions sommaires, des détentions arbitraires et des attaques contre des civils. La fuite est périlleuse et semée d’embûches : absence de passages sûrs, risques de détention, de violences et d’abus le long des routes d’évacuation. Seule une petite partie des personnes tentant de fuir parvient à rejoindre des zones plus sûres.

« Les témoignages recueillis à Tawila (Darfour Nord), à environ 60 km d’El Fasher, sont effroyables. La plupart des arrivants — en majorité des femmes et des enfants — n’ont plus rien, sont épuisés, traumatisés, déshydratés et affamés. Tawila accueille déjà plus de 652 000 personnes déplacées internes, et la situation sur place est chaotique, les ressources humanitaires étant dramatiquement insuffisantes. »

Adéa Guillot, porte-parole de CARE France.

un homme vient chercher de l'aide alimentaire au soudan
© CARE
Nos équipes locales soutiennent les populations au Soudan
© CARE

Dans le Darfour Nord, CARE renforce actuellement ses programmes pour accueillir les nouveaux arrivants à Tawila et dans les zones avoisinantes.

Car outre El Fasher, plusieurs autres zones — notamment Kadugli et Dilling au Kordofan Sud — sont également en état de siège et menacées par un scénario similaire.

Les réductions de l’aide internationale ont encore affaibli la réponse humanitaire et surchargé les organisations présentes. Parmi les nombreuses conséquences dévastatrices du désengagement international au Soudan, des milliers de groupes d’entraide communautaires, portés par des bénévoles soudanaises et soudanais courageuses, ont dû fermer faute de financement.

Il faut passer des mots aux actes. La communauté internationale doit agir — immédiatement, de manière décisive et unie. Les populations civiles ont un besoin urgent de protection.

L’appel de CARE pour la protection des populations

CARE appelle tous les gouvernements, instances régionales et les Nations Unies à :

  • Protéger les populations civiles, les travailleurs et travailleuses humanitaires et les infrastructures civiles essentielles à la survie des populations : les parties au conflit doivent cesser immédiatement les attaques contre les populations civiles, les hôpitaux, les marchés et les sites de déplacement, et garantir la sécurité du personnel humanitaire conformément au droit international.
  • Garantir la liberté de mouvement des populations civiles et un accès sans entrave à l’aide humanitaire dans tout le Soudan. Les populations civiles doivent pouvoir fuir les zones de conflit en sécurité et avec dignité, et les agences humanitaires doivent pouvoir accéder librement, rapidement et durablement à toutes les zones.
  • Accroître le financement humanitaire, tant en volume qu’en flexibilité, afin de sauver des vies immédiatement mais aussi de répondre durablement à la crise alimentaire par des investissements dans l’agriculture d’urgence, en veillant à ce que les financements atteignent les acteurs locaux — en particulier les associations dirigées par des femmes, véritable colonne vertébrale de la réponse humanitaire au Soudan.

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