Un contexte explosif qui fragilise les femmes

« Presque chaque mois, une femme est tuée. Des centaines d’autres se taisent, par peur d’être les prochaines. »

Une femme libanaise.

Comme partout dans le monde, au Liban, la pauvreté alimente les violences faites aux femmes et depuis plusieurs années, le pays traverse une crise économique sans précédent. Près de la moitié de la population a sombré dans la pauvreté (1). Les services publics (santé, justice, protection sociale) sont presque à l’arrêt. 

CARE agit au Liban depuis 2006. Nous sommes témoins des impacts dramatiques sur les femmes et les filles. Le taux de mariages forcés a presque doublé dans la région libanaise de la Bekaa (14 % à 27 %) entre 2024 et 2025, selon notre récente étude (2). Certaines filles sont mariées dès 11 ans, dans l’espoir de réduire les charges financières de leur famille d’origine.   

0 %

de mariages forcés dans la région de Bekaa. Un chiffre qui a doublé entre 2024 et 2025.

« Même si on se tait à la maison, la violence ne s’arrête pas. C’est la misère qui s’abat sur nous. »

Une réfugiée syrienne dans la région de la Bekaa.

À la maison, dans les transports, les humiliations, le harcèlement et les agressions se multiplient. 

La crise économique qui frappe le LIban a engendré une augmentation des violences faites aux femmes.
© CARE
Une famille soutenue par l'ONG CARE au Liban
© CARE

Les femmes taisent ces violences par peur

Dans les sociétés patriarcales, le pouvoir et l’« honneur » familial reposent encore largement sur les hommes et leur contrôle sur les femmes s’exerce sur tout : leurs vêtements, leurs déplacements, leurs fréquentations. Résultat : la violence domestique est tolérée, parfois justifiée comme un « droit » de corriger une femme.  

Et pour ces femmes, dénoncer les violences, c’est risquer d’être rejetée par leur famille, d’être stigmatisée par la communauté, voire de subir encore plus de violences. “Mieux vaut se taire que d’être accusée de salir l’honneur de la famille”, explique une femme libanaise dans la région d’Akkar. 

Et pour les réfugiées et les travailleuses migrantes vivant au Liban, le danger est décuplé : porter plainte peut signifier arrestation ou une expulsion. 

« Si je vais à la police, je risque plus que ce que j’ai déjà vécu. »

Une réfugiée syrienne queer.

Ainsi, si les signalements de violences ont chuté de 38 % en 2024, ce n’est pas parce que les violences diminuent, mais du fait d’une aggravation du contexte : le conflit avec Israël a entrainé des déplacements de population et donc une perte de repères et les femmes ont peur de dénoncer ces violences, faute de soutien et de protection. C’est là où le rôle des associations et de la solidarité internationale compte.  

Pour protéger les femmes et les filles, nos équipes et partenaires, des associations libanaises : 

  • créent des espaces sécurisés où les survivantes de violences sont écoutées et soutenues. « Je ne savais même pas que ce type de refuges pouvait exister », confie une femme libanaise du Mont-Liban. 
  • assurent un suivi psychosocial et facilitent l’accès aux soins de santé afin de garantir un accès à des services essentiels, même dans les zones les plus isolées. 
  • forment du personnel de santé, des travailleurs sociaux et associations à l’accueil des survivantes de violences basées sur le genre  
  • mènent un plaidoyer actif pour l’accès aux services, des lois plus protectrices et la fin des discriminations. Car notre but est de prévenir, pas seulement guérir. 
«Il ne s'agit pas seulement d'aider une femme après qu'elle ait été violentée. Il s'agit de mettre en place un système dans lequel elle n'aura pas à subir de violences – et si elle l'ait, elle pourra se relever avec dignité, sans honte »

Une femme libanaise de la région d’Akkar.

Pour garantir l’efficacité de nos actions, nous nous basons sur nos 80 ans d’expérience en tant qu’ONG de lutte contre les inégalités et de défense des droits des femmes. Au Liban, comme partout dans le monde, nos équipes travaillent main dans la main avec des associations locales et des centres de santé afin de former et soutenir les acteurs locaux, afin de créer une action solide et durable. Ensemble, notre objectif est clair : qu’aucune femme ne soit obligée de choisir entre la violence et le silence.  

En savoir plus

conférence diplomatie féministe à Paris 2025

Contrer l’offensive mondiale conservatrice contre les droits des femmes : 33 pays s’engagent !

l'ONG CARE lutte contre les violences économiques faites aux femmes dans plus de 50 pays grâce à ses Associations Villageoises d'Epargne et de Crédit (AVEC)

Ces groupes de femmes rurales contre la pauvreté : comment ça marche ? Pourquoi ça fonctionne ?

l'ONG CARE lutte contre les violences économiques faites aux femmes grâce à ses Associations Villageoises d'Epargne et de Crédit (AVEC)

Violences économiques : comprendre et agir pour l’autonomie des femmes dans le monde

En savoir plus