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À quels obstacles les Camerounaises sont-elles confrontées pour obtenir leur indépendance ?

Au Cameroun, certaines femmes portent encore le poids des traditions. Elles sont censées rester chez elles et assumer la charge des tâches domestiques. La conséquence ? Un accès restreint au marché du travail, dans ce pays où l’accès à un travail décent est déjà difficile pour l’ensemble de la population. Elles se retrouvent dépendantes économiquement de leur mari.

Et lorsque les femmes atteignent le marché du travail, elles ont encore des obstacles à surmonter :

  • Acquérir les compétences techniques pour trouver un emploi rémunéré ;
  • Acquérir les connaissances pour garantir le respect de leurs droits et ainsi accéder à une rémunération juste et à des conditions de travail dignes.

Face à tous les obstacles à surmonter pour gagner leur indépendance économique, les femmes camerounaises ne sont pas seules. Des associations locales les accompagnent et les soutiennent pour qu’elles montent en compétences dans le domaine de leur choix.

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Grâce aux associations locales, les femmes se forment pour obtenir leur indépendance financière

Un des secteurs porteurs est le numérique. L’association AfricanWITS (African Women In Tech Startups) promeut ce domaine auprès de plus de 2000 femmes de régions rurales et défavorisées, dans le but de réduire la fracture numérique et leur permettre de saisir les opportunités offertes par le domaine. Et cette approche est payante : « plus de 6 ans après la création d’AfricanWITS, nous constatons un changement de mentalité auprès des femmes. Elles s’intéressent de plus en plus aux technologies et arrivent à créer gagner leur vie grâce à ces connaissances » , décrit Horore Bell Bebga, 35 ans, fondatrice et présidente du Conseil d’administration de l’AfricanWITS.

L'ONG CARE soutient les organisations féministes locales.
Membres et femmes soutenues par l'association African WITS

Un exemple concret de victoire ? Une des femmes soutenues par l’association est artisane mais avait des moyens limités pour parvenir à vendre ses produits. Elle a suivi une formation d’AfricanWITS sur la vente en ligne à travers les réseaux sociaux et a reçu un smartphone. Et maintenant ? Elle peut valoriser ses produits sur internet et ainsi augmenter ses revenus !

Les femmes acquièrent les connaissances pour défendre leur indépendance

L’accès à un emploi ne garantit pas toujours l’indépendance des femmes. C’est par exemple le cas des femmes travailleuses domestiques, souvent exploitées et non rémunérées à la hauteur du travail fourni. Elles risquent également de subir des violences physiques, morales et sexuelles ; d’autant plus lorsqu’elles vivent sous le toit de leur employeur.

L’ASDAM (Association pour le Développement des Assistantes de Maison) forme les travailleuses domestiques pour les sensibiliser sur leurs droits. Ces formations permettent aux femmes qui s’engagent dans le secteur du travail domestique de valoriser leurs compétences ainsi que leur salaire. Elles arrivent dans ce domaine en étant déjà conscientes de leurs droits et des outils pour se protéger contre les violences ou abus dans leur lieu de travail. « Depuis que nous menons ces projets, les femmes connaissent mieux leurs droits et se défendent face aux employeurs malhonnêtes » , explique Claudine Lucie Mboudou Mballa, travailleuse domestique et fondatrice de l’ASDAM.

Lutter pour l’indépendance des femmes à grande échelle

Les associations locales ne s’arrêtent pas à l’accompagnement individuel des femmes. L’ASDAM comme l’AfricanWITS œuvrent à la fois pour faire évoluer leurs secteurs respectifs et pour favoriser l’indépendance des femmes à l’échelle nationale. Les activités de l’ASDAM ont par exemple permis d’améliorer la protection sociale des travailleuses domestiques, leur santé, leur sécurité au travail ainsi que leurs conditions salariales.

"L’État camerounais reconnait de plus en plus l’importance du secteur des travailleuses domestiques dans la croissance économique nationale."

Claudine Lucie Mboudou Mballa, fondatrice de l’ASDAM

L’AfricanWITS fait un constat similaire : « Nous observons une différence depuis que notre association mène ces projets : les politiques s’impliquent dans nos actions, car elles sont dans la lignée de la stratégie gouvernementale d’autonomisation des femmes et des filles et de réduction de la fracture numérique entre les genres. Et depuis 2019, nous bénéficions de l’appui institutionnel du gouvernement du Cameroun ! » décrit Horore Bell Bebga, présidente du Conseil d’administration de l’AfricanWITS

Et c’est pour les soutenir dans leurs actions que l’ONG CARE accompagne et finance les associations locales. Le combat pour l’indépendance des femmes continue !

Sources : (1) Banque Mondiale, 2021

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Une coalition d’ONG, dont CARE, soutient les organisations féministes locales

Au Cameroun et dans 29 autres pays, le projet Féministes en Action soutient des associations féministes locales en Afrique, Asie, Amérique latine et au Proche Orient. L’objectif : donner aux organisations féministes engagées dans les pays des Suds des moyens d’agir et de construire un monde plus respectueux des droits des femmes et des filles. Comme par exemple en défendant les travailleuses domestiques en Afrique.

  • Féministes en action, c’est un projet financé par l’Agence Française de Développement et porté par 6 organisations : CARE, Equipop, le Fonds pour les Femmes Francophones, le Fonds pour les Femmes en Méditerranée, l’Initiative Pananetugri pour le Bien-être de la Femme et Oxfam France. CARE France est cheffe de file de ce projet.
  • Les associations soutenues par Féministes en Action défendent les droits des femmes et des filles et particulièrement les droits et la santé sexuels et reproductifs, tout en luttant contre les violences basées sur le genre. Elles soutiennent aussi l’autonomie économique des femmes afin qu’elles puissent sortir de la pauvreté et devenir indépendantes.

CARE défend la localisation de l’aide depuis des décennies. Nous sommes là pour transmettre nos compétences et nos 75 ans d’expertise aux associations locales. L’objectif est de renforcer le tissu associatif local pour que les communautés puissent ensuite se passer de nous.

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